Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman

Eleanor Oliphant va très bien de Gail HoneymanEleanor Oliphant va très bien

Gail Honeyman

Traduit de l’anglais (Ecosse) par Aline Azoulay-Pacvon

Fleuve éditions

2017

429 pages

« Une question philosophique : si un arbre s’écrase à terre dans une forêt sans qu’il y ait personne pour l’entendre, fait-il du bruit en s’effondrant ? »

J’ai été saisie dès les premières pages. Une jeune femme atypique dont la vie est réglée comme du papier à musique, qui n’entretient de relations avec personne, qui vit seule, nous propose une vision du monde on ne peut plus savoureuse.

« Mais, à force d’observer les gens depuis mon banc de touche, j’avais fini par comprendre que le succès en société dépendait souvent de la capacité à faire semblant. »

Je passe sur certains clichés, et sur certains passages moins intéressants, ce que je retiens de ce roman c’est qu’il m’a clouée sur mon fauteuil pendant quelques heures avec un plaisir non dissimulé.

De l’humour bien sûr. Le décalage entre Eleanor et ses congénères étant immense, la plupart des situations et des remarques du personnage déclenchent le sourire chez le lecteur. Ses codes ne sont pas ceux des autres, elle n’a pas de filtre, et évidemment cela crée une distorsion amusante et en même temps qui donne à réfléchir sur nos propres comportements.

C’est un livre frais malgré son fond de noirceur, qui montre qu’on ne fait pas suffisamment attention à ces personnes différentes dans leur fonctionnement, que notre jugement est souvent trop hâtif, la preuve, on se plaît à les découvrir en littérature, mais qu’en serait-il dans la vraie vie ? Ne les cataloguerions-nous pas trop rapidement ?

C’est un personnage éminemment positif, qui ne se considère jamais comme une victime, qui dit avoir choisi sa solitude, qui se satisfait de ce qu’elle vit et de ce qu’elle a, qui ne se plaint jamais.

Et puis il y a Raymond ce second personnage moins atypique mais qui n’entre pas complètement dans la norme non plus et qui joue un rôle essentiel dans l’émergence de la féminité chez Eleanor, et dans son essai de résilience.

Un livre bien sympathique qui emmène son lecteur dans un voyage au cœur de l’enfer par les chemins détournés de l’humour.

Je ne vais pas mettre de lien vers d’autres blogs, la liste serait interminable, tout le monde l’a lu…