C'est, encore et toujours, grâce au Reading Classics Challenge de Lilly & Books, que je me suis lancée dans ce roman de Margaret Atwood, bien connue pour sa Servante écarlate. J'ai d'abord été tentée de découvrir celui-ci, mais les critiques que j'en ai lu n'étaient pas toujours élogieuses, beaucoup avaient même arrêté en cours de route. Je suis donc allée dans ma librairie préférée et j'ai pris un autre roman de cet auteur. Je ne regrette pas.
C'est un roman vraiment haletant construit autour d'une intrigue mêlant l'argent, l'amour, le désir, la politique, la déontologie, la science, le bonheur... Les personnages de Stan & Charmaine sont livrés à eux-mêmes : mariés depuis peu mais victimes d'une crise économique sans précédent, ils vivent dans leur voiture, constamment inquiets à l'idée d'être agressés. Quand Charmaine voit passer une publicité pour Consilience, elle est immédiatement attirée. Le concept est simple : un mois en liberté dans un monde coupé de tout, au sein duquel tous les habitants ont du travail, un toit sur la tête et de quoi manger, et un mois en prison à s'occuper de travaux d'intérêt général. Evidemment, même la prison semble plus attirante que la vie qu'elle connaît avec son mari : on y mange et on y dort en sécurité. Malgré les réticences de Conor, le frère de Stan, les deux héros signent et s'engagent pour la vie... Ils ne savent malheureusement pas dans quoi !
Derrière la façade dorée se cache une réalité glaçante. Bien sûr le concept fonctionne, mais à quel prix ? Que fait-on de ceux qui veulent s'enfuir ? Qui n'y croient plus ? Les deux personnages voient leurs illusions fondre comme neige au soleil au fil des mois. Leur mariage a été amoché par la vie qu'ils ont dû partager et Charmaine est séduite par un homme qu'elle désire passionnément. A partir de cet écart de conduite, tout va s'accélérer pour nos héros. La simple histoire de sexe devient une intrigue politico-économique dont dépend la vie de milliers de personnes. Ed, le fondateur de Consilience, maîtrise les faits et gestes de tous ses clients. Il va de soi que, comme beaucoup d'êtres humains, il sera tenté d'utiliser son pouvoir à des fins personnelles. Au cœur d'une histoire qui les dépasse et qu'ils ont de la peine à croire, Stan et Charmaine, séparés par les membres de la sécurité du protocole, apprennent à se battre seuls, contre leurs désirs, leurs colères, leurs préjugés. Ils ouvrent les yeux sur la réalité, sur la chance qu'ils avaient avant et ils grandissent. Charmaine, surtout. Profondément naïve, influençable, elle est l'instrument de beaucoup de gens véreux et elle a même eu tendance à m'agacer dans sa tendance à se convaincre que tout va bien dans le meilleur des mondes ; alors que Stan, plus " ours ", devient l'outil de la rébellion pour sauver sa femme, pour se sauver lui, pour tenter quelque chose !
Comme à chaque fois, je ne peux pas trop en dire car il y a un vrai suspens dans ce roman, et jusqu'à la dernière page, vraiment ! Je m'en tiendrai donc à mon ressenti. Ce roman est une dystopie passionnante parce qu'à dimension plus humaine que ne le sont des sagas, que j'ai par ailleurs adorées, comme Hunger Games ou Divergente. Nous savons tous que l'argent ne fait pas le bonheur, mais l'absence d'argent mène très souvent à une grande détresse. N'aurions-nous pas signé, nous aussi ?
Ce texte fait également réfléchir à une tendance que nous avons encore aujourd'hui : préférer fermer les yeux que découvrir la vérité et dénoncer, de peur de perdre son confort. Jusqu'où les dirigeants (de manière générale bien sûr, aucune volonté politique dans mon propos !) peuvent-ils utiliser cette peur de perdre ce que l'on a ? Jusqu'où les laisserons-nous aller avant de réagir ?
Je vous laisse sur cette réflexion 😉
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)