Monsieur Han - Hwang Sok-yong

Par Tassadanslesmyriades

@tassadanslesmyriades

Résumé: À travers la descente aux enfers d'un homme écartelé par la division de son pays, brutalement séparé de sa famille, socialement déclassé, renié par le Nord et suspecté au Sud, partout indésirable, Hwang Sok-yong dit toute la cruauté d'une époque en folie qui pousse les êtres dans des voies sans issue. D'où l'émouvante beauté de son personnage, devenu emblématique. Récit poignant, fulgurant, de l'existence d'un Candide pris malgré lui dans l'engrenage de l'Histoire, Monsieur Han est une œuvre majeure de la littérature coréenne contemporaine. (source: Zulma)

Avec un style brut, parfois glacial, sans concession, exprimant la douleur du passé, les souffrances de la guerre, Sok-Yong Hwang ne prend aucun détour pour vous faire parvenir une histoire terrible : celle des deux Corées. J'ai été bouleversée par une intrigue oppressante, cadencée, rythmée, qui nous enserre comme dans un étau. On ressent l'injustice, la situation désespérée, les décisions implacables et irrémédiables.

Ce récit historique n'est donc pas une carte postale agréable de la Corée. Il invite plutôt à un voyage de la mémoire essentielle pour ne pas oublier un passé douloureux ainsi qu'à une sorte de rédemption des personnages.

Certaines scènes sont difficiles à oublier, violentes, cruelles, sanglantes. Il y a la douleur de la séparation, de la division, de l'enlèvement, de l'emprisonnement, il y a l'appréhension du lendemain. A quand des jours meilleurs ?

Entre traitrises, malveillances et torture psychologique (et physique), c'est la fureur de vivre, l'espoir, l'entraide, la survie, le trait d'union entre les êtres qui parcourent le livre.

Sans tendresse aucune, l'auteur nous livre ici une histoire qui ressemble à nos récits de guerres occidentales. Parce que finalement les frontières, c'est universelle, que la volonté de les abolir est aussi universel, que l'envie de connaitre des jours meilleurs est une envie commune à tous les humains.

D'une facture "classique" sans l'être avec évidence, le roman prend des détours qui feront palpiter vos coeurs comme dans des montagnes russes.

D'un personnage de médecin, Monsieur Han, l'écrivain nous décrit un personnage universel aussi, sans idéologie que la passion de la médecine, qui devient tous les autres, ceux qui luttent, ceux qui sont frappés par la tragédie d'un communisme destructeur et de l'autre côté, d'une Corée du sud incroyablement méfiante.

C'était donc une lecture déchirante mais ô combien utile !