PREMIÈRES LIGNES #66 : Le milliardaire défendu

PREMIÈRES LIGNES #66 : Le milliardaire défendu

Premières lignes est un rendez-vous initié par Ma lecturothèque. Le principe est simple, tous les dimanches, je vais vous citez les premières lignes d’un ouvrage.


Prologue

Cinq ans plus tôt, Cambrigde, Massachusetts.

Ivre mort, l’homme était étendu par terre dans le salon.
« Mais où je suis, là ? » grogna-t-il dans un éclair de lucidité.
Il se releva péniblement et tituba jusqu’à la salle de bains, la vessie prête à exploser. Après s’être soulagé tant bien que mal, il plissa les yeux pour tenter de se voir dans la glace qui lui renvoya une vision d’horreur : un visage mangé de barbe, les yeux gonflés, les traits décharnés.
La tête d’un tueur.
Sans quitter son reflet du regard, il rassembla ses forces et finit par envoyer un coup de poing dans le miroir qui se brisa. Il s’était coupé à la main et s’aperçu qu’il saignait.
« Enfoiré ! presta-t-il. Espèce de crétin stupide et bourré, en plus ! »
Vaguement soulagé de ne plus voir son image peu flatteuse, il tourna les talons et sortit sans prendre la peine de nettoyer les dégâts. À quoi bon ? La maison était dans un tel état qu’un peu plus ou un peu moins… il s’en fichait.
Il détestait les rares moments où il reprenait conscience. C’était insupportable. Tout ce qu’il voulait, c’était un peu de répit, ne plus penser à rien.
Colère ou culpabilité ?
Haine ou amour ?
Fureur ou remords ?
Des sentiments contradictoires se bousculaient dans sa tête, au point qu’il ne pouvait plus penser à rien, ni respirer à cause de l’angoisse. Une douleur brutale lui déchira la poitrine et lui noua les tripes quand il pensa à elle. Et à lui aussi.
« N’y pense pas. Ne pense plus. Ne pense à rien. »
Il essaya de ne pas réfléchir, ne plus raisonner, mais tant de questions se bousculaient dans sa tête. Colère ? Remords. Il ne savait plus, mais ces sentiments contradictoires étaient en train de le détruire à petit feu.
Fuir !
Les haïssait-il ? Ou lui-même ? Ou bien les deux ?
Il pencha pour la deuxième option et s’en fut en titubant dans la cuisine. Il ouvrit le bar pour en sortir une autre bouteille de whisky. Il arracha le bouchon avec les dents et but une grand lampée au goulot.

PREMIÈRES LIGNES #66 : Le milliardaire défendu