Bonjour tout le monde,
J'ai le plaisir de vous retrouver pour un nouvel article des Carnets de Wolkaiw. Il s'agit d'un rendez-vous dans lequel je laisse libre cours à ma pensée, traitant de divers sujets, en rapport ou non avec la lecture et le blog. Dans cette cinquième édition, j'aborde la question des avis mitigés et négatifs, un sujet que certains considère comme tabou.
C O N S T A T
Je désire aujourd’hui vous partager un retour sur mon expérience de blogueuse/chroniqueuse. Peut-être le ne savez-vous pas, mais je suis présente sur la blogosphère depuis presque dix ans et de ce fait j’estime être suffisamment légitime pour aborder certains points et soulever quelques problématiques. Depuis plusieurs années, le monde des chroniques (en tous genres) fait face à une omerta en ce qui concerne les avis négatifs et mitigés. Je ne compte plus le nombre d’avis ultra-enthousiastes, de coups de coeur et de commentaires de complaisance que je vois fleurir tous les jours sur la toile. En revanche, je pense compter sur les doigts d’une seule main les retours mitigés/négatifs ainsi que les retours véritablement constructifs.
Ce constat m’amène donc à me poser plusieurs questions parmi lesquelles (liste non exhaustive) : les chroniqueurs aiment-ils toujours ce dont ils parlent ? Les avis sont-ils sincères ? Que vaut l’avis d’une personne qui écrit toujours des retours enthousiastes ? Les gens ont-ils peur d’écrire ce qu’ils ressentent vraiment ? Ne se doit-on pas d’être honnête vis-à-vis de soi, de son lectorat et de l’auteur ? Quelle image renvoie-t-on en n’écrivant que des avis positifs ? Est-ce pour protéger les auteurs ?
Toutes ces pistes de réflexion me conduisent à une réflexion plus générale – titre de cet article – qui n’est autre que : pourquoi écrire des avis mitigés et/ou négatifs ? Je mènerai cette analyse en développant plusieurs points, tentant de vous fournir une réponse la plus complète possible.
Attention, les propos qui vont suivre ne concernent que les chroniques dites constructives. Je ne m’intéresse pas aux chroniques qui n’ont pas pour vocation de l’être. Je parlerai essentiellement de chroniques de livres mais elles peuvent aussi concerner d’autres domaines.
◘ Être honnête et sincère non seulement envers soi-même mais aussi envers son lectorat et l’auteur.
Je trouve qu’une des principales qualités de tout chroniqueur doit être l’honnêteté. Transparence ou sincérité, donnez-lui le nom que vous voulez, l’idée est la même. Il s’agit à mes yeux d’un des piliers de la relation de confiance qui est établi entre un chroniqueur et les individus qui gravitent autour de lui. Il n’y a pas que les auteurs qui bénéficient d’un lectorat, c’est aussi le cas des chroniqueurs ! Écrire une chronique c’est vouloir partager un ressenti, des émotions, des impressions, c’est la notion de partage qui domine, l’envie de transmettre quelque chose. Il apparaît donc primordial d’être sincère et authentique sinon quoi la notion de partage n’a plus aucun intérêt. Je ne me sentirais pas légitime pour écrire des chroniques si je n’étais pas honnête, ma conscience ne le supporterait pas. Je ne vois aucun avantage ou intérêt à mentir et embellir les choses, je vais y revenir plus en détails au fil de l’article.
◘ Un avis mitigé/négatif n’est pas forcément un avis blessant ni même méchant.
J’entends et lis souvent qu’il ne faut pas publier ses avis s’ils sont mitigés voire négatifs, quel baratin ! Il faut soit-disant préserver les auteurs, surtout les plus sensibles. Les préserver de quoi ? Autant leur mettre des œillères dès la sortie de leur livre, ce serait plus simple. J’admets volontiers que certains avis font mal, que certains blessent, mais ce n’est pas le cas de tous, loin de là ! Un avis mitigé n’est pas forcément un avis qui défonce votre livre, et heureusement. Une chronique mitigée pointe du doigt ce que le lecteur n’a pas apprécié et pourquoi, sans dénigrer le travail fourni par l’auteur. Je pars du principe qu’une chronique méchante et volontairement blessante ne sera pas constructive pour l’auteur. Il y a certaines formes à respecter, notamment dans la formulation des arguments. Mettez-vous bien dans la tête que mitigé et négatif ne sont pas des synonymes de blessant ni même méchants.
