J'ai dû rêver trop fort (Michel Bussi)

J'ai dû rêver trop fort (Michel Bussi)

Disponible sur Amazon

Auteur : Michel Bussi

Édition Presses de la Cité

Paru le : 28 Février 2019

480 pages papier

Thème : Thriller

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Résumé :

« Les plus belles histoires d'amour ne meurent jamais.
Elles continuent de vivre dans nos souvenirs et les coïncidences cruelles que notre esprit invente.
Mais quand, pour Nathy, ces coïncidences deviennent trop nombreuses, doit-elle croire qu'il n'y a pas de hasard, seulement des rendez-vous ?
Qui s'évertue à lui faire revivre cette parenthèse passionnelle qui a failli balayer sa vie ?
Quand passé et présent se répètent au point de défier toute explication rationnelle, Nathy doit-elle admettre qu'on peut remonter le temps ?? »

La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

16/20

Je n'avais jamais lu un seul livre de cet auteur, pourtant il en a écrit un certain nombre, il est très connu, mais je n'ai jamais eu l'occasion de mettre le nez dans l'un des siens. Bref je remercie ma copine qui me l'a prêté car elle a beaucoup aimé et que je ne devais pas passer à côté.

Nathalie est hôtesse de l'air depuis bon nombre d'années. Elle va bientôt avoir 53 ans et adore son métier, même si cela ne fait pas forcément plaisir à son mari Olivier. Il a du mal à la voir partir, même 3 voyages de quelques jours par mois. Ce mois-ci, un chamboulement survint : Montréal, Los Angeles, et Jakarta, trois vols qu'elle a déjà eu, il y a plus de 20 ans. 3 destinations qui ont un sens pour elle. Un amour qu'elle a connu lors du premier vol sans qu'elle ne le veuille. S'il n'y avait que les destinations, il n'y aurait pas autant de sentiments qui virevoltent autour d'elle, mais lorsque l'équipage est exactement le même, qu'une musique semble prendre possession de ses oreilles et qu'une petite pierre grise s'amuse à revenir dans sa poche : c'est sur, Nathy ne peut plus faire semblant. Elle remonte le temps, revoit les mêmes scènes, seule ou peut-être pas...

« J'en choisis une au hasard. Je remarque que sur chaque verre de plastique, en lettres majuscules, est inscrit un court message.

Drink it all, sur celui de Jean-Max

Already Empty, sur celui de Charlotte

No Outflow, sur celui de Flo

et sur le mien

Contente-toi de l'avaler

Just Swallow it

Just SWALLOW it »

Le livre est découpé en quatre parties, quatre lieux importants. Un chapitre en 1999, un autre en 2019. 20 ans d'écart, 20 ans de non-dits, d'émotions enfouies, de sentiments refoulés, enfin pas tant que cela. Une histoire d'amour hors du temps, des frontières que Nathalie va vivre. L'auteur nous dévoile avec parcimonie les éléments. Est-ce que ce personnage est devenu fou ? Qui s'amuse à vouloir la rendre folle ? De petits indices laissés telles des miettes de pains donné à un vieux cygne et sa famille nous montre un chemin. Certains événements étaient plus que visibles, tandis que celui d'un personnage féminin est passé bien à côté. J'ai beaucoup aimé la façon dont le récit est décrit, il y a beaucoup de douceur, de doute, de questionnement entre les lignes. Nous suivons une Nathalie dans son passé et son présent en se demandant de quoi sera fait son avenir.

Je n'ai pas ressenti la tension d'un thriller traditionnel, plutôt le stress de savoir ce qu'elle va découvrir. J'avais déjà des idées sur qui était derrière certains faits. Il y a un enchaînement plutôt rapide dans le présent. Pour le passé, nous avons un écoulement simple, sans fioritures, avec juste les émotions naissantes, jusqu'à ce que l'on apprenne le fin mot de l'histoire. Certains passages sont poignants, ils font mal, ils font réfléchir à notre propre vie, à ce que nous n'avons pas faits mais qui aurait peut-être dû être fait. Il y a toujours des choix à faire, qu'ils soient bon ou mauvais, nous ne pouvons pas vraiment le savoir tant qu'on ne l'a pas vécu. Regret, remord, la différence est mince et pourtant elle apporte son lot de sentiments tristes.

