@tassadanslesmyriades
(Et "Mon voisin")
H E L L O | 🌱 J'ai lu deux ouvrages de Milena Agus - autrice italienne. Cela faisait longtemps que je voulais m'y mettre et les croiser à la bibliothèque m'a aidée à me décider. Je ne regrette pas cette rencontre qui s'est d'abord soldée par un échec puis par un coup de coeur.
Résumé :
Glisser dans la baignoire en changeant le rideau de douche, faire croire à un accident, confier le petit à une famille normale... Pour se délester de la pesanteur de la vie, elle s'amuse à imaginer le suicide parfait. Mais le jour où le voisin entre dans sa vie, son regard sur le monde change. Dans un Cagliari écrasé de soleil, Milena Agus met en scène des personnages hors normes, enfants en mal d'amour, adultes en quête d'un peu de douceur. (source: éditeur)
Mon avis : C'est une déception. Cette "nouvelle" inédite raconte comment une femme voit sa vie banale transformée par la vision de l'existence de son voisin... je n'ai pas du tout adhéré à ce récit, pour moi décousu, et dont les personnages ne semblent pas venir de la même planète que la mienne. L'écriture est d'une extrême simplicité. On se retrouve presque dans le dénuement, entre l'image d'une pièce vide, de deux êtres vidés du sens de la vie, que tout va rapprocher, sexuellement comme psychologiquement. L'étrangeté de ce livre ne m'a pas fait percevoir le potentiel d'une actrice comme Milena Agus. Mais j'ai vite continué avec "Mal de pierres"... qui m'a fait basculer dans une autre dimension...
Résumé :
Au centre, l'héroïne: jeune Sarde étrange "aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses". Toujours en décalage, toujours à contretemps, toujours à côté de sa propre vie... A l'arrière-plan, les personnages secondaires, peints avec une touche d'une extraordinaire finesse: le mari, épousé par raison pendant la Seconde Guerre, sensuel taciturne à jamais mal connu; le Rescapé, brève rencontre sur le Continent, à l'empreinte indélébile; le fils, inespéré, et futur pianiste; enfin, la petite-fille, narratrice de cette histoire, la seule qui permettra à l'héroïne de se révéler dans sa vérité. Mais sait-on jamais tout de quelqu'un, aussi proche soit-il... Milena Agus dit de sa famille qu'ils sont "sardes depuis le paléolithique". Et c'est en Sardaigne que l'auteur de Mal de pierres a résolument choisi de vivre, d'enseigner et de situer son récit. Déjà remarquée par la presse italienne pour son premier roman, Milena Agus confirme ici son exceptionnel talent et sa liberté de ton. (source : Babelio)
Mon avis : Voilà l'opposé de la nouvelle précédente. Dans ce petit livre très court, l'autrice nous offre un petit joyau, un petit chef-d'œuvre. Au départ, de nouveau, les sentiments sont chaotiques. On suit la vie de plusieurs personnages de la famille de la petite-fille narratrice mais cependant le fil rouge reste la "grand-mère". Cette dernière rencontre "le Rescapé" lors d'une cure thermale pour guérir ses problèmes de calculs rénaux. J'ai adoré le ton, le style brut et sans détours. Pas de mièvrerie, pas de romance mais un incroyable sentiment de vérité, d'authenticité. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour les personnages de la grand-mère et de la mère. Dans cette histoire, on finit par se demander où est le mal ? Dans les pierres (les horribles coliques néphrétiques ?) Ou dans le monde cruel des hommes ?
La romancière parvient à relier petite et grande histoire. L'arrière-plan social est magistralement bien établi : à la fin du fascisme règne la méfiance et l'austérité, avec l'impact de la guerre mondiale puis lors des plans de relance économique en Italie, c'est tout le sud qui est oublié. Dans un grand dénuement et un côté presque "sauvage", la femme Sarde (l'héroïne du roman) évolue entre des personnages qui ne la comprennent pas et la repoussent. Elle est finalement vue comme une sorcière, une paria, car sa maladie la rend étrange. Elle ne trouvera qu'écoute et compréhension sur l'épaule du Rescapé. Subtilement, comme on peint une toile, la Sardaigne et sa vie d'autrefois nous éblouit.
C'est d'ailleurs dans toute l'Italie que l'on voyage. Entre Milan, Gênes et Cagliari, il n'y a qu'un pas. L'Italie est fendue entre son entrée dans un monde nouveau et mécanisé, ouverte à l'étranger et aux choses originales et un côté beaucoup plus conservateur et poussiéreux. Dans une chaleur palpable, les personnages sont évoqués à travers des moments tournant autour du personnage de la grand-mère. Chacun se cherche, qu'il s'agisse d'un sens à sa vie, d'une légitimité, d'une reconnaissance, de l'amour, ou de l'amitié.
Entre chronique sociale, roman historique et drame familial, ce qui nous est livré ici est écrit avec brio, puissance et émotion. Je n'ai pu retenir une larme au dénouement de ce récit qui décrit une femme forte, abîmée par la vie.
Je vous le conseille !!💙☀️