Xerxes : la chute de la maison de darius et l'ascension d'alexandre

Par Universcomics @Josemaniette
Frank Miller (Ronin, Dark Knight Returns, Sin City) retourne dans la Grèce antique, après l'inoubliable et discuté 300, pour nous raconter à nouveau le conflit inégal opposant Perses et Grecs, mais cette fois la perspective est légèrement différente. Xerxes - La chute de la maison de Darius et l’ascension d’Alexandre- est une mini-série composée de cinq numéros, où Miller est auteur dessinateur, et Alex Sinclair le coloriste. Chez Futuropolis. C’est donc un récit fort attendu, dans lequel histoire, mythe et violence se mêlent pendant un siècle et demi, des guerres perses à l’avènement d’Alexandre le Grand, et qui prend son essor à cheval des "exploits" de Leonidas et ses trois cents soldats. L'ouverture se fait avec le débarquement en Attique de détachements de soldats perses, sur ordre de Darius. Pour les accueillir, il y a cependant des Athéniens motivés et courageux, dirigés par le capitaine Themistocle et Miltiade, mais aussi Eschyle le dramaturge, dans une introduction bourrée d'action, qui semble avoir d'avantage l'ambition de présenter les personnages et le cadre, au détriment d'une vraie évolution des événements: Darius, l'initiateur de la longue guerre entre les Grecs et les Perses, est à peine mentionné au début de Xerxes, et celui-ci, qui est son fils, est  absent des pages initiales, qui respectent, sur un ton mineur, les ambiances propres à 300. Par la suite sa présence reste mesurée. Notons aussi, pour la petite anecdote historique, que le repli des grecs, sous forme de longue marche de plus de quarante kilomètres, est à la base du marathon sportif moderne. Ici aussi, nous avons donc des Grecs contre des Perses, mais quelque chose a changé: le capitaine de l'armée athénienne, le dur et courageux Themistocle, semblable à bien des égards à Leonidas, ne combat pas seul, mais il est rejoint par Eschyle. La réinterprétation de Miller en fait un meurtrier expert en armes blanches, quasiment un ninja (Miller oblige) et il côtoie Miltiade plutôt androgyne, faire valoir sensible qu'on peut circonscrire facilement. Cette décision d'entourer Themistocle par deux autres intervenants de poids permet d'éloigner l'ombre de 300, au moins sur le plan du cast et des intentions. 


Et Xerxes, dans l'histoire? Il est là aussi pour montrer que le non respect du père peut avoir des conséquences lourdes sur la suite de l'histoire. Le paternel souhaitait que le conflit entre grecs et spartes en reste là, mais le fiston va envahir massivement l'ennemi (dans 300, la bataille des Thermopiles), avant d'épouser une reine de Sion, ce qui va l'amener à défendre les juifs. Par la suite Xerxes casse sa pipe, mais ce n'est pas grave, Miller est déjà passé à autre chose, et il se concentre sur Darius III. Xerxes est trop étalé dans le temps, trop dilué, pas assez bien construit, et cela se ressent.

Frank Miller est fatigué. Usé. Nous l'avions rencontré au Comicon de Naples en 2018 et il était clair que le bonhomme ne peut plus se permettre de produire, créer, dessiner, comme à la grande époque. Il vire de plus en plus à l'essentiel, la caricature, l'énergie primordiale, délaissant toute velléité de réalisme, de respect des canons anatomiques, de dessin léché et séduisant. Plus que jamais Miller est abrupte, incisif, et même, c'est triste à dire mais assez vrai, brouillon sur pas mal de planches, qui ont comme un coté non fini, un work in progress présenté tel quel. Le format rectangulaire, horizontal (dit à l'italienne) permet toutefois quelques fulgurances de mise en scène, des moments de bravoure ou un regard fascinant sur l'art de l'époque et des lieux, qui devraient ravir les amateurs inconditionnels de Old Man Frank. Les autres feront la moue, devant un Xerxes qui se veut exigeant, parfois énigmatique et hors propos, mais qui est un derniers travaux (selon toute vraisemblance) que nous lègue un des artistes majeurs des quarante dernières années. 


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