Le roi serpent

Le roi serpent

Certains tombent de manière glorieuse. Sur des champs de bataille verdoyants, en vieux guerriers, entourés de leurs amis, après s’être battus pour leur patrie, après s’être battus contre la barbarie.
D’autres tombent en rampant dans la boue de Forrestville, Tennessee, dans le noir, terriblement jeunes et seuls, sans aucune bonne raison.

Jeff Zentner, publié en 2019. Contemporain, résumé

La note 

4/5

La critique

Je vais commencer cette chronique en t’avouant un truc : avant la sortie du résumé, j’étais persuadée que Le roi serpent était un roman de SFFF, je te laisse imaginer la tête que j’ai fait en lisant le synopsis. Je n’ai pas été déçue pour autant puisqu’il m’intriguait toujours autant, et si ce n’est pas le roman de l’année j’ai bien aimé cette lecture !

La première partie du roman est dure, mais on y trouve de l’humour, quelques rayons de lumière et quelques rires par-ci par-là. Il est vrai qu’il ne s’y passe pas grand-chose donc je lisais sans avoir idée de là où l’auteur voulait m’emmener, et clairement c’était un peu frustrant. Le changement s’opère avec la deuxième partie, qui s’enfonce dans l’obscurité et devient étouffante tant les émotions des personnages sont importantes. L’histoire est assez créative et reste simple, rapide à lire même si elle aborde des tas de sujets compliqués et sombres, ce n’est vraiment pas le genre de romans à lire si vous voulez rire un bon coup, loin de là. Je me suis souvent sentie « débordée » par ma lecture sans trop savoir pourquoi et c’est un peu particulier comme sensation.

Là où ça passe un peu moins, c’est avec les personnages. Ils sont TOUS détestables au début, et même si j’ai fini par les apprécier (leur évolution est impressionnante), le premier contact fut compliqué. Dill m’a agacée car il passe son temps à s’apitoyer sur son sort sans rien faire pour en sortir ; Lydia est un personnage assez hautain qui je pense a du mal à comprendre que les gens peuvent être différents d’elle ; quant à Travis il est tellement dans son monde qu’il n’a pas réussi à atteindre le mien. Pourtant, malgré tous ces défauts, je n’ai eu aucun mal à m’attacher à eux : ils ont tous leur propre histoire, leurs sentiments et leurs désirs, et les voir galérer m’a donné envie de leur faire un gros câlin. Ils m’ont un peu brisé le coeur à certains passages (mais ils étaient très chiants dans d’autres donc ça équilibre). 

Aussi, je voulais préciser que c’est un roman très porté sur la religion (le père de Dill est un homme de foi), dans la critique des fanatiques sans pour autant être dans le péjoratif. C’est vrai qu’on trouve des clichés sur la religion mais certains se répètent encore et toujours aujourd’hui malgré le temps qui file, que ce soit sur les réseaux sociaux ou la « vraie » vie. Honnêtement j’ai trouvé l’ensemble très constructif, on a deux visions de la même religion qui se confrontent et c’est un aspect que j’ai beaucoup apprécié. Après ne va pas t’imaginer que ça prend toute la place, car c’est loin d’être le cas : Le roi serpent, c’est l’histoire de trois ados dans une ville paumée qui se cherchent et espèrent se trouver un jour.

Bref, Zentner a réussi à écrire un roman qui m’aura à la fois mis le coeur en lambeaux et mis le sourire jusqu’aux oreilles, et c’est ce que j’aime dans le contemporain.

Merci à PKJ pour l’envoi !