D’Ariel Holzl
Paru le 16 mars 2017
Chez Mnemos (Naos)
263 pages
17€
Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…
C’est avec ce premier tome des soeurs Carmines que je découvre la plume d’Ariel Holzl. C’est pendant le festival des Imaginales que j’ai craqué pour ce premier tome, Le Complot des corbeaux, qui annonce déjà franchement la couleur. Et pour ce roman qui m’a fait sortir de ma zone de confort en lecture, c’est un coup de coeur.
Les soeurs Carmines sont Merryvelle, Tristabelle et Dolorine. Ce premier tome est principalement centré sur Merryvelle (dite Merry). À Grisaille, où les meurtres et autres crimes sont quotidiens et plus gênants que tragiques, Merry, une monte-en-l’air (une voleuse), se retrouve empêtrée dans une situation impossible après un cambriolage qui a mal tourné.
Je me suis rarement autant amusée durant une lecture. Non pas que la situation soit drôle, mais Ariel Holzl transmet un humour noir décapant. Chaque personnage est parfaitement dosé, aucun n’a réellement les pieds sur terre… et ça en devient normal.
Tristabelle, cynique, personnage insupportable qu’on adore détester, très nuancée et qui arrive encore à nous surprendre. Son comportement est tellement différent de ce dont on a l’habitude qu’elle nous étonne toujours. Celle qu’on pourrait même qualifier de sociopathe est très difficile voire impossible à cerner. Son détachement des situations les plus dangereuses en devient hilarant.
Les carnets de Dolorine, intercalés entre les chapitres et extraits du journal intime de la petite dernière des soeurs Carmines, nous permet d’avoir le point de vue de cette petite fille qui voit beaucoup plus de choses qu’on ne le pense, sans forcément les comprendre. Le lecteur a donc toutes les cartes en main pour voir venir les catastrophes prêtes à frapper Grisaille et les soeurs Carmines… sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Ce qui est délicieusement frustrant, puisqu’on attend avec impatience le moment où les autres personnages, et en particulier les deux autres soeurs Carmines, apprendront tout ce que sait Dolorine. Ces passages, qui témoignent de la naïveté de Dolorine logique pour son âge, sont adorables et tranchent avec l’humour noir du reste du roman.
Ariel Holzl est parvenu à créer un univers incroyable, monté de toutes pièces mais qui rappelle par certains aspects notre monde à nous. J’ai été complètement transportée du début à la fin, et je suis soulagée d’avoir la suite sous la main. J’ai hâte de lire plus sur Tristabelle, que j’avais déjà trouvée exceptionnelle dans ce tome.
La narration est maîtrisée, la plume d’Ariel Holzl acérée transpire le pessimisme. Sans en devenir clichée, la narration s’en trouve enrichie, et l’auteur a réussi à imposer son propre style, totalement unique.
Le poignard en argent virevolta dans la seconde.
Schling !
« Schling » ?
Merry s’attendait à Tchac ! Un bon Tchac, ça vous terminait un duel en moins de deux. Elle aurait aussi apprécié un Arggl, à vrai dire, sa version beaucoup moins précise et beaucoup plus salissante. Peut-être même un Fiiz-bonk, s’il portait une armure sous son gilet. Mais Schling ? Sûrement pas.