AUTEUR: Liz Suburbia
TITRE: UN COEUR PUR
ÉDITEUR, ANNÉE: Casterman, 2019
NOMBRE DE PAGES: 308 pages
Une couverture qui a attiré mon regard, un résumé prometteur… Est-ce que « Un cœur pur » de Liz Suburbia allait répondre à mes attentes ?
Résumé:
« Ben est une lycéenne un peu loser, qui passe ses journées entre son chien, son meilleur ami Otto – moitié punk, moitié tocard – et sa sœur, Empathy, dans la petite ville paumée d’Alexandria. À Alexandria, tous les parents ont disparus et les ados vivent dans l’attente de leur retour, même s’ils y croient de moins en moins. En attendant, ils font la fête, organisent des concerts, boivent, baisent et enchaînent les mélodrames, tandis que Ben et Otto se rapprochent inexorablement l’un de l’autre, au péril de leur amitié. Et puis il y a les meurtres aussi… »
Ces derniers temps, nous avons eu plusieurs histoires, que ce soit à travers des romans ou des films/séries, où des adolescents se retrouvent seuls, sans aucune présence adulte dans les environs. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, Netflix nous a proposé « The Society » qui partait de ce postulat. Et c’est de même pour « Coeur Pur ».
Alexandria, la ville où tout se déroule, semble être une petite ville normale… Certes, il y’a quelques tags, mais pas au point de nous inquiéter. On croise plusieurs jeunes, tous occupés à diverses activités habituelles (sorties entre amis, rencontre au stade etc…). Puis arrive Ben qui promène son chien et va à la rencontre de son meilleur ami Otto. Encore là, discussions habituelles entre deux adolescents, typique et sans surprise. Ben repart, se demandant si sa sœur est bien rentrée à la maison et… Tombe sur un cadavre.
Après un sursaut de surprise, elle part chez son ami tranquillement. La sensation de « normalité » n’est plus. L’ambiance est tout autre…
Que dire à part que j’ai aimé être déroutée. L’autrice joue à merveille avec cet effet de quotidien normal d’adolescents, voir quelque peu cliché, ponctué de touches de faits improbables, presque irréels. Alors, oui, suivre le train-train quotidien d’une bande d’adolescents peut donner la sensation d’un rythme lent et que peu de choses arrivent. Pour ma part, j’ai aimé cette sensation d’entrer dans une sorte de normalité pour ensuite chavirer face aux meurtres, d’étranges événements et d’images/paroles assez symboliques.
Du côté des personnages, je me suis attachée à Ben qui, sous son air blasé, éprouve de l’inquiétude pour sa petite sœur et ne sait comment gérer sa relation avec son meilleur ami, Otto. Bien plus encore, la jeune fille semble être la seule à espérer le retour des adultes. Quant aux autres, certains cherchent des réponses à travers des signes, d’autres se posent des questions sur leur avenir et puis il y’a ceux qui profitent de l’absence d’autorité pour vivre au jour le jour. Ils ne sont pas pour autant de simples figurants que l’on oublie la page tournée. Ils sont de nombreuses facettes de cette ville étrange, apportant une profondeur au récit et, surtout, une certaine résilience face à la situation.
Pour finir, ce qui est du dessin, j’ai aimé le style de l’autrice qui me change de ce que je lis habituellement et qui se marie bien, à mon sens, avec l’ambiance qui se dégage à travers le récit. Et j’ai aussi apprécié que ces adolescents soient proches de la réalité (différentes morphologies, les boutons d’acné etc…). Puis vient la dernière page… Je suis restée figée un instant, revoyant les signes croisés tout au long de l’histoire. Et j’ai compris que j’avais aimé ce roman graphique.
Conclusion:
« Coeur pur » est un roman graphique particulier, oppressant et si énigmatique qui se démarquent, de très loin, de ce que j’ai l’habitude de lire. Beaucoup de questions restent en suspens, surtout avec la fin abrupte et inattendue qui offre le choix à de nombreuses interprétations.
Peut-être que le style de dessin, le rythme calqué sur le quotidien de ses adolescents et la fin abrupte pourra ne pas plaire à tout le monde, mais je vous invite tout de même à découvrir ce récit qui traite d’une façon originale de l’adolescence dans une ambiance à « La quatrième dimension ».