© Arthur Humeau
Non, cela ne peut pas se passer comme ça! Pas ici! Pas maintenant! Comment peut-il lui dire ces choses affreuses? Chaque mot la brise un peu plus alors qu’il tente en vain de se justifier. À travers le hurlement qu’elle sent monter dans ses entrailles, elle capte quelques bribes de mots « trop tôt », « pas le moment »…
Les larmes coulent sur ses joues, elle ne contrôle plus ses tremblements. Elle essaie d’attraper sa main mais il fuit. Tout est fuite chez lui, son être, son regard. Elle s’entend le supplier, elle s’écœure. Dans une brève réminiscence, elle se rappelle leur rencontre. Les sourires complices sur les bancs de la fac, les frôlements de mains timides et enfin les baisers fougueux et les ébats passionnés. Elle disait souvent qu’il l’avait sauvé de la noyade et lui qu’elle était sa bouffée d’oxygène. Comment en étaient- ils arrivés là?
Il est muet depuis plusieurs minutes. Le baluchon à la main, l’œil perdu dans le vide. Exaspéré, il la regarde d’un air méprisant. Les gens autour d’eux évitent son regard, elle sent leur malaise face à cette scène si intime. Le métro entre en gare. Dans un dernier élan, elle lui attrape le bras, lui demande de la regarder dans les yeux, de lui dire qu’il ne l’aime plus. Sa réponse est cinglante « Mais je ne t’ai jamais aimé! ». Elle reste sonnée sur le quai alors que les portes se referment derrière lui. Désormais, il la fixe d’un air dur. Alors que le métro démarre, elle sent dans son ventre le petit être qui y grandit.