Le Manoir d’Alderney

Le Manoir d’Alderney

Publié aux éditions 10/18,

Londres, 1910. Tout accable Philip Sidney, diplomate britannique à l'ambassade de Washington, accusé officiellement de détournement de fonds, officieusement d'avoir agressé la fille d'une famille américaine respectée et dérobé un bijou. Chargé de sa défense, Daniel Pitt doute de son client, du dossier, tressé d'étranges coïncidences, et tout autant de lui même : sa propre soeur est proche de la victime. L'affaire en cache bien une autre et lorsqu'un cadavre vient entraver le procès, le jeune avocat se lance dans une enquête dangereuse, aux rouages labyrinthiques. Une histoire de passions, de vengeance et d'idéaux pervertis, qui, dans l'ombre de la Grande Guerre à venir, le mènera jusque dans la Manche, sur la mystérieuse île d'Alderney...

Je remercie Babelio qui m'a fait parvenir le dernier roman d'Anne Perry. Il s'agit ici du 34ème livre de la saga Charlotte et Thomas Pitt. Ces derniers ne sont plus les personnages principaux des intrigues mais leur fils Daniel, avocat de son état.

Jemina, la sœur de Daniel, vient rendre visite à ses parents et à son frère à Londres. Elle s'est mariée avec un Américain, Patrick et a deux petites filles. C'est l'occasion pour elle de faire découvrir sa ville et son pays à son mari. Mais Patrick, policier à Washington, demande un service à Daniel. Une de leurs amies, Rebecca, fille du richissime Thorwood, a été agressée dans sa chambre, la nuit. Son père a reconnu son agresseur. Il s'agit de Philip Sidney, diplomate à l'ambassade britannique aux États-Unis. Ce dernier s'est empressé de quitter le territoire sous couvert d'immunité diplomatique. Le père de Rebecca est prêt à tout pour qu'il soit traduit devant un tribunal. Patrick demande à Daniel de l'aider à faire éclater le scandale au grand jour afin de ruiner la réputation de Philip Sidney...

L'intrigue de ce roman est assez complexe. Les 150 premières pages ont été vraiment ardues. En effet, il s'agit de faire arrêter Philip Sidney sur le territoire britannique pour un autre fait que l'agression puisque celle-ci a été commise à Washington. Ainsi, acculé devant les tribunaux, Philip Sidney ne pourra qu'avouer son méfait perpétré Outre-Manche. Il faut sans doute replacer les choses dans leur contexte. Les personnages anglais sont scandalisés par ce qu'a fait, a priori, Sidney et les Américains les soupçonnent de vouloir étouffer l'affaire. Il est donc question, dans le premier tiers du roman, de loyauté que l'on doit à sa famille mais aussi à son pays. Daniel est partagé entre faire son devoir et aider ses proches. Le début du livre met donc du temps à se mettre en place et on n'apprend pas grand chose de l'affaire: les personnages discutent beaucoup de leur point de vue et j'avoue m'être un peu ennuyée.

En revanche, l'intrigue est plus intéressante quand Daniel va commencer à plaider pour Sidney et qu'il pense qu'il est finalement innocent au sujet de toutes les affaires qu'on veut bien lui coller sur le dos. Les joutes orales au tribunal sont vraiment bien amenées et l'intrigue prend un rythme de croisière enfin intéressant. C'est ce que j'ai préféré dans le roman: observer comment Daniel mène sa barque en tant qu'avocat. C'était ce qu'il y avait de plus passionnant dans le livre.

Le reste n'est qu'atermoiements. Entre ladies et gentlemen, on se regarde quand même beaucoup le nombril. Daniel marche sur des œufs avec tous les personnages se demandant toujours s'il ne va pas blesser telle ou telle personne. Je le dis clairement: on tourne autour du pot et c'est terriblement ennuyant! Le titre du livre m'a aussi induite en erreur. J'ai bêtement pensé que l'histoire se déroulerait dans les Cornouailles, dans un manoir. Erreur: ledit manoir n'apparaît qu'à la fin et joue un rôle mineur! Quelle déception pour moi.

Bref, mon sentiment est mitigé sur ce bouquin. Certaines pages m'ont profondément ennuyée, d'autres se sont tournées rapidement. Je ne conseillerais pas ce roman à ceux qui souhaitent découvrir l'auteur. D'autres romans sont beaucoup dynamiques et alléchants que celui-ci! Il est peut-être temps pour l'auteur de clore sa saga une bonne fois pour toute...