Chronique « SOLO – CHEMINS TRACÉS T1 – Fortuna » »
Scénario de OSCAR MARTIN, dessin et couleurs de ALVARO IGLESIAS
Public conseillé : Ado / adultes (à partir de 14 ans),
Style : Aventure fantastique
Paru le 20 mars 2019 aux éditions Delcourt, collection « Contrebande »
64 pages couleur,
14,95 euros
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Ca commence comme ça…
Dans le “monde cannibal”, une famille de chats erre. Il y a un père, son frère et sa jeune fille, Fortuna. A chaque fin de journée, le père écrit dans son journal pour garder une trace de ce qu’ils ont appris dans la journée,.
Mais aujourd’hui, les 2 adultes se sont fait tués par une meute de chiens. Fortuna, seule survivante, pleure en regardant le livre. Comme son père lui a appris, tout y est inscrit pour refaire le voyage à l’envers et revenir auprès de son grand père. Les informations contenues dans le livre sont complétées par des signes que son père a gravés à chaque étape du voyage. Fortuna reprend donc le voyage à rebours et cherche les premiers rochers sculptés…
Ce que j’en pense
Peut-être connaissez-vous “Solo”, l’étonnante série fantastique d’Oscar Martin. En quatre épisodes, cet auteur espagnol nous plongeait dans un univers anthropomorphique violent et post-apocalyptique. Nous y avons suivi Solo, son héros, un rat mutant et guerrier ultime, version alternative de Conan. Son trait (qui rappelle Disney) et sa mise-en-scène ultra dynamique en font un OVNI BD original et vraiment intéressant. Car au delà des combats contre des monstres, cet univers violent et dur permettait à Oscar Martin d’explorer des thèmes comme la solitude, la famille ou encore la solidarité…
La série “Solo” est officiellement finie, mais Oscar Martin, accompagné d’un nouveau dessinateur (Alvaro Iglesias) nous offre un spin-off. “Chemins tracés” exploite le même monde rempli de bêtes énormes aux dents acérés et aux buts meurtriers. La règle unique semble être “manger ou être mangé”. Dans cet univers violent et sans compassion, nous suivons Fortuna, une petite chatte qui a perdu sa famille (son père et son oncle). Solitaire, elle doit rebrousser chemin pour tenter de retrouver le point de départ, là où vivait son grand père. Si Solo avait pour lui la force et ses capacités de guerriers, Fortuna ne semble pas assez armé. Elle, sa chance, c’est son héritage, le livre de son père qui recense les points de passage, les dangers rencontrés et les endroits où se poser. En plus, elle peut compter sur des points de repères physiques, car son père a gravé régulièrement sur leur route des glyphes qui complètent cette connaissance. Arrivera-t-elle à survivre ?
Ce nouvel épisode d’Oscar Martin est aussi passionnant que d’habitude. Fortuna, son nouveau personnage permet d’aborder de nouvelles questions. La connaissance contre la violence, la solidarité et l’amour, autant de thèmes abordés en filigranes.
L’arrivé de Alvara Iglesias au dessin aurait pu briser l’enchantement, mais il n’en est rien. Certes, le trait d’Iglesias est différent de celui d’Oscar Martin, mais la mise-en-scène, la dynamique des séquences sont tout aussi réussis. Le trait est moins cerné, plus léger et sans doute plus adapté à ce personnage de chat tout en rondeur. La mise-en-couleur numérique particulièrement soignée nous immerge avec délice dans ce monde extrême. C’est précis, détaillé, subtil. Un vrai bonheur qui rappelle les meilleures planches d’animation.
Alors, si vous aimez la série originale “Solo”, vous serez conquis par ce spin-off. Sinon, c’est toujours l’occasion de rentrer dans le “monde cannibal”…