Chronique « LE PATIENT »
Scénario & dessin de THIMOTHÉ LE BOUCHER
Public conseillé : ado/adultes
Style : Thriller
Paru le 10 avril 2019 aux éditions Glénat, collection « 1000 feuilles »
208 pages couleur,
25 euros
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Ca commence comme ça…
Une ville de nuit. Une jeune fille erre un couteau à la main, ses vêtements tachés de sang. Elle est interpellée et menottée par deux policiers. Un des agents la reconnaît. il s’agit de la petite grimaud, la “débile” qui habite une maison rue des corneilles.
Avec des renforts, ils pénètrent dans la maison plongée dans l’ombre et découvrent les corps sans vie, poignardés, de toute la famille… Seul, un des enfants est encore vivant, malgré de graves blessures.
Sept ans plus tard, Paul Grimaud se réveille de son coma, tandis que son corps est en train d’être lavé par une jeune infirmière…
Ce que j’en pense
“Ces jours qui disparaissent”, le précédent album de Timothé le Boucher avait fait grand bruit. Le jeune auteur avait rencontré le succès des professionnels (“Le prix des Libraires de BD 2017”) tout autant que le succès public avec un album très étonnant et original qui mélangeait intime, réflexions sur la vie et glissement vers le fantastique. Dans ce cadre là, j’ai attendu son nouvel album avec beaucoup d’intérêt. Va t-il proposer le même type de récit, jouer sur la même corde ou changer complètement de thématique ?
Et bien, Timothé le Boucher n’a pas choisi pas la facilité. Avec “Le patient”, il nous embarque dans un thriller psychologique assez classique, mais avec sa propre sensibilité. Paul Grimaud, le seul survivant d’un terrible meurtre famillial , sort de coma 7 ans après le drame (il avait 14 ans à l’époque). L’affaire de “La maison des Corneilles” n’a jamais été totalement solutionné, car Laura Grimaud , la suspecte souffre de troubles psychologiques et elle s’est suicidée. Depuis, certaines zones d’ombres sont resté sans solution.
Quand Paul se “réveille”, Le docteur Anna Kieffer , une psychologue spécialisée en “psycho-criminologie” et en “victimologie” le prend en charge. En fait, Anna n’est pas là par hasard, car c’est elle qui s’est occupée de Laura avant que cette dernière ne mette fin à ses jours…
Dans ce huis-clos de l’hôpital se joue alors une nouvelle partition à deux entre la psy et son patient. Chacun se teste et tente de se comprendre et/ou de s’influencer. Que s’est-il réellement passé dans la nuit du drame ? Paul est-il victime d’hallucinations ou d’un étrange homme en noir qui le poursuit quand la nuit tombe ?
Plus que la vérité, ce sont les rapports particuliers qui se nouent que Timothé le Boucher met en scène avec brio et inventivité. Des relations qui fluctuent entre intérêt professionnel, amical, voire de séduction. Autour d’eux, d’autres personnages circulent et interagissent. Jeunes cabossés par la vie et personnel hospitalier entrent dans la danse.
Ce nouvel album de Timothé ne m’a pas provoqué autant de surprise et d’étonnement que “Ces jours qui disparaissent”, mais j’y ai retrouvé avec plaisir son univers qui joue sur les apparences. Qu’est qui est réel ou fantasmé ? La frontière bouge sans arrêt dans ce long et lent récit, jusqu’à la fin.
Au dessin et la mise-en-scène, on retrouve sa “marque de fabrique”. Le trait (typé “ligne claire”) est d’une grande sobriété, plus “réaliste” que dans l’album précédent. . Les couleurs pastels sont appliquées en aplats très sobres.
Mais c’est surtout la mise-en-scène très lente et contemplative qui rend une ambiance particulière. Timothé rend son temps pour montrer chaque scène, plan par plan. Je me suis senti souvent plongé dans le récit, suivant pas à pas les protagonistes…
Alors, prêt pour une nouvelle expérience ? Timothé le Boucher est pour vous proposer un voyage intérieur dans les coulisses d’un post trauma, entre enquête intérieure et Thriller psychologique…