Balle tragique pour une série Z (Récit complet)

Chronique « BALLE TRAGIQUE POUR UNE SÉRIE Z »

Scénario de ROGER SEITER, dessin de PASCAL REIGNAULD

Public conseillé : Ado / Adulte

Genre: Polar
Paru le 06 février 2019 aux éditions Glénat,
Collection Treize étrange
64 pages couleur
Prix 17 euros
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ça commence comme ça…

L’été 1957, Jimmy White tient un petit rôle dans une série pour enfants des studios Disney. Mais l’acteur ne se sent pas à sa place et les seules choses qui le retiennent sur le plateau sont les beaux yeux de l’actrice Sally Davis dont il est follement amoureux. Mais sa vie va virer au cauchemar lorsqu’il va apprendre que cette dernière le trompe avec un producteur du nom de Buffy Drummond

Ce que j’en pense

À les années 50 ! Ses gangsters, ses petites pépées bien roulées, ses tripots mal famés où l’alcool coule à flots et son cinéma en pleine expansion… Autant d’ingrédients que Roger Seiter utilise pour nous servir un polar à l’ancienne des plus savoureux. Une impression de vintage encore renforcée par un narrateur très (pour ne pas dire trop) bavard, un peu comme dans les polars des années 60.
“Balle tragique pour une série Z” commence par une intrigue assez classique de loser se retrouvant malgré lui prisonnier d’une spirale de violence qu’il ne maîtrise pas. Pourtant, si le développement du scénario peut paraître un peu réchauffé, plus les pages passent plus les rebondissements se font audacieux et modernes. Et cela allant crescendo jusqu’à un dénouement qui laisse le lecteur sous le choc.
Outre une intrigue maîtriser à la perfection, ce qui fait le charme de cet album, ce sont ses personnages hauts en couleurs. Il y a Jimmy, l’anti-héros par excellence, son agent, Brenda Thomson, qui est présentée comme une femme forte, limite croqueuse d’hommes. Un personnage salutaire, d’ailleurs, puisqu’elle sauve in extremis une intrigue qui pourrait vite sombrer dans une certaine misogynie tant les femmes que l’acteur côtoient sont futiles et intéressées. Mais, le trombinoscope ne s’arrête pas là, puisque nous croisons un bookmaker, un tueur à gages, deux flics tenaces, un producteur coureur de jupons, une journaliste aux méthodes peu orthodoxes… Bref, en seulement 60 pages le scénariste nous présente un véritable microcosme !

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Au niveau graphique, Pascal Regnauld nous offre un quasi sans faute. En effet, si le trait du dessinateur peut paraître grossier au premier abord (surtout dans sa façon de détourer ses personnages par un trait assez épais), son soucis du détail inspire le respect. Que ce soit dans les décors, les expressions des personnages ou dans les véhicules utilisés tout ici est dessiné avec une précision diabolique. Un mélange de contours épais et de réalisme qui fait donc penser à ces jeux vidéos en “cel-shading”. La colorisation apporte aussi beaucoup au résultat final puisque, comme le scénario, elle mélange habillement rétro (avec un choix de couleurs pastelles) et moderne (obtenue par une colorisation par ordinateur).

“Balle tragique pour une série Z” est donc un polar surprenant qui petit à petit nous entraîne dans une intrigue bien plus glauque qu’il n’y paraissait au début. Une véritable réussite !