Le livre du vendredi : Ueno Park

Par Lucie & Marion

de Antoine Dole

Tokyo est une ville immense et le parc d’Ueno est l’un de ses gigantesques poumons. Les gens le traversent tel un carrefour, se côtoient, se rencontrent et, une fois par an, s’y arrêtent vraiment pour voir éclore les fleurs de cerisiers et fêter Hanami.

Vous ne le savez peut-être pas mais j’ai vécu à Tokyo un petit temps et je suis donc assez touchy lorsque l’un d’entre nous, gaijin*, écrit sur le Japon et sur cette ville. Jusqu’à maintenant seul Nicolas Bouvier semblait avoir perçu le même Japon que moi : avec respect, amour mais aussi avec du recul et de la lucidité. Il y avait chez les autres un jugement déplacé ou de la moquerie ou encore une superficialité malvenue.

Mais Antoine Dole a su m’émouvoir. Il ne joue pas à l’expert, à celui qui sait tout du Japon. Il prend un panel de comportements à priori typiquement nippons et ce qui semble être des clichés (l’étudiante cloitrée chez elle, le travailleur résigné, le travesti…), les mélange à d’autres (l’enfant malade, le sans-abri,…) et les raconte à travers le prisme de l’humanité. Avec la bienveillance et la compassion qui leur sont dues, avec respect et amour. Il nous parle de croisée des chemins, de décisions qui se font sans nous parfois, de voies insolites prises volontairement ou par accident, du poids du jugement de la société. Et je pense que ce roman peut toucher tout le monde, même ceux qui trouvent que le Japon est un pays bizarre avec une culture aux antipodes de la leur. Je pense que ces personnes comprendraient, grâce à ce texte, qu’on partage tous les mêmes choses à l’intérieur.

Cette prouesse, Antoine Dole la réalise en prenant Hanami comme toile de fond. C’est une fête d’une beauté rare et propice à la renaissance, aux nouveaux départs et aux souvenirs. C’est aussi un évènement éphémère, silencieux et d’une douceur infinie retranscrite élégamment par sa plume.

Une lecture courte (comme Hanami), belle et profonde qui, il me semble, ne vous laissera pas indifférents.

*gaijin (japonais, argot) : personne non japonaise.

Marion

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