Premières lignes #63

Par Pommy @Pomme___Rouge
Premières lignes est un rendez-vous initié par Ma lecturothèque. Le principe est simple, tous les dimanches, je vais vous citez les premières lignes d'un ouvrage.

" Prologue

Keegan, huit ans plus tôt,

- Pardonnez-moi, mon Père, parce que j'ai péché.
- Comptes-tu te repentir, Sauvage, de peu de foi ?
L'ombre d'un sourire mauvais ourle mes lèvres trop charnues dissimulées du mieux possible sous mon bouc tandis que mon regard erre, affamé.
- Tu m'as bien regardé ? J'ai l'air de chercher la rédemption ? Plutôt crever.
- Tu vois que tu as la foi, finalement. Amen, mon frère.
Silencieusement, je me contente de choquer ma bouteille de bière contre la sienne, avant d'en porter le goulot à ma bouche. Un pue du liquide ambré coule sur mon menton et se perd sur la fine barbe ombrant mon visage sans que je ne cherche à l'en chasser. J'en ai rien à carrer. Et pourquoi ? Parce que ça n'a pas d'importance. Ce soir, je fête mon existence merdique. Affalé sur un des canapés défoncés du salon, ma boots tapant une mesure fantôme la table basse, une bière au creux de ma paume, je squatte la Baraque pour la dernière fois avant... bah, très longtemps.
La dernière fête. Les dernières heures avec mes frères. Un dernier coup ç tirer avant un sacré bail. Mes dernières respirations à l'air libre avant de caler mon cul derrière les grilles d'une des cellules de l'Angola State, le pénitencier d'État. Ma dernière condamnation avant la perpète.
Un rictus désabusé éclaire mon visage fatigué. La réinsertion, très peu pour les lascars du coin tels que nous. ça me va. Qu'on m'évite ces conneries de seconde chance. Très peu pour moi. Je ne suis pas différent de mes frangins. Presque pas. À quelques légères encablures près. La route, la liberté, une nana de passage pour réchauffer mon pieu, je n'en demande pas plus. N'en souhaite pas plus. Ma place en Enfer est déjà réservée avec mon nom peint en lettres de sang. Alors pourquoi se casser le cul ç mieux, à plus, quand tout ce que l'on nous a appris sont la violence, les trafics, et en ce qui me concerne... encore et toujours plus de violence. "