Les derniers événements concernant Hulk m'ont plus ou moins laissé de marbre. La version Amadeus Cho ne m'a jamais vraiment donné satisfaction, et la mort de Bruce Banner, dans Civil War II, abattu par Clint Barton, s'insère malheureusement dans un contexte bâclé. Qui plus est Bruce a tendance à mourir souvent, pour toujours s'en remettre...Alors pourquoi donner une chance à ce Immortal Hulk de Al Ewing? Pour Ewing, pardi, car voilà que débarque enfin un auteur décidé à apporter du sang frais, sans passer par la case "Greg Pak", à savoir des Hulks de toutes les couleurs et du bourrinage à tous les étages. Ici on entre dans le récit par une banale scène de braquage dans une station service. Qui se termine en drame, quand l'agresseur, déjà à cran, presse hâtivement la gâchette, et abat une fillette. Pris de panique, c'est le tir au pigeon, et le sang coule, y compris celui de Banner, qui passait malencontreusement par là. Les corps sont transportés à la morgue, et la police essaie de comprendre ce qui a bien pu se produire. Bruce lui n'est pas identifiable, et son identité reste un mystère (pas pour le lecteur), jusqu'à ce sous les draps, dans la chambre froide, un cadavre revienne lentement à la vie, sous la forme d'un géant de jade très en colère, bien décidé à faire payer celui par qui le carnage s'est produit. Justice et vengeance dans le même plat épicé, et il va y avoir de lourds dégâts.Et ça ne va pas s'arranger, lorsque Hulk va croiser la route du responsable d'une épidémie de morts par radiations, ou rencontrer Sasquatch, ce bon vieux docteur Langkowski, lui aussi appelé à la rescousse quand tout le monde commence à soupçonner que Banner a repris du service, incognito...Joe Bennett a fichtrement progressé ces dernières années. Pour le coup son travail est irréprochable, avec un Hulk massif, spectaculaire, chirurgical, on adore. Alors, is he man, or monster? Or both? La réponse est ambiguë, et ici on a l'impression que le monstre prédomine, n'hésitant pas à faire payer dans la douleur ses victimes (certes, elles l'ont mérité), dans une série qui assume clairement son choix d'aller vers l'horrifique, l'épouvante. Le mood global nous ramène des décennies en arrière, avec les travaux de Lee et Kirby, mais le clin d'oeil est clairement aussi adressé à Peter David et le coté humain d'un personnage qui est une force de la nature, indomptable, inéluctable, et se place de la sorte en dehors de la sphère de la morale et du jugement. Une sorte de Punisher totalement immature et primordial, qui joue de sa force et de sa colère pour rétablir un semblant d'ordre qui ressemble à s'y méprendre au désordre le plus complet. Un conseil, ajoutez vite The Immortal Hulk à votre liste des albums qui en valent le coup, ce printemps (je sais, on est encore en hiver, techniquement).
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