Si près des étoiles de Kate Alcott

Je suis vraiment une grande fan des romances de l'Archipel ! Si celle-ci ne se passe pas en Inde, un tout autre dépaysement est garanti à la lecture de ses pages.

Si près des étoiles de Kate AlcottBienvenue dans l'univers fascinant, " bling-bling ", superficiel mais tellement puissant d'Hollywood à la fin des années 1930, sur le tournage d' Autant en emporte le vent ! L'ambiance de ce roman est extraordinaire : il nous fait pénétrer les coulisses d'un film qui a marqué l'histoire du cinéma, au moment où personne n'y croyait, jusqu'à l'apothéose finale. L'illusion y est vraiment remarquable. De la description des décors fascinants de réalité aux tensions entre les différents membres de l'équipe, en passant par les histoires de cœur des acteurs et les problèmes d'ego de tout ce petit monde, tout s'y trouve, fidèlement rendu et fondu dans une fiction crédible et passionnante. C'est simple, en lisant ce récit, deux envies ont germé : celle de découvrir l'immense roman de Margaret Mitchell et celle de visionner un jour les quatre heures de film, c'est dire !

Les personnages qui appartiennent à la réalité perdent, au fil des pages, leur aura d'acteurs réputés pour ne devenir que des amis (ou non) de l'héroïne. On ne peut que s'attacher à Carole Lombard, le personnage que j'ai préféré, avec sa gouaille, son franc-parler, son naturel, sa bonne humeur et son enthousiasme. Clark Gable profite de son aura positive pour acquérir un vrai statut d'homme amoureux, sensible et touchant au-delà de son incarnation du viril Rhett Butler. L'auteure rend complètement justice à son talent et à celui de Vivien Leigh, plus absente, contrairement à son statut d'égérie dans le film. Selznick, Mayer et Fleming apparaissent comme des bourreaux de travail, des fous qui terrorisaient leurs équipes avec leurs désirs et leurs mouvements d'humeur, mais des génies qui ont vu le potentiel de leur production avant même qu'elle ne soit ficelée. Quant à Julie et Andy, les deux héros fictifs de cette passionnante histoire, ils sont richement construits. Je me suis vraiment posé la question de la sincérité de cet homme d'Hollywood envers cette petite jeunette de Fort Wayne. Julie est un personnage qui évolue tout au long de l'histoire, elle grandit et on la voit prendre peu à peu conscience de ses rêves et de sa force, à l'encontre des hommes, des patrons, de ses parents... Il y a une dimension de roman d'apprentissage dans cette aventure.

Outre cette narration bien menée et ce décor délicieusement immersif, le roman ne se départit pas d'une réflexion sur la superficialité, la vénalité et l'hypocrisie de cet univers hollywoodien. Autant en emporte le vent a été présenté en 1939, l'année de la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale. On commence à savoir outre-Atlantique que les Juifs sont emprisonnés ou déportés par Hitler, que ses intentions sont expansionnistes et que le sort de l'Europe est plus que vacillant, mais on choisit de ne s'occuper que de l'Amérique, des réactions des afro-américains face au film, des débats que cela pourrait faire naître sur l'esclavage (une question qui ne se posait pas à l'époque du roman). On sent monter peu à peu la pression exercée par la menace hitlérienne et ce qui est flagrant, c'est l'aveuglement de l'industrie du film, qui refuse de créer une quelconque polémique pour éviter la censure de leurs produits en Europe. Les personnages se sentent plus ou moins, et différemment, concernés par ce qui arrive, mais réagissent de manière étonnante. La fin est, à cet égard, parfaitement juste : l'auteure refuse le drame, autant que le " happy end " et c'est un choix judicieux au vu des enjeux qui se profilent alors.

Vous l'aurez compris, c'est un roman que j'ai trouvé passionnant car il possède de multiples facettes, Kate Alcott a un indéniable talent de conteuse et le choix de ce monde fascinant m'a immédiatement transportée. C'est un livre qu'on a du mal à lâcher une fois qu'on l'a commencé. N'hésitez pas, il sort aujourd'hui en librairie !

Un chaleureux merci à Mylène des Editions de l'Archipel !

Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)

Quatrième de couverture : 1938. Julie Crawford n'a qu'une idée en tête : devenir scénariste. Aussi quitte-t-elle sa ville natale de l'Indiana pour gagner Hollywood.
Sur place, ses illusions se heurtent a la réalité des studios : réalisateurs irascibles, vedettes capricieuses... Par chance, la jeune femme croise la route d'une star : Carole Lombard, dont la liaison avec Clark Gable défraie la chronique.
Devenue l'assistante de Carole, Julie est aux premières loges de ce scandale qui pourrait nuire au film a succès que promet d'être Autant en emporte le vent, en cours de tournage.
Prise dans un tourbillon qui la dépasse, Julie réussira-t-elle a prendre son envol, ou verra-t-elle ses espoirs balayés par la prestigieuse usine a rêves ?