Chronique « KANOPÉ TOME 2 = Héritage »
Scénario et dessin de Louise Joor,
Public conseillé : Tout public,
Style : Aventure écologique, Anticipation
Paru chez Delcourt, le 29 mai 2019,
136 pages couleurs
17,95 euros
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Ça commence comme ça…
Dans la forêt, Kanopé, nue et seule, est en train d‘accoucher, quand un énorme alligator s’en prend à sa cabane. Momentanément protégée sous les décombres, Kanopé finit son travail en mettant au monde.
Épuisée, elle mord dans le placenta, (à la façon des singes) pour se donner un peu de force. Après avoir coupé le cordon de son fils avec les dents, elle attache le reste à une flèche et tire au loin. Les caïmans se jettent dessus en s’éloignant. Encore trop faible, elle s’effondre sur une butte immergée. Là, une loutre géante la menace. Lui montrant qu’elle n’ait pas son ennemi, l’animal se calme…
6 ans plus tard, Jean, l’homme que Kanopé avait sauvé est de retour dans la forêt amazonienne, rendue invivable par la catastrophe de la centrale nucléaire…
Ce que j’en pense :
En 2014, Louise Joor m’avait émerveillé avec son premier récit, Kanopé, qui nous plongeait dans la forêt amazonienne contaminée par l’explosion d’une centrale nucléaire. L’accident avait rendu l’endroit invivable. Et pourtant, c’est dans ce décors à la fois beau et dangereux (peuplé de créatures géantes) que nous suivions les aventures d’un duo antinomique : Kanopé, une “fille de la forêt” et Jean, un scientifique venus y chercher des bases de médicaments…
J’avais adoré cette aventure aux accents écologiques et n’imaginait pas qu’elle allait y donner une suite. Après sa série “Neska”, la revoici donc avec un tome 2. Bonne nouvelle !
Nous retrouvons Kanopé 6 ans après la première histoire. De l’union entre elle et Jean est né un enfant (Cai) déformé par les radiations, mais parfaitement adapté à son environnement naturel. Jean n’est pas au courant de cette naissance. Il a gardé des liens avec Kanopé (par radio) et s’est servi des découvertes naturelles que lui a confié cette dernière pour développer un médicament révolutionnaire qui permet de résister aux radiations. Le revoici donc dans la forêt pour revoir la belle…
Evidemment, tout va se passer au plus mal, car c’est le moment où ??, une industrie pharmaceutique a choisi pour conquérir l’origine de la découverte médicamenteuse, la plante de ???? qui pousse dans la centrale nucléaire. Expulsant la tribu qui s’est installée, ???? fait des “prélèvements” (comprendre des rapts) dans la nature, dont Kanopé et son fils Cai en sont victimes…Allers-retours dans la centrale, actions et rebondissements s’enchaînent…
Cette fois-encore, la magie opère. La jeune auteur belge m’a immergé dans cet océan végétal. C’est vivant, dynamique, mais aussi contemplatif, car elle prend le temps de dessiner (et nous invite à regarder) la beauté de cette nature. Faune, Flore, réelle ou imaginaire, Louise a une vraie sensibilité écologique qu’elle partage merveilleusement bien.
A la protection de la nature, elle ajoute une petite morale sur l’acceptation de la différence. Oui, son fils a des jambes atrophiés, mais il s’en sort bien mieux que n’importe quel autre humain.
Le dessin ressemble à son auteur. Sobre, simple et élégant. Cela m’a rappelé celui de Fred Simon. Tout simple, mais expressif et efficace. n’oublions pas une belle maîtrise de la narration.
Alors, envie de replonger dans une “aventure verte” (pas gnangnan) ? Louise Joor est votre guide !