Regis Debray est un écrivain français politiquement engagé né en 1940. En effet, après être entré à l’Ecole Normale Supérieure, il rallie les communistes et plus particulièrement Che Guevara à Cuba et en Bolivie. Capturé en 1967 alors qu’il est membre de l’Armée de libération nationale de Bolivie, il passera trois ans en prison au lieu des trente annoncés lors de sa condamnation. De retour en France, il est chargé des affaires étrangères par François Mitterrand puis participe quelques années plus tard à la formation du comité Laïcité République qui prône la laïcité dans le domaine des affaires publiques.
Tant révolutionnaire que haut fonctionnaire engagé, Régis Debray, de par sa vie politique mouvementée et son expérience de l’enfermement, est bien placé pour parler de liberté et des valeurs républicaines qui lui tiennent à cœur, comme il le fait dans son livre La république expliquée à ma fille.
”On naît homme mais on devient citoyen”
Tout part d’une condamnation à mort à quelques milliers de kilomètres de là, dans une prison du Texas. Une jeune française révoltée par des pratiques qui semblent archaïques s’interroge, son père lui répond. De cette nouvelle funeste nait un dialogue formateur sur les valeurs de la République, éloge de la tolérance pour une meilleure compréhension du système politique français et de son histoire.
Des Etats-Unis et son Etat de droit, on passe à la France et son principe d’égalité. Mais comment réussir à comprendre l’origine de ces différents modes de fonctionnement ? De fil en aiguille, Regis Debray explique les fondements de la République française, liant Histoire et actualité pour répondre aux questions légitimes d’une jeunesse bientôt en âge de voter.
”Sous les cendres, la flamme”.
Ce livre est un parfait résumé des questions qui peuvent être posées par un citoyen en devenir. Je me suis demandé il y a quelques années, par exemple, quelle était la différence entre démocratie et république. En plus de répondre à la question, Régis Debray s’en sert pour rebondir sur un autre sujet, ce qui permet d’approfondir la réflexion et de découvrir de nouveau aspects et de nouvelles ambiguïtés de la république. Si le dialogue permet une interactivité et une explication plus vivante qu’un long monologue, il peut par moments avoir un côté ”donneur de leçon” un peu repoussant. En effet, la jeune fille de dix-huit ans qui lui répond paraît parfois presque trop naïve ou ignorante. C’est toujours elle qui pose les questions, et bien que son rôle soit très important pour relancer le débat, j’ai trouvé un peu dommage qu’à aucun moment ce ne soit elle qui apprenne quelque chose à son père. L’enseignement à sens unique, des adultes à la jeunesse, est le seul point que je reproche à ce livre, qui constitue une synthèse claire et concise des principes républicains à une époque où les rappeler paraît être plus nécessaire que jamais.
Mlle Jeanne