Sauvages 1 - Le dernier loup

Par Stéphanie @Sariahlit
"Il valait mieux saisir cette unique chance de vivre plutôt que de rester condamnée à cette espèce de mort ambulante."
Vale Maria
312 pages
Éditions Milady (2019)
Si je rejoins ma meute, je condamne l’étranger à mourir. Mais si je reste avec lui… je fais le pari que ce métamorphe et moi sommes assez forts pour l’emporter.
Reléguée tout en bas de la hiérarchie de la meute, Silver Nilsdottir n’a aucun espoir de voir sa vie s’améliorer, et encore moins de faire alliance avec un compagnon digne d’intérêt.
Jusqu'au jour où un étranger grièvement blessé fait irruption sur les terres de la meute. Silver saisit cette chance, en risquant le tout pour le tout. Sauf que Tiberius Leveraux est plus complexe qu’il n’y paraît et menace de faire basculer le fragile équilibre entre l’instinct sauvage des loups et l’ordre très strict de la meute…
Extrait :
« Je rampe vers John, le menton et le ventre au ras de l'herbe, la queue plaquée entre les jambes, en une posture de soumission, pas tant parce que je tiens à Ronan mais parce que, s'il quitte la meute, ça fera de moi une louve solitaire. Il y a un vieux dicton selon lequel seuls les solitaires sont sûrs d'avoir une descendance, parce qu'ils enfantent sans faute la frustration et la discorde. C'est pourquoi ils se retrouvent au service des alphas et de leur échelon, en tant que nidling. Un nidling n'est rien, n'a rien. Même l'oméga de la meute a le droit d'avoir quelqu'un, un loup aussi minable que lui, de sorte que, en privé au moins, il n'a pas besoin de se soumettre. La vie d'un nidling, en revanche, est une soumission perpétuelle. »
Mon avis :
Actuellement, je suis dans une phase où je lis énormément d’ouvrages sur les loups ou les métamorphes. Le dernier loup, premier tome de la série de Maria Vale, n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Je pensais à découvrir une romance tout comme mes précédentes lectures. Mais il ne s’agit pas que de cela.
Dans ce monde, les loups-garous semblent être davantage des loups qui peuvent parfois se transformer en humains qu’autre chose. Ils acceptent difficilement leur part d’humanité, laissant pleinement leur nature sauvage s’exprimer. Mais, dans un monde où la différence fait peur, où être un loup doit rester secret, où d’autres espèces menacent leur tranquillité, il faut parfois savoir se fondre dans le décor. La meute de Great North Pack a beau vivre dans les bois, ils n’en sont pas moins une société élaborée, avec leurs propres rituels, leurs propres règles conçues pour protéger le clan en priorité. Silver, elle, n’a jamais su faire semblant. Elle aime être une louve, s’ébrouer et courir librement à travers les bois. Mais, c’est aussi une louve avec un handicap, ce qui la rend plus lente et plus faible que les autres loups et qui la met en marge de son clan. À l’approche du dealing, une cérémonie qui marque la transition vers un nouvel échelon de l’âge adulte en mettant les loups en couple, Silver se voit destinée au rôle de servante des Alpha, un statut qui ne lui laissera plus aucune liberté. Mais, l’arrivée d’un hybride blessé, moitié loup, moitié métamorphe, lui offre l’occasion de changer son avenir. Elle décide donc de s’unir à lui pour le sauver, un pari risqué où elle pourrait tout perdre.
La meute, sa structure et sa politique constituent une énorme partie de l'intrigue, et j’ai trouvé cela très intéressant de découvrir un récit sous cet angle, où les protagonistes n’ont rien d’humains, où ce sont des animaux qui vivent au rythme des lunes. L’auteure est parvenue à créer une communauté paranormale qui s'intègre parfaitement dans le monde moderne. La romance passe au second plan mais cela ne m’a nullement dérangé. Au début, Silver et Ti sont tellement concentrés sur le fait d'essayer de se comprendre qu'ils ne semblent pas se rapprocher. Chacun semble réticent à s’ouvrir, à incorporer l’univers de l’autre. Mais, au fil des pages, un lien se créait entre eux. On voit les sentiments entre Silver et Tiberius évoluer, on voit comment la jeune femme parvient à faire accepter à son compagnon sa nature sauvage pour qu’il soit pleinement lui-même. Et bien sûr, l’intrigue intègre des rebondissements, des actions qui viennent ébranler ce pacte audacieux entre deux clans que tout oppose.
Au final, je dirais que j’ai grandement apprécié l’univers créé par l’auteure. La meute, ses us et coutumes, la sauvagerie, tout cela donne une certaine originalité à cette série.
★★★★☆
Stéphanie
Maria Vale est une fervente bibliovore logophile qui aime beaucoup se faire du souci pour le monde qui l’entoure. De formation médiéviste, elle adore incruster la langue de Beowulf dans des contextes qui n’en ont absolument pas besoin. Elle vit dans l’État de New York avec son mari, ses deux fils, et une longue lignée de plantes mortes. On lui interdit toujours d’avoir un animal de compagnie.