Or et Nuit de Mathieu Rivero

Or et Nuit de Mathieu Rivero

Publié aux éditions Les Moutons électriques,

Des mille et une histoires que j'ai pu conter, aucune n'est aussi fabuleuse que celle que je m'apprête à te narrer. On y voyage de cités mortes en jardins luxuriants, de royaumes en déserts et de geôles en palais. On y croise djinns et ghûls, sultans et dragons, reines et démons, et les lignées maudites s'y affrontent autant que les passions se déchaînent. Vois-tu, elle recèle en son cœur une bien plus unique distinction. Cette histoire d'amour et de mort est vraie : je l'ai vécue. Parole de Shéhérazade.

Or et Nuit plonge le lecteur au cœur des légendes des mille et une nuits. C'est celle de Shéhérazade qui pour échapper à son mari lui conte chaque jour une nouvelle histoire.

Mathieu Rivero prend pour appui ce mythe connu de tous pour raconter l'un de ses histoires. Shéhérazade se fait capturer par des brigands dans le désert. Pour passer le temps mais aussi pour les dissuader de l'exécuter, elle va narrer à l'un d'eux, l'histoire d'Abû et Azi, deux jeunes princes que tout semble opposer. Elle laisse savamment son récit en suspens, gardant son auditoire avide de la suite. Ainsi les récits sont enchâssés, entrecoupés.

J'ai aimé le principe du récit enchâssé qui plonge le lecteur dans un moyen-orient fantasmé, tel qu'on l'imagine: des odeurs et des saveurs, des jardins suspendus, des étendues désertiques à n'en plus finir, un peuple cultivé et raffiné. Mathieu Rivero possède une très belle plume qui nous laisse rêveur face aux descriptions des palais et des villes. J'ai aimé aussi qu'il reprenne la mythologie orientale des djinns même si j'aurais voulu qu'elle soit plus développée.

Cependant, il m'a manqué un petit quelque chose pour que j'arrive totalement à entrer dans cette histoire. Quoi? Je ne saurais le dire. Peut-être que les dialogues m'ont parfois semblé sonner faux, peu naturels. Peut-être que l'histoire d'Abû et d'Azi traîne finalement trop en longueur, Shéhérazade se perdant dans les méandres de son conte pour tromper son ravisseur. Peut-être bien que les personnages m'ont semblé trop lointains, venus d'une légende, ne parvenant pas à percer l'étroit voile qui le sépare du lecteur.

Bien que Mathieu Rivero retranscrive à merveille l'univers du conte oriental, il n'est pas parvenu, dans ce texte, à me toucher, à m'émouvoir.