Chronique : Love letters to the dead – Ava Dellaira

Au commencement, c’était un simple devoir. Ecrire une lettre à un mort. Laurel a choisi Kurt Cobain, parce que sa grande soeur May l’adorait. Et qu’il est mort jeune, comme May. Très vite, le carnet de Laurel se remplit de lettres où elle dresse son propre portrait de lycéenne, celui de ses nouveaux amis, de son premier amour… Mais pour faire son deuil, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente, et faire face à ce qui s’est réellement passé, la nuit où May est décédée.

Chronique : Love letters to the dead – Ava Dellaira

Love letters to the dead faisait clairement partie des reliques de ma PAL. Ce livre attendait d’être lu quasiment depuis sa sortie. Alors que j’avais craqué pour sa couverture qui est, avouons-le, vraiment sublime, je ne m’étais jamais lancée dans cette histoire qui promettait d’être émouvante et qui me faisait donc un peu peur… Bêtement, j’ai donc attendu des années avant de sauter enfin le pas, et je pense que j’ai finalement bien fait de ne pas le lire au moment où il faisait beaucoup de bruit car j’ai pleinement savouré ma lecture qui s’est révélée être un petit coup de coeur.

Dans le genre, l’histoire n’a rien de très original. Elle ne sort pas spécialement de l’ordinaire mais elle avait tout pour me plaire. J’ai un gros faible pour les romans YA qui se déroulent au lycée, avec des sujets forts abordés et une dose de mystère et de suspense pour lier le tout. C’est absolument tout ce que j’ai retrouvé dans ce roman, et forcément, j’ai complètement succombé. J’ai eu l’impression de me retrouver dans une intrigue à la Cat Clarke, qui est une auteure que j’apprécie beaucoup. Pour moi, cette histoire était vraiment au niveau de ce que fait cette auteure, ce qui est donc franchement positif.

Le premier et gros point fort de cette histoire, c’est son écriture. Elle est simple, incisive, mais surtout incroyablement poétique. Il y a des tas et des tas de passages à relever pour leur beauté et leur évidence. Ava Dellaira donne du sens à ses mots pour qu’ils nous parlent à tous. Il est difficile de rester indifférent face à certaines phrases qui, pour ma part, m’ont touchée en plein coeur. C’est simple, j’avais parfois l’impression que l’auteure couchait sur papier ces mots que je ne saurais dire. Je me suis beaucoup retrouvée dans les mots de l’auteure et j’ai eu un vrai coup de coeur pour son écriture.

« Je sais bien que tu es morte, mais je crois qu’il y a dans tout être humain quelque chose qui ne peut pas disparaître. Il fait nuit dehors. Tu es là, quelque part. Quelque part… J’aimerais pouvoir te laisser entrer. »

L’autre point fort du récit, ce sont les personnages. D’abord, Laurel, qui est une jeune fille incroyablement courageuse et touchante. Rongée par le chagrin, dévastée même, elle essaie tant bien que mal de reprendre le dessus sur sa vie en s’entourant notamment de personnes toutes plus attachantes les unes que les autres, malgré leurs personnalités bien distinctes. J’ai aimé absolument tous les nouveaux amis de la jeune fille. Ils sont uniques, avec chacun leur histoire, et surtout, ils sont d’une bienveillance incroyable avec Laurel, et j’ai vraiment aimé la relation qui s’est petit à petit nouée entre eux. Avec cette petite bande, j’ai eu l’impression de faire un saut dans le temps et de me retrouver, à mon tour, à l’époque de mes années lycée. Sky, bien sûr, est un personnage qui a retenu toute mon attention. Sa relation avec Laurel n’est pas évidente, parfois tumultueuse, mais c’était un réel plaisir de suivre l’avancée de celle-ci.

« Avec Sky, je peux faire disparaître tout ce qui m’effraie. La nuit, nous marchons dans le quartier et nos ombres se superposent, s’étirent sur toute la largeur de la rue. Nous nous embrassons et je me dis que si mon ombre pouvait rester prisonnière de la sienne, il pourrait éclipser tous les souvenirs dont je ne veux plus. Je peux me perdre dans ce qu’il a de beau en lui. »

Au-delà de ces personnages et de leur quotidien au lycée, l’histoire de Love letters to the dead est bien plus profonde qu’elle en a l’air, avec des sujets très forts et importants qui sont très bien abordés par l’auteure : deuil, quête identitaire, premier amour, homosexualité, abus sexuels… Les thèmes abordés sont variés et très bien traités à travers cette histoire.

Il y a quand même une vraie originalité à relever dans ce roman : sa forme. Il est en effet rédigé sous forme épistolaire, ce qui donne un réel rythme à la lecture. Les pages défilent vraiment rapidement, et j’ai beaucoup aimé le fait que Laurel confie ses sentiments à des personnes célèbres décédées. Cela donnait un côté très intime au roman, avec l’impression d’être dans la confidence.

« J’aimerais que tu puisses me dire où tu te trouves maintenant et pourquoi tu nous as quittés. Tu étais le musicien préféré de ma soeur May. Depuis qu’elle est partie, j’ai du mal à être moi-même car je ne sais pas trop qui je suis. »

« En écoutant ta musique, on se dit parfois qu’il y avait trop de choses en toi. Peut-être que tu n’as pas réussi à tout faire sortir, justement. Peut-être que c’est pour ça que tu es mort. Comme si tu avais explosé de l’intérieur. »

Aussi, le rythme soutenu de lecture tient au fait que l’auteure amène un peu de suspense dans son récit. En réalité, tout nous mène à découvrir la vérité sur la mort de May, la soeur de Laurel, et surtout, sur ce qu’il s’est réellement passé ce jour là. Ava Dellaira arrive à attiser notre curiosité, si bien qu’il est difficile de décrocher de la lecture avant d’en avoir le coeur net. Pour ma part, j’ai lu ce livre quasiment d’une traite et je n’ai vraiment pas vu le temps passer.

Il est difficile pour moi d’expliquer à quel point j’ai aimé ce roman. Je pense que je l’ai lu au bon moment et qu’il m’a fait vivre des émotions que je n’avais pas ressenties depuis un moment dans une lecture. Je suis passée du rire aux larmes, j’ai été émue, en colère, attendrie… Ce roman est un condensé d’émotions et de poésie. S’il ressemble à d’autres romans du même type, il n’en reste pas moins à mon sens très bon, et je vous le recommande donc mille fois !

« Il suffit peut-être de raconter les histoires, même dramatiques, pour ne plus leur appartenir. Pour se les approprier. Et peut-être que grandir, c’est comprendre qu’on peut être autre chose qu’un personnage qui va là où l’histoire le pousse. C’est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l’auteur. »

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