Le roi Arthur Alban Gautier Édition Presses Universitaires de France (PUF), 2019 177 pages Genres : Essai, Légende ArthurienneMerci à et aux éditions
Résumé :
Dès les tout premiers textes, l’histoire et la légende se confondent. Les récits faisant référence à un guerrier ou à un roi nommé Arthur sont apparus dans la Grande-Bretagne du haut Moyen Âge, vers 800. Personnage à la fois situé dans le temps et auréolé de mystère, a-t-il réellement existé ? Et comment, dans les siècles suivants, les rapports entre l’histoire et la légende ont-ils évolué ? Pourquoi certains ont-ils jugé bon de défendre l’historicité du personnage, alors que d’ autres l’ont farouchement niée ? Des premiers siècles médiévaux jusqu’aux derniers développements de la série Kaamelott, en passant par le temps des Plantagenêts et le siècle des Tudors, le lecteur suivra ainsi le devenir singulier d’un roi qui est devenu l’un des grands mythes de l’ Occident.
Mon avis :
L’avant-dernière Masse Critique de Babelio a été particulièrement « appétissante », entre des biographies sur Jane Austen et les sœurs Brontë, un herbier de sorcières, un essai sur les inspirations historiques de Game of thrones et cet essai sur le Roi Arthur, j’avais de quoi être contente (et frustrée de ne pas pouvoir tout recevoir !).
« Le Roi Arthur » n’est pas une nouvelle réécriture de la matière de Bretagne, dans ce livre il est plutôt question de savoir si le souverain est un mythe ou si des preuves attestent de sa réalité historique, recherche déjà bien compliquée quand on date sa potentielle existence aux Vè et VIe siècles (surnommés les « âges obscurs » vu le peu de documentation dessus) mais qui devient encore plus ardue depuis qu’à peu près tout le monde s’est emparé du personnage pour en faire sa propre tambouille, brouillant un peu plus la limite entre légende et réalité…
Alban Gautier avait déjà consacré un livre sur le sujet (nommé sobrement « Arthur ») que j’espère lire rapidement parce que « Le roi Arthur » a su me convaincre, j’étais un peu sceptique au départ en voyant la brièveté du texte (180 pages) parce que je craignais un travail pas assez développé voire bâclé et en fin de compte l’ensemble est plutôt complet, évidemment n’étant pas historienne et n’ayant pas étudié le sujet mon avis vaut ce qu’il vaut mais en tout cas à mon gout il y a suffisamment de pistes explorées pour ne pas laisser une impression de trop peu.
Avant de réunir les références à Arthur ou à des hommes pouvant faire penser à lui que ce soit le nom, le titre (chef de guerre ou autres) ; à certains épisodes qui sont parfois prêtés à la légende comme la bataille du mont Badon ; ou à certains lieux (comme Tintagel), l’auteur commence d’abord par resituer la période d’un point de vue historique et géographique et c’est loin d’être inutile étant donné les changements survenus en quelques siècles et le foutoir qu’il en résulte !
Cela dit même avant cela il y a pas mal de choses à clarifier et Alban Gautier rappelle ce qu’est un breton, ce qu’est un celte, comment est divisée la Bretagne, qui était au pouvoir, quels étaient les envahisseurs, quelle était l’influence de Rome, bref la base pour bien tout comprendre.
Il en profite aussi pour donner les explications au manque de sources sur les âges obscurs et ce qu’il nous reste pour en apprendre autant que possible sur ces siècles.
Maintenant que le contexte est plus clair et qu’on connait les difficultés à retrouver des traces de cette époque on peut enfin s’attaquer à « l’enquête » !
Personnellement je me place plutôt dans le camp de ceux qui pensent « beaucoup d’éléments de la légende sont surement imaginés mais il doit bien y avoir une base réelle » et je ne dirai pas si le livre me conforte dans mon idée parce que ce serait dommage que je révèle la conclusion, mais ce que je peux dire c’est que le livre est vraiment intéressant et m’a donné envie de creuser le sujet.
Comme je le disais plus tôt l’auteur pioche pas mal de références et il les décortique afin de voir ce qui pourrait coller avec Arthur Pendragon et surtout si ça peut coller historiquement ou au contraire si les textes (dont des extraits nous sont donnés dans le livre) ne sont basés sur rien de probant, et autant dire qu’il faut être fortiche en analyse (voire être devin) parce que certains auteurs ne sont pas très loquaces !
Si le Arthur historique est plutôt discret le Arthur légendaire lui est bien plus présent et là les auteurs ne sont pas avares de détails, Geoffrey de Monmouth, Chrétien de Troyes, Thomas Malory, et avant eux les bardes, Arthur est présent partout et on comprend vite pourquoi c’est très dur de démêler le vrai du faux mais là aussi c’est très intéressant d’étudier tout cela que ce soit pour juger de la véracité des récits ou pour observer la façon dont la légende s’est enrichie au fil des siècles avec chaque reprise des différents auteurs.
Au-delà des réécritures, le mythe a aussi été souvent repris par des personnages historiques plus très frais comme les Plantagenêt ou les Tudors qui l’adoptaient pour toute sa symbolique et s’interrogeaient déjà sur l’existence d’Arthur, ce qui a mené à des recherches sur des lieux se prétendant affiliés à la légende (les soi-disant tombeaux du roi et de Guenièvre à Glastonbury , détruits depuis par Henry VIII d’Angleterre qui devait s’ennuyer à ce moment là parce qu’il n’avait pas d’épouse à décapiter sous la main), ou plus récemment par les Kennedy…
Et depuis, l’intérêt n’a toujours pas faibli, que ce soit les recherches archéologiques qui se poursuivent, l’histoire constamment enrichie ou détournée par les films, les livres, les séries ou autres ou tous les usages de la légende qu’on a pu faire au fil du temps.
Bref, comme vous le voyez même si le livre n’est pas bien long c’est tout de même une petite mine d’informations que j’ai adoré découvrir, qui donne envie d’aller jeter un œil aux anciens textes évoqués et de continuer à se documenter sur le sujet, et je remercie Babelio et les éditions Presses Universitaires de France pour cette découverte.