Moxie de Jennifer Mathieu, à paraître en mars 2019 chez Milan jeunesse
C’est avec beaucoup de plaisir que je vous présente aujourd’hui un service de presse que j’ai reçu de chez Milan, qui sera sur les étales des librairies dans quelques jours. Jennifer Mathieu a déjà publié plusieurs livres aux USA, mais c’est le premier qui est traduit en France. Eh bien c’est une belle entrée en matière pour se faire connaître chez nous !
Vivian Carter, 16 ans, en a marre. Marre que l’équipe de foot de son lycée se croie tout permis. Marre qu’on impose des règles vestimentaires aux filles, mais jamais aux garçons. Marre du sexisme dans les couloirs du bahut et des profs qui ferment les yeux. Plus que tout, Vivian en a marre qu’on lui dise qui elle doit être. Vivian Carter dit Stop. Et si toutes les filles se rassemblaient pour qu’enfin sonne l’heure de la révolution ? Les Moxie girls contre-attaquent !
Pins en cadeau !
J’ai commencé par prendre ce roman avec des pincettes. Evidemment, je suis féministe. Pas engagée, mais féministe quand même, dans le sens où je prône l’égalité homme-femme et l’extension de la place de la femme dans la société. Il faut dire que j’ai eu la chance d’être élevée dans ces valeurs, d’avoir un papa qui cousait (et coud encore d’ailleurs) mes vêtements, fait le ménage, les courses, le repas, sans jamais se demander si c’était sa place. Et j’ai la chance aujourd’hui d’avoir le même modèle à la maison pour moi toute seule :p En revanche, j’ai beaucoup de mal avec l’image des féministes dans les médias. On ne nous montre que de jeunes femmes en colère, qui se baladent seins nus pour revendiquer on ne sait quoi. Oui, parce qu’au final, on ne retient pas du tout leur revendication et du coup elles passent juste pour des folles. Je ne dis pas qu’elles le sont, loin de là. Mais c’est l’image que la presse donne d’elles, c’est ce qui reste dans l’esprit du grand public et du coup ça dessert totalement le vrai message à faire passer derrière. Même si je suis féministe dans l’âme, j’ai donc un peu de mal avec certaines actions et avec la façade que l’on en perçoit dans la vie quotidienne.
Heureusement, les choses changent peu à peu. Je pense notamment à Emma, engagée sur le plan du féminisme, mais également sur d’autres sujets sociaux. Elle s’est fait principalement connaître avec sa BD sur la charge mentale. Je parle d’elle parce que c’est avec elle que j’ai commencé à avoir une autre image du féminisme et des féministes.
Cependant, j’ai toujours un peu peur quand je tombe sur un article, un livre, un film, qui se « revendique » féministe. Va-t-on en retenir le message ou les actions virulentes ? C’est pourquoi j’ai ouvert avec un peu d’appréhension ce nouveau roman, Moxie. Est-ce qu’on va avoir droit à une révolte de jeunes lycéennes qui vont mener des actions sans queue ni tête ? Est-ce que Vivian va être un personnage détestable qui crache sur tout ce qui possède des attributs masculins ?
Extrait du fanzine distribué par Vivian
Eh bien laissez moi vous dire qu’on est loin de tous ces clichés ! Vivian est en réalité une adolescente tout ce qu’il y a de plus normal. Elle se préoccupe de son avenir, dans quelle université elle va aller, elle ne renie absolument pas les garçons, tombe d’ailleurs amoureuse. Elle est même plutôt timide, sage et obéissante. On n’a donc pas affaire à une héroïne enragée qui serait loin de la réalité, mais à une jeune fille qui essaie de trouver sa juste place dans la société en ne se laissant pas faire. Il faut dire qu’elle a aussi de qui tenir. Dans sa jeunesse, sa mère était une fan des Riot Grrrls, un groupe de musique féministe des années 90.
Vivian ne fait que prendre quelques bribes de cette vie, pour essayer de recadrer les choses dans son lycée. En effet, Mitchell Wilson et sa bande de copains, se croient tout permis avec les filles et ils ne sont jamais punis puisque papa Wilson est le proviseur du lycée. Tripoter les filles, les humilier en leur disant d’aller faire la vaisselle, les classer de la plus belle à la plus moche, voilà le quotidien du sexe féminin au lycée d’East Rockport au Texas. Cela va même plus loin puisque tout l’argent de l’établissement part dans le fonctionnement de l’équipe de foot masculine. Pour l’équipe féminine, c’est une autre paire de manche.
Vivian va tenter de prendre les choses en main en publiant secrètement un fanzine où elle dénonce ces agissements et propose différentes actions pour faire entendre la voix des Moxie Girls. Moxie, terme qu’elle reprend de ses grands-parents, qui désigne le caractère audacieux d’une personne prête à défendre ses convictions envers et contre tous. Les actions qu’elle propose sont loin d’être de se balader seins nus dans l’établissement. C’est beaucoup plus subtil que ça. Elle va commencer avec le fait de se dessiner des cœurs et des étoiles sur les mains, juste pour que les filles qui sont d’accord avec ce mouvement naissant se reconnaissent. Il y a aura également des ventes de gâteaux pour mettre de l’argent dans les caisses de l’équipe de foot féminine. Ou encore une dénonciation discrète des garçons qui se comportent comme des porcs dans le lycée. En somme, des actions à la hauteur de ses moyens et qui correspondent tout à fait à son âge et son quotidien. Ce ne sera d’ailleurs pas de tout repos puisque chacune de ces actions sera contrée par le proviseur qui se montrera de plus en plus c**, il faut bien le dire.
Vivian n’est pas une féministe enragée, mais une féministe naissante et déterminée. Le sexisme et le patriarcat ne lui conviennent plus. Elle se rend compte que se voiler la face et se laisser faire en baissant la tête pour espérer ne pas être visée par la prochaine blague obscène, n’est pas la solution. Ce roman n’est absolument pas extrême, comme j’en avais peur, mais complètement ancré dans la réalité des choses et dans notre société actuelle. Il montre que par de petites actions, on peut obtenir de grands résultats ; que la solidarité entre filles/femmes est primordial. Il souligne également très bien qu’être féministe ne veut absolument pas dire taper sur tous les gars et que le sexe masculin peut également se revendiquer féministe.
En bref, c’est un roman jeunesse plus qu’approprié pour toutes les jeunes filles qui souhaiteraient comprendre ce qu’est le féminisme en s’éloignant de la violence qui nous est montré dans les médias. La couverture avec une Vivian en femme forte et le titre en rose flashy risque de ne pas attirer les garçons, pourtant ça ne leur ferait pas de mal de le lire également.
Un grand merci aux éditions Milan pour cette très chouette découverte que je suis fière de mettre dans ma bibliothèque !
Bonne lecture les loulous !