Sentant la petite envie de changement, d'air frais et d'horizon nouveau, je voulais du mystère et de l'aventure dans mon assiette. C'est là que je dis merci à ma petite Plouf qui avant même de publier son avis sur le roman que je vous présente aujourd'hui (suspensesuspense moisouille) m'avait sacrément titillé les papilles.
'Tendez que je vous pose le décor :
- Fin XIXe siècle.
- Paris.
- Steampunk (dirigeables, végétation mécanique, technologie de pointe, les gars sont allés sur la Lune. LA LUNE).
Déjà de base, ÇA TAPE.
(enfin, moi perso les récits de Jules Verne couplé au fait qu'on a envisagé au XIXe siècle de construite une gare de dirigeables au-dessus de Notre-Dame de Paris, j'ai tout de suite les nerfs qui frisent d'excitation)
Violante, dans cette histoire, est une jeune prostituée depuis 3 ans. Avant ça ? Elle ne sait pas, ne se souvient de rien, ni de son âge, ni de ses parents, ni rien de rien quoi. Non seulement prisonnière de sa mémoire, elle est également des Jardins Mécaniques, la maison close où elle vit et " travaille ". Et pourtant, ça ne l'empêche pas de faire des escapades nocturnes, au risque de se faire méchamment prendre par le big boss des prostituées, Léon, ou sa souteneuse Madeleine, marâtre vociférante du bordel. Car voilà, la seule amie qu'elle a, Satine, prostituée également, ne va pas bien. Ayant disparu une nuit, la maréchaussée la retrouve dans un état épouvantable que seule une mort atroce a pu causer. De là, Violante va tout faire pour éluder le crime et savoir ce qui se cache derrière les disparitions de prostituées et enfants des rues depuis quelques semaines, coïncidant avec la venue d'une nouvelle drogue extraordinaire : la Rouille.
(même si... enfin bref je vais y revenir)
Rouille est le roman qui commence très bien. Dès le départ, l'autrice pose avec un certain talent et facilité son intrigue et son univers. Et toi, petite chose au bout du rouleau qui a un cerveau en compote, tu lui dis merci. Car, de suite, j'ai été happée comme une hirondelle à la vue du printemps par cet univers très sombre que l'on aperçoit au détour d'une ruelle miséreuse et poisseuse, et par les mystérieuses disparitions sacrément inquiétantes (quand le chef de la police termine sa passe en pleurs dans les bras d'une prostituée, y a de quoi avoir les chocottes). Et puis surtout, les questions commencent à effleurer la surface mettant le lecteur dans une position d'excitation à l'idée des différents mystères que l'autrice a pris soin de laisser sur son passage, tel le Petit Poucet et ses petits cailloux :
Qui est Violante ? Que lui est-il arrivé ? Qu'est-ce que c'est que cette étrange drogue, la rouille ? Qui enlève les femmes et les enfants ? Dans quel but ?
Bim
bam
T'es dedans, fait comme une truite dans le filet du pêcheur attendant les révélations comme le Père Noël un 10 octobre.
Et quand je vous dis que c'est sombre, oh mazette ça l'est... Les détails sordides des corps retrouvés, la terreur qui s'installe dans le tout-Paris misérable et cette étrange personne qui enlève les gens sans que PERSONNE ne voit rien n'est pas sans rappeler les contes macabres que j'aimais quand j'étais gamine. Comme les récits autour d'un certain Jack l'Eventreur, d'ailleurs. Car comme pour tout le reste, Floriane Soulas réussit à s'approprier les mythes horrifiques (dont ce bon vieux Jacquot cité précédemment, mais aussi Frankenstein) afin d'en faire son histoire à elle. J'ai par ailleurs encore le coeur qui saigne à la seule mention des petits chiots qui font leur apparition à un moment donné.
DES PETITS CHIOTS TOUT MIGNONS.
Bref, l'autrice n'est pas là pour te brosser dans le sens poil ni pour épargner ton petit coeur sensible abreuvé de gifs fluffy à longueur de journée (#truestory).
Sur mon petit radeau de lectrice, je me suis donc laissée embarquer dans le récit avec un plaisir évident, retrouvant chaque soir Violante mais aussi ses comparses, Léon le chef des proxénètes et mentor de la jeune fille, le beau Jules chef de gang en devenir et Surin l'odieux bras droit de Léon, qui ensemble vont tenter de percer le mystère des disparitions.
Mais voilà, j'ai trouvé à ma lecture quelques petites faiblesses, surtout après avoir refermé le bouquin. Ah c'est que même avec un cerveau atrophié, Mimine ne peut pas s'empêcher de trouver la petite bête.
Parce que voyez vous, je me suis retrouvée à bien aimer l'histoire mais à avoir du mal à mettre le doigt sur quelque chose. Par exemple, que j'avais eu du mal à réellement m'attacher aux personnages, dont Violante, et je ne savais pas pourquoi ça collait pas trop. Mais je crois avoir trouvé :
Le problème du ton dans le genre Young Adult.
Car le plus grand point faible à cette fable macabre c'est les différences de tons utilisés par l'autrice qui souffle le chaud et le froid de manière parfois déconcertante. Franchement, il y avait des moments où je ne savais plus sur quel pied danser : on nous laissait avec des situations très dures mais la psychologie de certains personnages ne collaient pas vraiment. Surtout au regard de leur statut (proxénètes, prostituées... etc) au XIXe siècle, on s'attend à ce que ça ne sente pas la rose et c'est pourquoi j'ai eu du mal à avaler par exemple qu'on puisse avoir une relation tendre et gentille, voire paternelle, avec le gars qui t'a forcée à te prostituer alors que tu n'étais qu'une gamine à peine pubère. Ce n'est pas très logique... Violante travaille dans une maison close, mais on use bien plus de l'euphémisme (du genre " il a fait sa petite affaire " " ils ont fait ce pourquoi elle était venue ") ou de l'ellispe pour décrire son quotidien alors que toutes les situations macabres et gores sont décrites avec moult détails (l'autrice prend le temps de le faire, et bien en plus !) L'énucléation c'est plus politiquement correcte que les passes d'une adolescente ? La torture et le massacre c'est plus okay que le sexe payant ? Mmh. J'ai un peu de mal je vous avoue. Alors certes, il y aura deux scènes un peu plus explicites dans les pratiques de Violante, dont une qui se veut choquante mais malgré tout j'ai senti à ces moments-là le frein que se mettait l'autrice bien plus bavarde et éloquente dès qu'il s'agissait de meurtres.
Ce qui est dommage car pour moi ça a participé au fait que j'avais du mal à avoir de l'attachement pour Violante, malgré tous ses problèmes, puisqu'on me refusait l'accès à 1/ son quotidien 2/ son ressenti en tant que prostituée (statut finalement assez banalisé), m'empêchant alors de construire quelque chose de plus intime avec l'héroïne et de m'identifier davantage.
Tout le problème étant qu'on est dans du Young Adult, et entre des images et des situations très très glauques alliées à des bons sentiments, j'ai senti qu'on tentait d'adoucir le propos face à un public un peu plus jeune (que moi).
ce n'était pas parfait et je n'ai pas ressenti le gros BOUM que j'attendais, mais le roman a fait son job sur moi, ça m'a détendue, j'ai frétillé grâce à l'imagination (un brin torturée de l'autrice) et au rythme de thriller (où l'on attend avec impatience à chaque coin de pages THE BIG REVELATION).