Ce mois-ci, je vous présente 2 albums, regroupés car leur thématique est similaire. En regard l’un de l’autre, il m’a semblé intéressant de les apposer pour mieux les analyser et comprendre le message transmis.
Tu ne dors pas, petit Ours de Martin Waddell et Barbara Firth / Scritch scratch dip clapote de Kitty Crowther.
Tu ne dors pas, petit Ours de Martin Waddell et Barbara Firth (L’école des loisirs, 1987)/ Scritch scratch dip clapote de Kitty Crowther (L’école des loisirs 2002)
Tous les enfants ou presque ont peur du noir, à un moment à un autre de leur vie. L’obscurité cache d’éventuels monstres, les bruits non identifiés effraient et la nuit peut vite devenir un cauchemar. La littérature jeunesse est là pour les aider à affronter ces peurs, en s’identifiant aux personnages des albums, qui eux aussi, comme le jeune lecteur, passent par des épreuves qui mêlent insurmontables.
Dans Tu ne dors pas, petit Ours et Sritch scratch dip clapote, les petits héros, sous forme d’animaux, sont confrontés à la peur du noir et de la nuit et vont réussir, grâce à l’aide de l’adulte présent, à vaincre cette crainte.
Dans les deux albums, les enfants se préparent à se coucher tout en sachant que la nuit apportera son lot de bruits étranges et inquiétants et d’obscurité effrayante. Pour Petit Ours, c’est le noir qui lui fait peur, alors que Jérôme, la petite grenouille redoute les sons qu’il ne parvient pas à identifier. Au fil des pages, les adultes interviennent pour rassurer les petits et finissent par les amener à l’extérieur, source de leurs frayeurs mais aussi solution miracle à leurs peurs. En effet, petits et grands s’endorment après avoir affronté la nuit dehors, qui n’est finalement plus si terrible, bien au contraire. Confronté à celle-ci, les petits héros se rendent compte de la réalité qu’offre l’obscurité, différente de celle du jour, mais tangible et non plus fantasmé.
Ce qui est intéressant dans ces deux albums, c’est que c’est le Papa qui couche le rejeton, qui intervient pour venir lui venir en aide. Dans l’album de Waddell et Firth, il n’y a même pas de présence féminine. C’est souvent la maman qui réconforte et fait les câlins, mais ici c’est le Papa qui remplit ce rôle. Cela renvoie à une image du père tendre, attentif, présent et cajoleur. Pour le petit lecteur, il peut l’identifier à son propre père, héros du quotidien sur qui compter quand la nuit vient.
D’un point de vue technique, les deux albums différent dans leur mise en page et l’utilisation de celle-ci.
Pour Tu ne dors pas, petit Ours, toute la feuille est remplie, l’action se déploie dans un cadre en forme d’arche, qui n’est pas sans rappeler une grotte. Autour, la couleur utilisée renvoie à la nuit. Le lecteur se sent comme dans un cocon, bien au chaud. Les illustrations sont douces avec un grand souci du détail : jouets, dessins accrochés, les braises du feu, une tétine qui traine, autant d’éléments qui évoque un foyer chaleureux, comme à la maison. Et le petit plus : tout au long de l’album, Grand Ours lit un livre, celui de leur histoire ! En effet, quand on détaille les illustrations de l’ouvrage de Grand Ours, on retrouve la scène quand a sous les yeux. Par exemple, quand Grand Ours borde Petit Ours, c’est la même histoire qu’on voit sur le livre ! Une mise en abîme comme une jeu de piste qui ravit petits et grand !
Scritch scratch dip clapote est d’une autre facture. Ce sont des vignettes carrées au milieu de la page blanche. Les couleurs de la nuit sont plus sombres, tout comme la solitude de Jérôme. Mais les personnages rehaussent le ton avec un vert très présent, qui rassure. Le regard est plus enfermé dans les illustrations, venant au texte après.
Fini la peur du noir et de la nuit grâce à ces deux albums pleins de tendresse, de joie et de réconfort ! Le petit lecteur pourra, par identification, surmonter ses frayeurs comme les deux héros.
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