Martin Eden, un marin modeste de la baie de San Francisco, est introduit à la famille Morse après avoir courageusement sauvé leur fils, Arthur. Il y rencontre Ruth, sa jeune sœur, et est subjugué par ses connaissances, son intelligence et sa finesse. Pour revoir cette jeune femme si différente de celles qu’il a côtoyées jusqu’alors, Martin Eden commence un long apprentissage. Alors qu’il a arrêté l’école avant même d’entrer au collège, il se passionne pour la grammaire et la philosophie, en passant pas les sciences et la politique. Après de longs mois d’étude, il se lance finalement dans l’écriture, espérant ainsi pouvoir faire fortune sans retourner en mer loin de celle qu’il aime…
Après Le vagabond des étoiles et Radieuse Aurore je me suis lancée dans la lecture de Martin Eden avec de grosses attentes, et je n’ai pas été déçue ! Dès le tout début du roman, Martin rencontre Ruth et tout commence : pour la revoir, il va falloir s’élever à son niveau, comprendre tous les mots savants qu’elle emploie, lire les ouvrages qu’elle admire, bref mériter son estime. Présenté comme cela, l’histoire peut sembler un peu clichée, comme une simple amourette mais ce qui m’a passionné dans Martin Eden n’est pas tant la raison de son apprentissage que la façon dont il l’accomplit. Il se jette à corps perdu dans l’étude, et plus rien n’a d’importance pour lui, tout ce qu’il veut c’est apprendre. Je suis vraiment admirative de sa façon de se cultiver en autodidacte, par soif d’apprendre, et par amour surtout.
« Les jours étaient trop courts. Il avait tant d’études à entreprendre. (…) Il eût volontiers consacré la totalité de son temps à chacune de ses activités et c’était la mort dans l’âme qu’il cessait d’écrire pour étudier, cessait d’étudier pour se rendre à la bibliothèque et s’extrayait de celle-ci pour se plonger dans la lecture des magazines, à la recherche du secret qui permettait aux autres écrivains de rendre leur production. (…) Mais le plus dur était de refermer ses manuels d’algèbre et de physique, de ranger son papier et son stylo pour clore ses paupières lourdes et se forcer à dormir. »
Petit à petit, on voit Martin évoluer : ses idées deviennent plus complexes, son vocabulaire plus recherché et ses mots d’argo plus rares. Très vite, il est capable de prendre du recul, de se forger sa propre opinion pour remettre en question ses maîtres. Sa vision de l’apprentissage, en analogie à la navigation qu’il connaît bien, est très juste car elle insiste sur l’infinité du savoir et la multitude des domaines à découvrir, et s’approche même d’une vision humaniste :
« Le savoir, c’est comme une carte de navigation. C’est l’impression que ça me fait chaque fois que j’entre à la bibliothèque. Le rôle des professeurs, c’est de faire visiter la salle des cartes aux étudiants. »
De plus, Jack London ne s’arrête pas à l’apprentissage de Martin Eden, il nous montre son évolution jusqu’au bout, dans les bons comme dans les mauvais côtés et c’est aussi ce qui fait la beauté de l’histoire. Ainsi, les classes sociales en prennent tour à tour pour leur grade et la politique, sujet qui intéressait Jack London il me semble, n’est pas laissée de côté (la première moitié de Martin Eden est en effet souvent considérée comme une autobiographie romancée de Jack London).
En conclusion, Martin Eden est un roman passionnant, une véritable ode à l’apprentissage et à l’amour nuancée par une fin poignante qui conclut l’histoire sur une réflexion sociale et culturelle. A lire absolument !
Pour lire l’article de Yoko, auquel j’ai ajouté mon avis, sur son blog dédié à Jack London, c’est ici !
Mlle Jeanne