Chronique « UN PUTAIN DE SALOPARD, tome 1 – ISABEL »
Scénario de REGIS LOISEL, dessin de OLIVIER PONT
Public conseillé : Ado/adultes,
Style : Aventure
Paru le 24 avril 2019 aux éditions Rue de Sèvres
88 pages couleur,
17 euros
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Ca commence comme ça…
Brésil 1972. Dans un petit village au milieu de la jungle, Max rencontre Christelle et Charlotte. Le jeune homme vient de perdre sa mère et fait une sorte de pèlerinage sur la terre de sa naissance qu’il a quitté à l’âge de 3 ans. Quand Corinne arrive, les 3 filles se retrouvent avec grand plaisir. Immédiatement Corinne propose à Max de venir chez elles. Dans le trajet en voiture, tout le monde fait connaissance. Christelle et Charlotte sont là pour leur premier job d’infirmière diplômée, tandis que Max est là pour tenter de retrouver son père. Il ignore même son nom et possède pour toute information deux photos avec sa mère et 2 hommes inconnus…
Une fois installée, Corinne partage son grand lit avec Max… et en profite pour le décoincer…
Ce que j’en pense
Quand deux super dessinateurs et scénaristes comme Régis Loisel et Olivier Pont s’associent, impossible de passer à côté. Évidemment, je n’ai pas loupé le coche.
Ayant clôturé ses deux grandes séries en collaboration (“Le grand mort” avec Jean-Blaise Djian et Vincent Mallié et “Magasin général” avec Jean-Louis Tripp), Loisel entame donc une nouvelle grand saga en tant que scénariste. Direction l’Amazonie dans les années 70 !
Tout commence assez gentiment. Après la mort de sa mère, le jeune Max revient sur sa terre natale, un petit village reculé brésilien. Son but : retrouver son père dont il ignore tout, même le nom. Avec deux photos en poche, le voici en mode enquêteur amateur, accompagné d’un trio de filles rencontrées par hasard (les 3 “C” pour Christelle, Corinne et Charlotte). Il interroge les vieux du secteur pour identifier les hommes en questions. Christelle et Charlotte sont là sur la proposition de leur copine, pour remplacer un médecin dans un dispensaire médical en pleine forêt amazonienne…
Entre amitié, amourette et enquête, le début de cette histoire est plutôt sympathique et amusant. Mais l’aventure prend un tournant plus sombre. Chaque groupe rencontre des “putains de salopard”, des forestiers isolés qui traitent les femmes avec le plus grand mépris et violence. Prostitution forcée et meurtres, ces hommes vivent sur un territoire sans lois où tout est possible… Quand les filles et Max découvrent cette réalité, il est déjà trop tard. Tout est allé trop loin et le retour n’est plus possible…
Ce nouvelle saga démarre vraiment très bien. Dès le début du récit, on retrouve la façon de raconter de Régis Loisel. Très proche de ses personnages, avec des dialogues simples et vivants, il les rend “vrais” et touchants. On pourrait très bien s’imaginer que ce sont des copains. L’immersion dans ce petit village du bout du monde et l’“enquête de paternité” participe à une ambiance plutôt potache. Mais ce ton “léger” glisse carrément dans le drame. Soudainement, brutalement, le récit part dans une autre dimension sociale et sombre… Où ce diable de Loisel veut nous emmener ? Impossible à dire pour l’instant. Ce qui est sûr, c’est qu’il a réussit à m’accrocher !
Au dessin, Olivier Pont fait des merveilles. Son trait légèrement caricatural accompagne magnifiquement cette histoire d’amitié qui dérappe. Les gueules sont expressives et l’acting des personnages parfait. Quand Max sourit, son visage s’illumine. Quand il est sombre, ramassé dans ses pensées, on le ressent physiquement. Je n’aurais pas imaginé qu’un dessin caricatural puisse faire passer autant d’émotions. Bravo !
La couleur n’est pas en reste. La forêt et ses multiples variations, dans l’ombre, sous la flotte ou dans la nuit, quelques touches de couleurs suffisent à Olivier pour marquer l’ambiance.
Alors, envie d’un petit voyage culturel en Amazonie ? Attention de ne pas croiser des “Putain de Salopard”…
Lire l’avis de chez Noukette