Editions Le livre de poche
Domaine public, gratuit sur liseuse
Publié anonymement en 1818 , traduit en français en 1821
Quatrième de couv’ :
Victor Frankenstein ! C’est l’inventeur, le savant maudit ! A quinze ans, il est témoin d’un violent orage foudre, traînée de feu, destruction d’un chêne… Son destin est tracé. Après des années de labeur, il apprend à maîtriser les éléments ; l’alchimie est pour lui une seconde nature. Bientôt il détient le pouvoir de conférer la vie à la matière inerte. Nuit terrible qui voit la naissance de l’horrible créature faite d’un assemblage de cadavres ! L’oeuvre de Frankenstein. Un monstre ! Repoussant, inachevé mais doté, d’une force surhumaine et conscient de sa solitude. Echappé des ténèbres, il va, dans sa détresse, semer autour de lui crimes et désolation. D’esclave qu’il aurait dû être, il devient alors le maître, harcelant son créateur. Il lui faut une compagne semblable à lui… Pour Frankenstein, l’enfer est à venir…
Mon avis :
Ce roman me faisait de l’oeil depuis des années, c’est un peu la honte de ne toujours pas l’avoir lu, l’affront est réparé :
- Le contexte historique :
Frankenstein a été écrit une nuit d’orage lors d’un séjour entre amis autour du Lac Léman à l’été 1816. Lord Byron lance le défi à ses amis d’écrire une histoire d’épouvante, son propre brouillon sera repris par Polidori qui le publiera sous le nom de Le vampire initiant par là la littérature vampirique. Mary Godwin, amante de Percy Shelley à cette époque, écrit Frankenstein catalogué dans le roman gothique, ce livre est également vu comme le précurseur de la science-fiction.
Pour en apprendre plus sur Mary Shelley, je vous recommande le podcast de France Culture
- L’intrigue :
Le jeune Victor Frankenstein étudie les vieux traités alchimiques puis les sciences et la philosophie plus modernes. A force de s’instruire il finit par trouver un moyen de donner la vie et tente une expérience, il parvient à réveiller la chair morte qu’il a façonné en être humanoïde gigantesque et perd pied face à l’horreur de la situation, il s’enfuit loin de sa création. Victor finit par reprendre le cours de sa vie mais sera finalement rattrapé par sa Créature qui de bienveillante deviendra malsaine et son pire cauchemar.
- La construction du texte et les messages :
Le récit démarre sous forme épistolaire, Robert Walton, marin de son état qui explore les glaciers du Nord, écrit à sa soeur Margaret pour la tenir au courant de ses avancées. Un jour, il découvre un homme transit de froid qu’il fait remorquer à bord de son navire et qu’il va ranimer grâce à son équipage. Suite à sa convalescence, l’homme entame son récit qui l’a amené dans ce milieu inhospitalier, Robert Walton rapporte donc le récit de Victor Frankenstein dans son journal et s’y trouve également intriqué le récit de sa Créature.
Ce qui frappe c’est la frénésie scientifique de Victor Frankenstein totalement hermétique à l’horreur qu’il est en train de commettre, c’est quand la Créature créée commence à se mouvoir qu’il atterri enfin et…s’enfuit plutôt que de tout stopper/réparer cette erreur et tout supprimer. Suite à cette frénésie, on se trouve confronté à l’égoïsme et la lâcheté du scientifique, il tombe malade et se considère comme un être pauvre, abandonné. En recouvrant la santé il apprend que son plus jeune frère été tué et que le servante est accusée du crime. Victor se rend compte que sa Créature est derrière ce meurtre mais…pense à lui et se tait laissant la malheureuse être condamnée à mort. Même avec un sursaut de volonté face au chantage de sa Créature, il pense encore et toujours à lui entrainant d’autres morts dans son sillage là où c’était franchement prévisible.
Quand est venue la partie du récit consacrée à la Créature, j’étais beaucoup plus intéressée, du moins au départ. On avait un être vierge de malice, qui commence sa vie comme un nouveau-né, qui voit flou puis nettement, viennent ensuite les sons et le désir de socialiser. Malheureusement, les gens s’arrêtent à son aspect affreux et prennent peur ou deviennent violents. Pris d’affection pour une paisible famille, il fera tout pour apprendre la langue, les aide en secret tel un bon génie et prend confiance pour tenter une approche qui se révèlera catastrophique. J’ai été mitigée par la transformation de la Créature en monstre véritable mais en même temps, vu que personne ne lui donnait sa chance, n’est-il pas plus simple de devenir ce que les autres veulent de vous ? Je suis quand même surprise que d’un être naïf on se retrouve avec un être plein de malice et se vautrant dans la violence et l’horreur. Qu’il s’en prenne à son créateur encore, c’est compréhensible, mais de là à tuer les proches pour faire souffrir l’autre, il y a une forme de sadisme dont je ne suis pas certaine qu’elle soit aussi simple à atteindre.
- Les trucs un peu (beaucoup) craignos :
Bon, il faut se remettre dans le contexte, un texte écrit au tout début du XIXème siècle ne va pas sans réflexions qui pour anodines à l’époque, grattent bien fort maintenant ^^
Le petit truc classique du mec qui pourrait te dire la même chose de nos jours, « je l’ai vu, je suis tombé amoureux », non mec tu veux juste la ken, tu ne la connais pas. A cet endroit, on nous relate la rencontre du père de Safie avec sa mère, esclave à ce moment-là (bon gros rapport de domination en plus).
On reste avec le père de Safie, musulman. Il est enfermé à la prison en attente d’exécution et Félix fait tout pour le faire évader par engagement politique. Le père promet sa fille en mariage si le jeune homme parvient à ses fins. Pendant leur fuite, Felix apprend que sa famille a été enfermée en prison pour complicité et a tout perdu de son statut de noble. On sent le bon petit relent islamophobe du musulman perfide qui ne tient pas parole contre les bons chrétiens qui payent le prix mais restent dignes dans la pauvreté huhu.
Le couple Frankenstein adopte une petite Elisabeth, très blonde et adorable, magnifique petite poupée. Elle sera la compagne de jeux du jeune Victor et les parents espèrent un mariage quand ils seront grands. Les mariages arrangés à cette époque étaient légions donc j’imagine qu’à l’époque lire ce livre n’avait rien de choquant, avec mon regard du XXIème siècle, j’avais l’impression qu’on tatait la cuisse des enfançons jusqu’à ce qu’ils soient mûrs à point, beurk.
En bref, je suis contente d’avoir lu ce classique même si je pensais que l’autrice dénonçait le monstre à visage humain vs la bonté à visage monstrueux mais pas du tout, tout le monde est détestable, j’ai été plus que mitigée dans cette lecture sur ce point, mais au moins, le fameux classique est découvert ^^
Bonne lecture !