Résumé :
Lab Girl est une multitude. Il est le témoignage autobiographique, intime et passionné d’une femme qui s’est battue pour devenir ce qu’elle est, et parvenir à s’imposer dans un milieu dominé par les hommes. Il est une célébration du génie végétal, du sol et de la nature qui changera à jamais votre façon de voir le monde. Il est enfin le portrait sensible et émouvant d’une amitié indéfectible.
Lab Girl est le premier livre de la géobiologiste Hope Jahren. Nous la suivons depuis son enfance dans le Minnesota et ses premiers jeux dans le laboratoire de son père jusqu’à ses voyages sur le terrain, à travers les États-Unis, la Norvège et l’Irlande, accompagnée de Bill, son fidèle et brillant collègue. Les histoires qu’elle nous raconte sont une ode à la curiosité, à l’humilité et à la passion et autant de preuves que le travail et l’amour peuvent déplacer des montagnes.
Lab Girl est une incitation à devenir maître de sa vie et à découvrir qui l’on est vraiment, ainsi qu’un plaidoyer pour la protection de notre environnement. Viscérale, lumineuse et souvent drôle, Hope Jahren nous invite à l’observation. Avec les yeux, mais aussi avec les mains et le cœur.
Présentation de l’autrice :
Hope Jahren est une géochimiste et géobiologue américaine. Professeure à l’université d’Hawaï, elle est surtout connue pour son utilisation de l’analyse isotopique de forêts de l’Éocène (entre -55Ma et -35Ma). Elle est la seule femme et l’une des quatre scientifiques à avoir obtenu deux « Young Investigator Medals » en science de la terre. Lab Girl est son premier livre et il présente un mélange entre des mémoires et la vulgarisation scientifique mais surtout le portrait d’une femme qui a dû se battre pour sa passion et pour se créer une place dans un milieu d’hommes.
Les hommes sont comme les plantes : ils poussent vers la lumière.
Lab Girl :
Le livre est composé en trois parties : racines et feuilles, bois et nœuds, fleurs et fruits. Ces trois parties représentent les phases de croissance d’une plante, les trois parties d’une vie, les trois moments de vie de l’autrice. En suivant le parcours d’un arbre, on découvre le parcours d’une femme. Biologie et littérature forme ici une belle métaphore végétale. Au début tout est calme, trop calme, son environnement est simple, ses parents parlent peu, sa maison est calme. En grandissant elle développe une passion pour la science. De l’enfance à l’adolescence, elle grandit dans les labos, elle étudie les sciences. Elle grandira dans les labos pendant encore très longtemps. Puis, au fil du temps, elle crée sa place. Petit à petit.
Tout commencement est la fin d’une attente. Il nous est donné à tous une seule chance d’exister. Chacun de nous est à la fois impossible et inévitable. Chaque arbre majestueux a d’abord été une simple graine qui a su attendre son heure.
On découvre au cours de la lecture une personne captivante. Elle réussit à merveille à exprimer son amour pour la science et pour la nature. Ici, amour et passion sont partagés avec une grande sensibilité, une certaine forme de sagesse et une simplicité totale. Il est aussi intéressant de noter la franchise de ses propos : notamment la plus grande difficulté que représente la recherche de fonds par rapport aux recherches scientifiques. Aussi, son livre est rendu accessible (vocabulaire et explication de certains fonctionnements) grâce à de belles métaphores. L’univers scientifique, qui peut paraître assez plat et renfermé, est décrit de manière poétique et amicale. On se sent à la fois comme un spectateur privilégié mais aussi comme un partenaire « de galères ». On partage ses craintes, on rit de ses idées, on admire sa force, on apprécie Bill, on a de l’espoir pour ses recherches et sa quête de financement. Hope Jahren est un véritable modèle.
Pour aller plus loin :
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En un sens, ce livre m’a fait penser au livre Dans la forêt de Jean Hegland. Même si celui-ci explore plutôt les questions existentielles de la vie et fait partie du genre de la science-fiction, il retrace la vie d’une femme en tant que telle, son quotidien, la place de l’individu. C’est comme lire un journal intime mais très « intelligent scientifiquement », on se pose des questions sur la place de la femme, de la science, le souci écologique et sur la société en général. Les écrits sont poétiques, drôles, sensibles et brillants. De quoi être bien admiratif !
