Rahan – Nouvelle intégrale spécial 50 ans – Tome 1

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « RAHAN – NOUVELLE INTÉGRALE SPÉCIAL 50 ANS – TOME 1 »

Scénario de ROGER LÉCUREUX, dessin de ANDRÉ CHÉRET

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : aventure pseudo-historique
Paru le 27 frévrier 2019 aux éditions SOLEIL,
168 pages couleur
Prix 18,95 euros

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Ça commence comme ça :

Nous sommes à l’aube de l’histoire de l’homme. Un couple de chasseurs, dont la femme porte un bébé sur le dos, avance dans la plaine. Comme le voulait la coutume à l’époque l’enfant s’appelle Rah jusqu’à la deuxième pleine lune où ses parents devront lui trouver un nom. Malheureusement, pour eux, ils n’auront pas le temps de baptiser le petit d’homme car des goraks (tigres dents de sabre) vont avoir raison d’eux. Peu de temps après, alertés par des pleurs la tribu du mont bleu, emmenée par leur chef Craos tombent sur l’enfant de ses Hans (braves). Celui-ci décide alors de l’adopter et de l’appeler Rah le fils des Hans, ainsi commence donc la légende de Rahan…

Ce que j’en pense:

Ceux qui n’ont pas connu l’époque (bénie) du magazine « Pif gadget » ne peuvent pas comprendre ce que j’ai ressenti en ouvrant cet album. En effet, cette madeleine de Proust en puissance est une véritable machine à remonter le temps, celui de l’inconscience de notre folle jeunesse. Trêve de sensiblerie et venons-en aux faits.

Rahan, c’est d’abord le pari fou de deux artistes, Roger Lécureux au scénario et André Chéret au dessin. Nous sommes à la fin des années soixante et les comics de super-héros et autres histoires de SF futuristes commencent à remplacer ceux de cow-boys dans les kiosques à journaux français. Seuls quelques magazines résistent tant bien que mal à cette invasion, mais ils leur faut cependant du nouveau pour pouvoir subsister. J’ai l’impression d’être un mélange entre Alain Decaux et Super-Dupont, là ! C’est là que nos deux artistes entrent en scène avec une idée audacieuse, mais risquée. Pourquoi ne pas aller à contre-pied de ce que proposent les autres magazines en créant un héros évoluant à la préhistoire ?  C’est ainsi que nous pûmes découvrir la série  « Rahan » dans les pages du premier numéro de « Pif gadget« .

Nous étions en mars 1969, les plus matheux d’entre vous pourront donc constater que cela c’est déroulé il y a cinquante ans tout juste. C’est pourquoi, les Éditions Soleil nous proposent cette année une réédition intégrale de la série avec une nouvelle découpe et surtout une modernisation de l’encrage.

Ce premier album, astucieusement intitulé “tome 1” s’ouvre sur l’enfance du “héros des âges farouches”, nous y apprenons, par exemple, d’où viennent et surtout ce que représentent son collier et son coutelas. Un chapitre de présentation rendu dynamique par des scènes d’action habilement placées. Nous enchainons ensuite avec la première quête de Rahan qui cherche à trouver la tanière du Dieu soleil. Un récit en plusieurs chapitres complètement indépendants les uns des autres. En effet, la force de la série vient du fait que Rahan rencontre un peuple différent à chaque chapitre, même si un certain fil conducteur existe, cela qui permet de suivre l’intrigue sans être un inconditionnel acharné.

Au passage, j’ai vraiment apprécié que le peuple des “peaux noires” soit présenté comme pacifiste. Cela change de la vision de l’époque encore très caricaturale (pour ne pas dire raciste) des gens de couleur dans la bande dessinée.

De plus, Roger Lécureux place de façon subtile de petits messages sur l’importance de se cultiver, de chercher des voies pacifistes à des conflits et même sur les dangers de l’alcool ! Des exemples parmi tant d’autres qui font de Rahan une série à la fois distrayante et éducative. Enfin, éducative si l’on veut, parce qu’il ne faut pas vraiment chercher de faits historiques dans cette histoire, même si forcément il y en a tout de même quelques-uns. L’auteur a clairement cherché ici à créer plutôt que de relater, ce qui engendre des anachronismes volontaires.  

D’un point de vue graphique, rien à redire. André Chéret maîtrisait le crayon, cela est indéniable. Que cela soit dans les proportions des personnages, leur physionomie ou leurs mimiques, tout ici tant à la perfection. De plus, les décors sont fouillés et extrêmement variés ce qui produit un effet de réalisme assez saisissant.


Que l’on soit nostalgique, comme moi, des années “Pif Gadget” ou un inconditionnel de série d’aventure rythmées, cette collection est immanquable. Cependant, n’étant pas un vrai fan de “Rahan”, je ne saurais pas dire si cette réédition est vraiment nécessaire à quelqu’un possédant déjà l’intégrale de la série.