◘ Écrire un avis mitigé peut permettre à l’auteur de s’améliorer
En écrivant vos remarques sur ce qui n’a pas été durant la lecture, vous aidez l’auteur à progresser. Certains prendront en considération vos remarques, d’autres préféreront faire comme s’ils n’avaient rien vu. Votre avis ne vaut pas parole d’évangile mais il peut débloquer des choses et surtout, pointer du doigt des éléments/informations sur lesquels l’auteur va pouvoir réfléchir. Il est primordial de ne pas négliger les aspects positifs du texte (s’il y en a) afin d’apporter de la valeur à votre avis, vous montrez ainsi que vous êtes capables de faire la part des choses et d’argumenter aussi bien dans un sens que dans un autre. En règle générale, lorsqu’il s’agit d’un partenariat, l’auteur ou la maison d’édition souhaite renouveler l’expérience car votre avis témoigne d’une lecture attentive du livre et d’une démarche constructive. Vous comme eux avez tout à y gagner.
◘ Ne tombez pas dans la complaisance : jamais !
Peut-être que certains auteurs vous demanderont de leur écrire de jolies et gentilles chroniques : fuyez. Je déteste, je haïs au plus haut point la complaisance. Elle n’apporte rien de bon, au contraire ! Vous pensez acheter un super livre, lire une très belle histoire car c’est ce que disent tous les commentaires et une fois le livre en main, c’est la catastrophe. Pour éviter cela, ne participez pas à cet odieux mensonge, à cette illusion que tout est beau dans le meilleur des mondes. Vous ne gagnez rien à écrire un avis de complaisance si ce n’est à flatter l’égo de l’auteur… Vous flouerez votre lectorat, vous véhiculerez un message erroné et vous vous mentirez à vous-même. Bref, rien de bon !
◘ Diversifiez votre contenu.
J’ai une fâcheuse tendance à me méfier des blogs qui ne publient que des avis positifs. On peut tout aimer (à des degrés différents), mais cela me donne l'impression qu'il n'y a pas vraiment de distinction entre les livres, que la personne omet sans doute volontairement de parler des autres livres, ceux qu’elle aime moins. Je vois parfois des blogs qui publient presque toutes les semaines des coups de coeur et autres avis ultra-enthousiastes, c’est à se demander quelle distinction ils font entre leur lecture, s’ils lisent parfois des livres moins bons que les autres… Cela contribue à l’image que vous voulez donner de votre blog.
◘ Un avis reste un avis : c’est aussi une publicité pour l’auteur.
En partageant votre retour de lecture, vous contribuez à faire connaître le livre sur les réseaux sociaux. Que votre avis soit positif ou non, les gens voient d’abord l’image, c’est-à-dire la photo ou la couverture du livre, avant de lire votre avis. On scroll souvent sans lire, beaucoup verront la photo sans s’arrêter sur l’avis. Cela permet également de tester l’auteur (bouuuh c’est pas gentil) et de voir s’il partage toutes les chroniques ou s’il sélectionne les chroniques qu’il partage . Vous en apprendrez beaucoup sur sa personnalité.
◘ Forgez votre esprit critique.
Écrire une chronique mitigée n’a rien d’aisé, je suis bien placée pour le savoir. J’ai tendance à paniquer, à avoir peur d’être trop sévère. Je me mets toujours à la place de la personne qui va lire et je m’interroge sur ce qu’elle va ressentir, sur le message global que véhicule ma chronique. Je m’évertue donc à employer les bons mots, ceux qui sont justes et qui ne blessent pas, ceux qui traduisent ma pensée sans dénigrer le travail de l’auteur. D’une certaine manière, ce genre d’exercice forge l’esprit critique et vous oblige à travailler vos formulations car bien évidemment, le but n’est pas de défoncer un livre mais de donner des clés à l’auteur pour s’améliorer par la suite.
◘Vous critiquez un livre, pas une personne !
Certaines personnes pensent souvent que l’on attaque un individu quand on critique son livre. C’est faux ! À moins d’un différend personnel avec l’auteur, un chroniqueur n’a aucun intérêt à s’en prendre directement à la personne derrière l’auteur dans sa chronique. On critique un livre, son contenu, l’histoire, la plume etc, on critique tout ce que contient le livre, on peut critiquer l’auteur et ses choix, mais on ne critique pas l’individu derrière l’auteur.
◘ Vous êtes humains et vous avez tous des goûts différents.
Quoiqu’on puisse entendre ou lire, les chroniqueurs ne sont pas des machines ni des robots, ce sont des humains. Quelle révélation ! Vous ne me croyez pas n’est-ce pas ? Pourtant je vous assure que c’est la stricte vérité ! Et les chroniqueurs ont tous des goûts différents, des spécialités et une façon d’écrire. Ce ne sont pas non plus de vilaines personnes qui prennent du plaisir à dire du mal de vos livres : ils ont un coeur, j’ai un coeur ! C’est humain de ne pas aimer un livre, ce serait inhumain d’absolument tout aimer.
Cet article n’est pas une incitation à écrire des chroniques mitigées mais plutôt un article pour déculpabiliser. N’ayez pas peur, vous avez le droit de ne pas aimer un livre et le lire !