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, Dans la forêt, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.
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Il y a cet article du journal The Guardian qui rend encore plus admiratif envers Hope Jahren : Lab Girl: A Story of Trees, Science and Love by Hope Jahren – review
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Ses sujets d’études sont drôlement intéressants, je vous invite à aller voir sur researchgate.net afin de voir ce qu’elle fait c’est impressionnant ! (https://www.jstor.org/action/doBasicSearch?Query=hope+jahren&filter=)
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Une chronique que j’ai beaucoup aimé : celle de du blog Girl about library et sa vidéo qui va avec (la joie dans sa voix, ses mots et ses yeux quand elle parle de ce livre… c’est trop bien ^^)
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La bande-annonce du livre est aussi toute douce :
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Petit jeu de mot gentil : l’autrice porte bien son prénom
Si personne ne sait comment fabriquer une feuille, nous savons en revanche très bien comment la détruire. Au cours des dix dernières années, nous avons abattu plus de deux cent cinquante milliards d’arbres. Un tiers de la Terre était autrefois recouvert de forêts. Tous les dix ans, nous faisons disparaître un pour cent de leur surface totale, soit l’équivalent de la superficie de la France.
Mon avis :
Au début de ma lecture, j’ai eu beaucoup de mal à m’immerger. C’est peut-être dû à la sortie d’une période de non-lecture, ou alors parce que le livre est très long à démarrer. Comme une graine. Oui comme une graine. J’ai eu peur que l’action ne commence jamais. J’ai relu la couverture : oui ce livre doit forcément me plaire j’étudie la biologie (+ particulièrement végétale) et je suis aussi passionnée de lecture. Il doit me plaire. Il y a eu 30 pages d’ennui. Je ne peux pas dire que je n’aimais pas, les descriptions étaient très familières, son univers est familier. Mais tout est trop lent. Trop calme. Il devrait me plaire. Et finalement, après quelques pages, il a dû se passer un petit miracle. Il manquait juste ce petit truc qui rend les personnes plus sensibles, plus réelles, plus compréhensibles : des sentiments. Après avoir rencontré l’épicéa bleu, j’ai dévoré ce livre. Ce livre ce n’est pas que de la science ou que de la littérature. C’est l’histoire d’une vie et toute vie, qu’elle soit animale ou végétale est à la fois très aléatoire et très complexe. C’est brillant. J’ai adoré ce livre et je ne peux que le recommander !
Remerciements :
Je tiens a remercié chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Quanto pour cette lecture ! Malgré mon grand retard dans la publication de cette critique j’ai pris un immense plaisir à lire ce livre puis en parler !
Comme la plupart des gens, je me souviens d’un arbre qui a marqué mon enfance. C’était un épicéa bleu (Picea pungens) qui défiait les longs mois d’hiver de son feuillage persistant. Je revois ses aiguilles aiguisées se détacher contre la neige blanche et le ciel gris ; il était un parfait exemple du stoïcisme qui se développait en moi. L’été, je l’enlaçais, je l’escaladais et lui parlais ; j’imaginais qu’il me connaissait, et que je devenais invisible quand j’allais dessous pour observer les fourmis transporter inlassablement ses aiguilles mortes, comme des âmes damnées dans l’enfer des insectes. En grandissant, j’ai réalisé que cet arbre ne se souciait en réalité guère de moi, et on m’a appris qu’il pouvait créer sa propre nourriture à partir de l’eau et de l’air. Je savais qu’il ne percevait (au mieux) qu’un infime vibration lorsque je l’escaladais, et que les quelques branches que je lui arrachais pour mes châteaux de neige n’étaient pour lui que l’équivalent d’un seul cheveu arraché à ma tête. J’ai dormi près de lui pendant des années, à trois mètres à peine, avec la vitre de ma fenêtre pour seule séparation.
Titre : Lab Girl. Une histoire de science, d’arbres et d’amour
Autrice : Hope Jahren
Editions : Quanto
Genre : Autobiographique
Année de parution : 2019
Nombre de pages : 406
ISBN : 9-782889-152841
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