« J’avais connu une succession d’hommes, pourtant je passais davantage de temps à imaginer l’amour qu’à le vivre. J’avais si peur de la réalité.
Et puis je retrouve Gabriel, croisé au lycée, à quinze ans. »
Ils sont à mille lieues de l’autre. Lui, musicien solitaire, n’aimant pas les mondanités, elle encroûtée dans son milieu intello bourgeois. Ils ne s’étaient plus revus depuis l’adolescence et se retrouvent à présent, tous deux cinquantenaires. Avec lui, tout est si doux, si simple. Entre les croque-monsieur des enfants et les dîners improvisés sur un coin de table dans la cuisine, il lui fait l’amour dans un canapé. Avec lui, elle savoure les caresses et s’émeut des courbes de son corps, réactive sa sensualité un peu oubliée, s’abandonne au creux des bras de son amant, redécouvre le plaisir. Avec lui aussi elle apprend à nager le crawl. Elle se retrouve hissée au faîte de l’amour, la peur au ventre pourtant… Car la chute pourrait être vertigineuse. Ainsi elle s’interroge… Et s’il se lassait, s’il s’éloignait, pire, s’il la quittait. Elle qui jusqu’ores collectionnait les rencontres décevantes…
Un roman succinct qui sonne comme les prémices du printemps après le rude hiver, comme l’éclosion d’une fleur sortie de son bulbe, endormie sous la couverture de gel et de froidure.
Et l’auteur de nous convaincre qu’à 50 ans, il suffit d’une étincelle pour raviver les braises refroidies, un regard, une rencontre improbable, un rayon d’amour pour nous mettre en émoi et se réjouir des lendemains…
Dans cette chronique d’un amour improbable, c’est Gabriel qui me touche plus particulièrement. Pour ce qu’il donne de plus beau en lui, sa simplicité et sa sensualité délicate lorsqu’il dessine les contours du corps de son aimée ou glisse sur le dos dans la piscine pour la rejoindre dans une douce aquatique.
Doux, frais, délicat. Une lecture qui fait du bien, même si l’on se désole un peu de la banalité du propos.
La tendresse du crawl de Colombe Schneck
Date de parution : 6/3/2019