Nathalie est une femme qui nous montre une vie de rêve. Un boulot qu'elle adore, un mari aimant, deux enfants devenus de belles jeunes femmes. Pourtant, ce n'est qu'une image dans un magasine. Son travail est toute sa vie et plus nous avançons dans le récit, plus nous pouvons le comprendre. Son mari, menuisier/ébéniste l'aime, mais est-ce que l'inverse est vrai ? Quant à ses deux enfants, l'une est déjà maman, ayant peu de temps pour discuter avec sa mère, juste le temps de déposer ses jumeaux, tandis que la plus jeune est scotchée à son téléphone. Il lui manque quelque chose, à bientôt 53 ans, elle veut toujours voler. Il est impossible de briser les ailes d'une hirondelle.

« Nous voilà assis, alignés, serrés sur le banc-serpent qui surplombe le parc. Valentin le surveille, prêt à le plaquer au sol s'il tente de se tirer avec. On demande à l'artiste asiatique de prendre une photo. Il en prend vingt, on doit quasiment lui arracher l'appareil des mains. On vérifie. Sur presque tous les clichés, j'ai la tête tournée, de profil, observant le parc en contrebas, attendant le moment où le flux de touristes va, par magie, se figer.

Ce moment qui n'arrive jamais ! Il n'y a pas de magie dans la vie. Juste une réalité qu'on s'amuse à réinventer.»

Quand Barcelone arrive entre Los Angeles et Jakarta, le doute n'est plus possible : le destin, le hasard, le rendez-vous est pris. Nathalie va devoir admettre que le passé n'est pas enfoui, la promesse faite risque d'être mise de côté. Un coup de fil, une voix, un crissement de pneu et une vie gâchée, volée. Tout cela pour quoi ? Pour quelques mots volés. Ylian est toujours dans son coeur, quoiqu'elle dise. Il a toujours été là, quelque part malgré les années écoulées. Ce qu'elle a fait pour lui prouver son amour est complètement dingue, fou et pourtant... pourtant lui laisser un bout d'elle, un gros morceau d'elle était ce qu'elle pouvait faire de mieux. Choisir, on en revient toujours à ce mot, elle aurait aimer le choisir, s'il l'avait demandé, s'il avait dit quelque chose. Ylian est un homme qui n'a pas confiance en lui et pourtant il a un talent fou. Il choisit de vivre au jour le jour, il choisit de ne pas obliger celle qu'il aime à tout plaquer pour lui, qui se prend pour un raté. L'auteur nous laisse découvrir par petits bouts, des moments de leur vie, ensemble, séparément.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Flo, une collègue de travail et accessoirement amie qui est marié à un fantôme, Jean-Max le pilote qui court sur tout ce qui porte une jupe, Charlotte une petite nouvelle qui est dans le métier depuis peu. Olivier, Laura et Margot, Ulysse, Valentin, tous ont une part importante dans ce récit. Les sentiments ne se commandent pas, tout comme faire souffrir quelqu'un qui nous aime mais que nous ne pouvons pas aimer. Le coeur est un véritable mystère, la raison ne peut pas passer dessus. Les souvenirs restent, avec plsu de force qu'on ne l'aurait cru.

En conclusion, le passé ne reste jamais secret. Une évidence peut parfois être un simple moment de pur bonheur. Le sacrifice est douloureux, faire des promesses l'est tout autant. L'hirondelle ne cessera jamais de voler, par n'importe quel temps, parce que les sentiments ne disparaissent pas parce qu'on le veut bien. Ils sont là et ne nous quittent qu'à notre mort.


 

J'ai dû rêver trop fort (Michel Bussi)


 

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