Atelier écriture

Atelier écriture

© Sabine Faulmeyer

Lysa sirotait un verre de champagne. Le vernissage de son exposition se déroulait à merveille. Sa mère était venue la féliciter et elle avait serré un nombre inimaginable de mains. Un homme élégant s’approcha d’elle: « Un travail remarquable n’est- ce pas? ». Lysa hocha la tête, amusée. « J’aime la façon dont les photographies nous racontent une histoire. Ses vies figées dans le temps par une inconnue qui a croisé leur chemin.  » Lysa but quelques gorgées de champagne. Elle demanda à l’homme quelle était la photographie qu’il préférait et de façon étrange, lui qui venait de vanter les mérites des vies prisonnières du papier glacé, il se dirigea vers l’unique photo sans être vivant. Elle lui lança un regard interrogateur et il sourit. « Pourquoi avez vous pris cette photo? » Lysa fut surprise, elle qui pensait que l’homme ne la connaissait pas, savez en réalité bel et bien que l’artiste était elle. Elle se livra alors. Lui raconta le métier de photographe de guerre. L’Irak, l’Afghanistan…La douleur, la mort et puis parmi le chaos, parfois, elle apercevait de la beauté. Elle était tombée sur ce petit tricycle au hasard d’une rue, juste après un attentat dans un café. Elle était retournée sur les lieux le lendemain et au milieu des ruines, il y avait ce vélo d’enfant. Lysa expliqua l’émotion qui l’avait saisi et sans réfléchir, elle avait pris une photo. L’émotion avait été la même lorsqu’elle avait développé le cliché. Malgré certaines réticences de la propriétaire de la galerie, elle avait décidé de mettre cette photo à une place centrale. L’homme sourit à ce récit. Il hochait la tête, attentif. Finalement, il prit rapidement congé. À la fin du vernissage, son ami vint la voir. « Tu as vendu plus de la moitié de tes photos Lysa, c’est du bon travail! Même ton tricycle à trouver acheteur. D’ailleurs, l’homme a laissé un message pour toi. » Il lui tendit un bout de papier plié en quatre. Elle le lut: » Il y a de la beauté partout ». Elle sourit.