Inferno! Rendez-vous en enfer mutant avec cette saga publiée en 1988 et 1989, et disponible chez Panini Comics, dans la collection Marvel Events. Inferno concerne les titres Uncanny X-Men, X-Factor et New Mutants, la série dédiée aux plus jeunes élèves de l'Institut Xavier, que Claremont avait baptisée en 1983, avant de lâcher les rênes à Louise Simonson au milieu de la décennie. Marvel a alors abandonné toute préoccupation concernant la possible surexposition des élèves du Professeur Xavier, et souhaite faire fructifier leur incroyable succès, en multipliant les propositions et les événements qui concernent toute la ligne, à partir du Massacre Mutant de 1986. C'est le début d'une exploitation massive de la marque "X", que Claremont doit accepter malgré lui. Avec Inferno, l’écrivain en profite d'ailleurs pour clore le cercle autour de la figure troublée de Madelyne Pryor, une intrigue secondaire qu'il avait lancé huit ans auparavant, dans une vignette assez marginale de Avengers Annual 10, et dans laquelle figurait une jeune femme du même nom. Un nom qui, de l'aveu de Claremont lui-même, est un hommage au chef-d'œuvre hitckcockien La femme qui a vécu deux fois, un élément qui en dit long sur la relation entre Madelyne et Jean Grey.En fait, nous découvrons que Maddie n’est rien d’autre que le clone de Jean, créé en laboratoire par Mister Sinister, pour ses fins louches. Toujours obsédé par la lignée génétique des Summers, le généticien fou avait l'intention de créer le mutant parfait, grâce à l'union entre Scott et Madelyne, puisque que Jean, morte sur la lune, n'était plus "disponible". Ainsi, la jeune femme avait inconsciemment reçu une partie de la personnalité et des sentiments de Jean, la poussant dans les bras de Scott. Mais tout n'alla pas pour le mieux, dans les plans de Sinistre, car sa créature avait également trouvé une parcelle résiduelle de la puissance du Phénix. Scott en tomba raide dingue, lui fit un enfant (le futur Cable), avant de...l'abandonner, tel un super-héros sans peur et à reproches. Comme si cela ne suffisait pas, Maddie est également approchée par N'Astirh, un démon des Limbes, qui planifie l’invasion de l’île de Manhattan. Les deux font un marché et le démon transforme la femme en la puissante Goblin Queen. Dotée d'un pouvoir presque absolu et gonflée de rancoeur, la femme jure vengeance contre Sinistre, pour l'avoir manipulée, et contre Scott, pour l'avoir maltraitée (et là on ne lui donne pas tort), libérant littéralement l'Enfer sur Terre. Seules les interventions combinées de X-Men, X-Factor et New Mutants permettront de sauver les meubles.Inferno trahit, dans le style, les trente années écoulées depuis sa parution, principalement en raison de sa verbosité, et de l'utilisation de didascalies, qui ont maintenant été dépassées dans la bande dessinée contemporaine. Il se passe plus de choses dans ce crossover que pendant des années entières de la majorité des séries actuelles, dominées par un style "décompressé" qui sert principalement à proposer de jolis tpb aux collectionneurs. Au contraire, nous sommes toujours fascinés par la maîtrise de Claremont, et par la manière dont tout parvient à converger, dans un imbrication soigneusement planifiée et raisonnée. De ce point de vue, les épisodes d’Uncanny X-Men dominent l’énsemble du crossover, tandis que les histoires de X-Factor et des New Mutants, écrites par Louise Simonson, apportent une contribution accessoire aux projets du démiurge Chris. Il ne faut toutefois pas sous estimer l'importance capitale de ce qui se produit avec Illyana Rasputin, Magik, la petite soeur de Colossus, qui est devenu la régente des Limbes, après avoir évincé le précédent souverain, Belasco. Les pages de Uncanny X-Men surprennent encore aujourd'hui par la richesse des intrigues et pour l'épaisseur que Claremont a su donner aux personnages, les accompagnant avec brio, dans un processus de croissance qui a duré seize ans. L’équipe d'alors est l’une des plus réussies de l'histoire mutante: les vétérans Wolverine, Colossus, Tornade et Malicia, accompagnent Havok, le frère complexé de Cyclope, qui vient d’entamer une relation difficile avec Madelyne, le réfugié extra-dimensionnel Longshot, Dazzler, la chanteur capable de transformer sa voix en lumière, et Psylocke, l'élégante soeur télépathe de Captain Britain.C'est illustré par Marc Silvestri, en grande forme, capable de traduire l'intrigue imaginée par l'écrivain avec un impact spectaculaire. L'artiste donne le meilleur de lui-même, notamment en concevant des héroïnes d’une beauté impossible, sinueuse et fascinante, d'une classe folle. Walter Simonson, lui, souffre de l'encrage un poil trop lourd d'Al Milgrom, alors que la prestation de Brett Blevins semble trop hors-propos sur les Nouveaux Mutants, avec des réflexes cartoony pas toujours du meilleur effet. Reste un pan de l'histoire mutante que vous devez absolument avoir lu, et une chance de vous rattraper, si ce n'est pas encore fait, avec la collection Marvel Events chez Panini.
Achetez Inferno, c'est par ici :
Likez notre page Facebook, venez parler comics