Capricorne – Intégrale Tome 1

Chronique « CAPRICORNE – Intégrale Tome 1 »

Scénario & dessin de ANDRÉAS

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Aventure fantastique / ésotérisme
Paru le 25 janvier 2019 aux éditions Le Lombard
264 pages noir et blanc
29 euros
Share

Ce que j’en pense


Andreas est un auteur particulier. Après le succès public de sa première série “Rork”, éditée en prépublication dans « Le journal de Tintin », puis en album, l’auteur a les moyens d’imposer une nouvelle série à son éditeur. À partir d’un personnage secondaire (comme il y en a plein dans ses séries) aperçu dans “Rork”, il démarre ce qui sera sa série la plus ambitieuse et cohérente de sa carrière. Prévue dès l’origine en une vingtaine d’épisodes (pari tenu !), en 1997 paraît le premier tome de “Capricorne” !

Les non initiés à “Rork” y découvrent un personnage étonnant qui se “créée” sous leurs yeux. Arrivant à New-York (SA VILLE !), il endosse le nom de Capricorne en oubliant le sien… Astrologue (qui n’aime pas l’astrologie), fin psychologue, il se lie rapidement à deux autres personnages inséparables : Ashley, une femme battante pilote d’avion et Astor, un libraire au caractère timoré. Le trio s’engage dans des aventures fantastiques entre ésotérisme et science-fiction.
Bases souterraine, objet mystérieux tiré du fond de la mer, maladie inconnue et dévorante, organisation secrète, titan créé par la matière et démons appelés par des incantations, les mystères sont légions dans leurs aventures. Cap ou Capricorne et ses acolytes ne sont pas là pour les résoudre. Ils sont plus des témoins privilégiés et des catalyseurs de ces phénomènes étranges…
Étonnamment, les aventures de Capricorne sont très rarement auto-conclusives, et c’est ce qui fait leur charme. Prenant au pied de la lettre la devise “Tout ne doit pas être expliqué”, Andréas ouvre plus de portes qu’il n’en ferme. Néanmoins, chacun des fils qu’il tire et trouvera un ou plusieurs rebondissements dans un album suivant (des fois, bien plus tard). Ce qui rend ses séries particulièrement savoureuses. On s’y perd (momentanément) facilement et seul la lecture (et relecture) attentives permettent d’en comprendre les subtilités… Si vous attendez que l’auteur vous prenne par la main, passez votre chemin. Par contre, si vous attendez qu’il vous traite en égal, doté de capacité d’analyse, foncez ! Andreas se fera un plaisir de vous perdre dans ses labyrinthiques (mais cohérentes !) histoires.

cap_int00cap_int01cap_int02cap_int03cap_int04cap_int05cap_int06cap_int07cap_int08 NextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnailNextGen ScrollGallery thumbnail

Au dessin, là encore, Andréas est un auteur “différent”. Son style graphique navigue entre Franco-belge et Comics. Fourmillant de détails ou très épurés, son noir et blanc maîtrisé, son trait nerveux et caricatural sont à l’honneur dans cette intégrale. Si vous aimez les décors précis, vous allez en prendre plein la figure. Ses décors architecturaux sont coupés au cordeau, avec un soin quasi maniaque.

Mais Andreas n’est pas qu’un illustrateur, c’est un narrateur hors-pair qui se joue des codes de la BD. Cases aux formats particuliers, pleines pages, ou parti-pris unique qu’il explore jusqu’à plus soif, Andreas tente des compositions et principes narratifs audacieux. Si vous êtes curieux de vous faire surprendre, vous allez adorer !

Pour résumer, après la belle intégrale couleur en deux tomes de “Rork”, les éditions du Lombard ont la bonne idée de rééditer, sous forme d’intégrale compacte, la série fleuve d’Andreas. Noir et blanc pur jus et prix abordable, c’est l’occasion pour les curieux qui ne connaissent pas “Capricorne”, cette série majeure du 9e art franco-belge, de passer le Cap !… oh, la mauvaise blague…