Chronique « LE DERNIER ATLAS, tome 1 »
Scénario de FABIEN VEHLMAN & GWEN DE BONNEVAL, dessin de HERVÉ TANQUERELLE, design de FRED BLANCHARD
Public conseillé : Ado / adultes,
Style : Uchronie, Polar
Paru le 15 mars 2019 aux éditions Dupuis
232 pages couleur,
24,95 euros
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Ca commence comme ça…
De nos jours, quelque part dans le parc de Tassili, en Algérie. Devant les yeux étonnés d’un chercheur français, des milliers d’oiseaux se sont rassemblés au même endroit, et se laissent mourir…
À Nantes. Hamid et David, 2 petits escrocs installent une machine de pari d’argent dans un café, maquillé en machine d’arcade classique. Ismael Tayeb, leur chef, les attend dans la camionnette. Aujourd’hui, il revient sur le terrain pour voir comment les nouveaux s’en tirent. La destination suivante est un cafetier qui ne paye pas sa “contribution”. Ismael s’occupe de lui en arrière cours, à coup de poing…
Après la journée, le chef paye à ses hommes un resto chic, mais ils sont interrompus. “Dieu le père”, le parrain du gang a des problèmes. Il est revenu en France, malgré sa tête mise-à-prix et risque de se faire serrer par des policiers dans une boite de nuit. Ismaël a un plan pour le tirer de là…
Ce que j’en pense
Les deux scénaristes Fabien Velhman et Gwen de Bonneval nous offrent un premier tome (sur 3) d’une série policière pas comme les autres. Le duo nous entraîne dans le sillage d’Ismaël Tayeb, un petit voyou nantais d’origine algérienne, en 2018. Rien d’étonnant, mais leur parti-pris est de plonger les acteurs de ce polar réaliste contemporain dans un présent alternatif, une uchronie donc. Les différences entre notre présent et cette version alternative, semblent assez minimes, excepté quelques éléments du passé. Au fur et à mesure du récit, nous apprenons que dans les années 60, les français ont utilisés des robots géants, nommés “Atlas”, dans la construction immobilière. Un “événement” à Batna, (on comprend qu’il s’agit d’une catastrophe nucléaire) a mis fin à l’utilisation de ces titans. Ils ont été abandonnées et démontés, excepté un petit dernier qui est resté en l’état en Inde. C’est justement de ce dernier “Atlas” qu’il va s’agir, car de fil en aiguille, Ismaël, le petit lieutenant de gang se voit confié une mission… Il doit se procurer une pile nucléaire qu’il imagine récupérer dans le dernier Atlas…
C’est vraiment un thriller étonnant, qui prend des airs de polar urbain réaliste, pour glisser doucement sur d’autres thématiques. En parallèle de cette histoire de gang, nous suivons Françoise Halfort, une ex-reporter de guerre, qui s’intéresse à une découverte écologique majeure qui va bouleverser l’équilibre mondial et qui a lieu sur le site d’une catastrophe nucléaire engendrée par un Atlas…
Quels sont les liens entre ces deux histoires ? C’est difficile à dire à la fin de ce tome 1, mais il est évident que la construction aux petits oignons de Fabien et Gwen ont mis le sujet écologique au centre du conflit….
Une autre particularité de ce récit est que les auteurs ont décidé de distiller l’information par petits bouts. Il n’y a aucune explication, juste des pièces de puzzle, que le lecteur devra patiemment connecter pour comprendre en suivant des personnages aussi complexes que touchants, malgré leurs gros défauts.
Au dessin, Hervé Tanquerelle, (dont j’avais adoré le dessin sur “Les voleurs de Cartage”) nous offre un dessin efficace et parfaitement adapté au sujet et d’une lisibilité parfaite. Le trait est légèrement caricatural et expressif. Les personnages s’incarnent aisément dans ce long-long premier tome (232 pages).
Pour le “design”, c’est Fred Blanchard (comme dans “Renaissance”), qui a défini l’univers visuel de ces robots géants. D’ailleurs, ils me rappellent un le “Giant Robot” de Brad Bird. Mais est-ce vraiment une coïncidence ?
Alors, prêt pour un polar contemporain qui mélange avec habileté guerre des gangs, drame écologique et uchronie ? Ce « dernier Atlas » vous attend pour une aventure au long terme.