Chronique « FEMME SAUVAGE »
Scénario & dessin de TIRABOSCO
Public conseillé : Adultes
Style : Anticipation
Paru le 8 mai 2019 aux éditions Futuropolis
240 pages,
25 euros
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Ca commence comme ça…
La fin du monde est proche. Les Etats-Unis sont régis par des fous et le capitalisme a pris le dessus. Une jeune femme, écœurée par ce système, décide de se rendre dans le nord, rejoindre les rebelles. Elle veut se retrouver loin des fachos et de la police fédérale et recommencer une nouvelle vie.
La route est longue et surtout inhospitalière. Pour arriver au Yukon, elle doit traverser de grandes pleines, l’immense forêt et des vallons. Ne surtout pas se faire repérer, ni par les hommes, ni par les drones qui arpentent le paysage. Une femme seule est en danger partout dans ce milieu hostile. A force de fuir, elle va se retrouver acculée dans une cabane qui semble abandonnée. Si sa dernière heure semble avoir sonné, ce n’est sans compter sur un étrange “géant” qui va l’emporter loin de tout danger…
Ce que j’en pense
Je ne crois pas avoir manqué un seul nouveau titre de Tirabosco ! Ses premiers titres étaient des albums pour la jeunesse. Puis, en l’an 2000 sort sa première bande dessinée en collaboration avec Wazem aux éditons Humanoïdes Associés, dans la collection Tohu-bohu, “Week-end avec préméditation”. Suivront plusieurs titres chez Casterman, avant que n’arrive “La fin du monde” (toujours avec Wazem au scénario) aux éditions Futuropolis. “Femme sauvage” est son quatrième titre chez cet éditeur. Que de chemin parcouru dans le monde de la BD depuis les années 2000. Ce qui me fascine en tout premier dans les bandes dessinées de Tirabosco, c’est son dessin. Même s’il peut paraître sombre, il en émane force et rayonnement. On peut chercher, je n’ai pas trouvé d’autres illustrateurs qui lui ressemblent. Son dessin est unique, sa technique magique. Tirabosco dessine avec un procédé que l’on appelle monotype. L’encre est étalée sur sa table à dessin. Le papier, avec le crayonné, est posé sur l’encre. Après, il dessine sur le papier et le dessin va s’imprimer avec tout les “accidents” et les vibrations de l’empreinte du dessin sur l’encre… Je ne connaissais pas ce procédé, maintenant je comprends pourquoi son dessin est si unique !
“Femme sauvage” est une histoire qui colle bien à notre époque. L’auteur a su décrire tout ce que je pense sur notre monde dans cet ouvrage. Si l’histoire se passe aux Etats-Unis, elle aurait pu se passer dans une autre grande ville. Si on ne fait rien, il est évident que dans un avenir proche, notre monde ressemblera à celui décrit dans sa bande dessinée. Certains diront que tout cela est bien pessimiste, moi je leur réponds qu’ils devraient ouvrir les yeux. Tirabosco a, malgré tout, réussi à insufflé dans cette histoire, de l’espoir et de la beauté. Le parcours de la jeune femme est loin d’être facile et de tout repos, pourtant, il y a de la lumière au bout du chemin. Quelles épreuves elle va devoir surmonter avant de se sentir en sécurité.
Je l’ai lu une première fois, puis je l’ai parcourue une deuxième fois. La seconde fois j’ai tourné les pages tout en douceur pour m’imprégner du dessin. Chaque page est différente par sa disposition graphique et cela donne un vrai dynamisme à la lecture. Autant par le texte que par les illustrations. Il y a un passage où l’héroïne se cache sous une falaise pour se protéger de la pluie. Ces pages sont absolument exceptionnelles. Je me suis sentie pénétrée par l’humidité et l’effet glacial… Tout est tragique dans cette histoire. Tout est beau dans sa manière de l’avoir raconté et dessiné. Cette bande dessinée est un hymne à l’espoir. Tirabosco a su faire d’un sujet sombre quelque chose d’extrêmement lumineux !
Cette chronique fait partie de la « BD DE LA SEMAINE ». Réunion chez Noukette, cette semaine.