LECTURE DÉTENTE
► Titre : Le mur des apparences Auteur Gwladys Constant Sorti le 5 septembre 2018 Lu le 28 février Éditions du Rouergue (doAdo) Genre : Jeunesse
► 4eme de couverture :
Pourquoi Margot s’est-elle suicidée ? Une fille parfaite, belle, friquée, populaire... Justine, qui la connaît depuis la primaire et qui, elle, estime n’avoir eu que de méchantes fées au-dessus de son berceau, tient peut-être là sa revanche. En volant les carnets intimes de Margot, elle va posséder les clefs qui lui permettront de renverser le rapport de forces au sein du lycée. Un thriller psychologique, où les secrets flirtent avec le danger…
J’ai emprunté ce livre à la médiathèque après l’avoir longtemps feuilleté. Je n’avais qu’une envie : le finir le plus vite possible.
Le mur des apparences, un titre tellement flou mais si révélateur du monde dans lequel nous vivons. Je l’ai lu d’une traite. En apnée. Incapable de détacher mon attention de cette histoire si prenante. Vivante. Intense. Poignante. C’est un livre à lire, absolument. À relire et à partager dans tous les collèges puis dans les lycées et les universités. Un récit dont on devrait parler, une intrigue qui nous montre l’envers du décor au lycée, les inégalités, le harcèlement, les pressions… tout ce que les adolescents ne partagent pas avec leurs parents, tout ce qu’ils gardent enfouis au plus profond d’eux-mêmes et qui les rongent.
L’histoire est terriblement prenante, on ne veut pas la lâcher. Nous découvrons rapidement le décor de l’intrigue : un lycée, rien qui sorte de l’ordinaire, en apparence. Au coeur de cet établissement, l’auteur va particulièrement s’intéresser à deux jeunes filles autour desquelles vont graviter de très nombreux autres personnages. D’un côté nous avons Margot, une jeune fille qui semble tout avoir pour être heureuse, elle est belle, intelligente, drôle et adorée voire adulée ; d’un autre côté nous avons Justine, une jeune fille isolée qui semble être la risée de certaines personnes, une adolescente effacée qui s’oublie. Deux portraits, deux personnalités, deux destins très différents qui pourtant vont trouver, par la force des choses, des similitudes. Ce livre nous va permettre de voir au-delà des apparences…
Je ne vous spoil rien, tout est précisé dans le résumé : Margot va se suicider. Margot, la reine du Lycée, la Queen, celle que l’on regarde avec des étoiles dans les yeux… Margot n’est plus, elle ne brille plus, ternie par l’ombre de la mort. Son décès est un choc provoquant un tel séisme que personne n’en sort indemne. Ce drame va être l’élément qui va tout déclencher, qui va chambouler le quotidien des lycéens, qui va permettre de briser les codes… Le château de cartes s’effondre, l’illusion n’est plus… Tout ce sûr quoi reposait la réputation de Margot va être étudié, analysé, disséqué par Justine.
À travers le suicide de Margot, l’auteur va s’intéresser aux multiples raisons qui peuvent pousser un individu à se suicider, à celles qui sont – semble-t-il – évidentes, mais aussi à celles qui le sont beaucoup moins. Il faut bien souvent réussir à voir au-delà des apparences pour comprendre, pour saisir l’essence des choses et non pas rester en surface. Creuser apparaît comme nécessaire bien que tout ne soit pas beau à déterrer, loin de là. Je peux vous assurer qu’à mesure que l’on approche de la fin, ma gorge s’est nouée tant le poids des révélations devenait lourd, accablant… L’étau se resserrait, imperceptiblement mais sûrement… Le piège de cristal se referme sur la poupée qui suffoque à l’intérieur.
La véritable force de ce livre réside dans sa capacité à rendre compte du microcosme qu’est le Lycée, et ce avec énormément de subtilité. L’auteur n’aborde pas uniquement la tragique histoire de Margot, elle dévoile également un pan entier de ce que représente la vie au lycée, que l’on soit populaire ou au contraire le bouc-émissaire. Justine va apprendre, à ses dépens, que la vie de princesse n’est pas aussi rose qu’on l’imagine. Elle apparaît vite comme un personnage étrange voire énigmatique, on va souffrir avec elle, ce qu’elle subit est plus que difficile et elle semble vouloir se venger de tout le mal qu’on lui a infligé. Vient un moment où elle ne parvient plus à faire la distinction entre le bien et le mal, le pouvoir et la connaissance lui monte à la tête d’une manière presque maladive qui fait découvrir aux lecteurs un autre de ses visages.
Lorsqu’une personne se suicide, on cherche généralement à savoir pourquoi. Pour certains, le besoin de faire éclater la vérité apparaît comme une évidence, presque une quête que l’on se doit de résoudre. Faire éclater la vérité au grand jour peut permettre de sortir de l’ombre, de trouver une raison supplémentaire de vivre, de se lever chaque jour. Dans la douleur et l’incompréhension on peut y voir un leitmotiv. Vous n’êtes pas sans savoir que l’on peut cacher bien des choses derrière un sourire, ce livre nous le prouve une fois de plus, aussi glaçante soit la réalité. Les bonnes manières et l’hypocrisie s’avèrent parfois être le lot quotidien de bien des personnes, c’est édifiant.
Le mur des apparences c’est aussi un monde à deux vitesses, une histoire dans laquelle on découvre deux univers et plusieurs façons de vivre. De manière très schématique, les riches vivent dans leur monde, accaparés entre illusions et apparences, les moins riches ne vivent pas dans l’opulence mais dans une certaine forme de plénitude voire d’amour de la vie. On découvre ce que chaque milieu perçoit, la façon dont les questions d’amour, de confiance et d’amitié sont abordées. Je pense que le fait de se détacher d’une catégorie en particulier et d’aborder, au contraire, plusieurs milieux sociaux, apporte un véritable plus à l’histoire, un supplément d’âme qui fait que chacun peut s’identifier à un personnage et/ou avoir l’impression d’avoir déjà vécu certaines situations.
Ce livre n’aborde pas que le thème du suicide, de la mort et du deuil, Le mur des apparences traite aussi du harcèlement et de la popularité, du poids des conventions sociales et de l’image que l’on doit donner soi. C’est un superbe kaléidoscope de tous les comportements et attitudes des lycéens. A travers ce récit aussi accablant que tétanisant, on prend conscience d’une réalité troublante : les adolescents ne se font pas de cadeaux entre eux, ils vivent dans un monde cruel et impitoyable où l’apparence domine souvent. Le titre du livre est superbement bien choisi, qui plus est dans un contexte vraiment bien exploité. Un mur c’est une muraille que l’on érige pour se protéger, une image que l’on va renvoyer à autrui…
Je pense que vous l’aurez compris, Le mur des apparences est un livre choc, percutant, un uppercut que l’on reçoit en pleine figure. J’ai adoré ce livre, j’ai adoré le lire et écrire cette chronique, partager avec vous mon ressenti sur un ouvrage aussi intense et bien écrit. Je ne peux que vous conseiller cette lecture, pour les messages que l’auteur délivre, pour les thèmes qui sont abordés, pour la vision du monde que ce récit nous livre. Lisez-le, parlez-en, apprenez à voir au-délà de ce que montre les apparences… Ce livre c’est une ode à la vie et à la tolérance...
► 3 raisons de lire Le mur des apparences :
- Un uppercut que l'on reçoit en pleine figure
- Une superbe représentation du microcosme qu'est le lycée
- Des messages vraiment forts
Vous pouvez vous procurer cette pépite ici