Chronique « CRIMINAL : MES HÉROS ONT TOUJOURS ÉTÉ DES JUNKIES »
Scénario de ED BRUBAKER, dessin de SEAN PHILLIPS
Public conseillé : Ado / adultes,
Style : Polar intimiste
Paru le 6 mars 2019 aux éditions Delcourt
, 80 pages, 12 euros
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Ca commence comme ça…
Un groupe de parole. La jeune Ellie baille. Comme tous les autres du groupe, c’est une toxico qui est en cure de désintox, ou plutôt en “réhab”.
Todd raconte son histoire. Elle ne le croit pas. Mitch, le chef de groupe pense que Todd esquive. Mais ce dernier a tout dit à Skipp en arrivant…
Ellie se répète que tous les junkies mentent. Comme les autres patients, elle est forcée d’être là. C’est ça ou la prison. Son oncle l’a enrôlé ici, en payant tout d’avance. C’est sa dernière chance !
Heureusement, il y a Skipp, le beau mec, qui a flashé sur elle…
Ce que j’en pense
Pour les amateurs de polar en BD, Criminal est la série phare créé par le célèbre duo Ed Brubaker & Sean Phillips. Dans leur univers, tout est sombre, personnages, situations, rien ni personne ne s’en sort complètement. La violence, très présente, y est représentée de façon très crue.
Ce Spin-off reprend cet univers particulier. Pourtant, il en diffère sur différents point. Ici, pas de violence, de balle et de morts violentes. L’Histoire se passe dans un centre de désintoxication. Ellie, le personnage principal, nous sert de guide dans cet univers ouaté, rempli de mensonges et de souvenirs vrais ou faux. J’ai été touché par sa personnalité, tellement triste et “sans filtre”, ce Spleen immense qu’elle traîne avec elle comme une malédiction.
Le récit est une romance noire, à la façon d’un “Bonny and Clyde” ou de “Sailor et Loula”, Ed Brubaker nous entraîne dans le sillage de deux amants maudits et toxicos. Sous cet amour fugace, on retrouve les questions de la séduction et des femmes qui mènent une danse macabre dans leur univers.
Ed Brubaker émaille son histoire de drogués de références artistiques, lâchée par Ellie. Musiciens, peintres ou romanciers, la drogue semble être leur point commun, leur attache…
Visuellement, les amateurs de Sean Phillips retrouveront son trait hyper efficace et nerveux. Mais la mis-en-couleur est différente. C’est Jacob, le fils de Sean, qui les a réalisées. Les touches de couleurs sont douces, légères, laissant de la place au blanc. Le résultat est presque psychédélique.
Alors, vous en reprenez une petite dose ? Mais attention à la fin, la descente risque d’être rude…