Detective Comics #1000

Cette année, nous fêtons les 80 ans de Batman. Ces festivités débutent avec le millième épisode de Detective Comics qui, à l'instar de Action Comics l'année dernière, invite les plus grands auteurs de DC Comics afin de réaliser un épisode anthologique.

Tout comme je le reprochais à Action Comics, je trouve dommage que DC Comics préfère l'anthologie à un récit épique ou à une histoire marquante pour Batman. Cela est éditorialement compréhensible dans le sens où depuis des années de ça, l'éditeur a fait de Detective Comics, la petite sœur de Batman et que l'action importante se déroule dans celle-ci. Il serait dommage de gâcher donc les plans de Tom King sur le titre à succès.

Du coup, il est plus simple de demander à différents auteurs star de réaliser des histoires courtes pour rendre hommage à Batman. Et, c'est là que j'ai un véritable problème avec le concept parce que bien que le titre a vu les débuts de Batman, le titre a vu d'autres personnages prendre le devant de la scène comme les inspecteurs du Gotham Police Department, Dick Grayson et, bien évidemment, Batwoman. Mais, ces personnages ne trouveront pas leur place dans cette anthologie ou, en ce qui concerne Robin, seront dans l'ombre de Batman. Finalement, ce millième numéro de Detective Comics ressemble d'avantage à numéro spécial pour les 80 ans de Batman.

Comme je l'écrivais ci-dessus, DC appelle les meilleurs scénaristes qui ont écrits des histoires de Batman mais, aussi, les plus bankables. En revanche, dans les auteurs présents seuls Paul Dini, Scott Snyder, James Tynion IV et Peter J. Tomasi ont écrit le titre, cela le conforte dans l'idée que ce numéro est moins réussi en anniversaire que celui sur Superman. Sans compter que je trouve les histoires moins intéressantes.

Tout commence avec Scott Snyder et Greg Capullo. Le scénariste semble se parodier avec une énième conspiration qui implique un groupe secret que Batman vient à découvrir. Capullo tente de nouvelles choses certainement pour se préparer (ou nous préparer) au titre Black Label qu'il prépare avec Snyder, Batman: Last Knight on Earth. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas une preview à ce récit mais, plutôt, une histoire nombriliste qui semble plutôt rendre hommage aux 50 épisodes qu'au personnage à travers les années. L'histoire que Snyder avait écrite pour Detective Comics #27 pour les 75 ans de Batman me semblait plus pertinente.

Kevin Smith nous raconte une histoire qui se lit très rapidement s'intéressant au rapport entre Batman et les armes à feu. Le scénariste trouve une utilisation simple mais en raccord avec le personnage de l'arme qui a tué ses parents. Jim Lee signe les dessins et, à l'instar de la couverture, c'est bien en-dessous de ce qu'il sait faire. Alors, certes, il arrive à jongler plusieurs fois d'ambiance par page mais c'est décevant.

Paul Dini et Dustin Nguyen nous proposent une histoire qui met en avant les super-vilains de Gotham. C'est peut-être la seule qui ne met pas le projectile plein feu sur le Chevalier Noir. C'est plutôt rigolo comme récit.

Lorsque Warren Ellis écrit Batman, cela fait toujours mouche - mais il me semble que c'est assez rare. Le scénariste s'intéresse alors à la stratégie d'attaque et à la détermination de notre héros. C'est simple mais rudement bien. En plus, les dessins sont signés Becky Cloonan - l'une des rares femmes présentes sur ce numéro spécial, il y a de l'énergie et du mouvement à chaque case. C'est franchement très beau.

Dennis O'Neil est un scénariste qui a marqué le Chevalier Noir, voire révolutionner, montrant une facette plus sombre du personnage. L'inviter pour raconter une courte histoire - parfaitement illustrée par Steve Epting - est donc une très bonne idée. Il ramène ainsi sa création Leslie Thompkins, une amie à Thomas Wayne et qui connait la double identité de Batman. On revient donc forcément sur la fameuse mort des parents Wayne - ce n'est pas la première fois dans l'anthologie où elle est mentionnée - et ce n'est pas forcément très intéressant.

Christopher Priest et Neal Adams joignent leurs forces pour une histoire qui aurait le mérite d'être développée sur un arc complet. Là, c'est expédié bien trop rapidement d'autant plus que l'angle d'attaque est rudement intéressant.

Brian Michael Bendis et Alex Maleev nous écrivent les derniers instants de Bruce Wayne. Celui-ci reçoit alors la visite du Pingouin qui lui révèle qu'il a toujours su qu'il était Batman. Là aussi, cela mériterait d'avoir une histoire complète réalisée par les deux compères mais, cette fois, cette mini-histoire est bien menée. C'est même le moment de génie de ce Detective Comics #1000.

Geoff Johns et Kelley Jones nous embarquent aussi dans le futur de Gotham avec "le dernier crime de Gotham". Je n'ai pas trop compris où le scénariste voulait en venir mais, quoiqu'il en soit, ce n'est pas très intéressant.

James Tynion IV et Alvaro Martinez-Bueno reviennent sur le titre mais non pas pour se rappeler de leur excellent run mais pour raconter une petite histoire autour de Dick Grayson et comment son arrivée dans la vie de Batman a été un déclic pour ce dernier. C'est une très jolie histoire, très bien écrite et dessinée.

Tom King est rejoint par l'insipide Tony Daniel que même la talentueuse Joelle Jones à l'encrage ne saura sauver. On oscille donc entre le beau et simple, et le moche. L'histoire est rudement classique aussi, on revient sur la mort des parents Wayne (il faudrait dire à DC que le premier numéro de Detective Comics ne correspond pas à leur mort) mais avec un axe plus intéressant tout de même puisque King s'intéresse à la Bat-Family. C'est en soit une bonne idée mais, c'est surtout mignon.

On termine ainsi avec un teaser du prochain arc de Detective Comics par Peter J. Tomasi et Doug Manhke qui nous introduira le Arkham Knight, personnage créé pour les besoins du jeu vidéo de Rocksteady. On s'en doute, cette fois ce ne sera pas Jason Todd sous le masque, nous sommes donc en droit d'être intrigués par cette histoire. Mais le teaser est trop simple pour vraiment capter l'attention. Par contre, le lettrage et les couleurs des caption box sont vraiment horribles. C'est une très mauvaise idée d'avoir fait ça.

Il n'y a donc beaucoup d'histoires très intéressantes ou originales. Il faut dire qu'il y a tellement d'histoires sur Batman publiées que c'est compliqué d'arriver à proposer une anthologie digne de ce nom. J'espère tout de même que le point culminant des 80 ans de Batman ne réside pas dans ce numéro.

Detective Comics #1000