Une fois terminé le Manuel à l’usage des femmes de ménage de Lucia Berlin, j’ai plongé dans Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse. Lucia Berlin - Vivian Maier: deux femmes fascinantes au destin d’exception.
Je me suis souvent et longtemps attardée devant les photos de Vivian Maier. Comme je l’ai fait devant celles de Diane Arbus et d’Helen Levitt. De Vivian Maier elle-même, je ne savais rien.
Un billet en mode «citations», parce que mes mots sont fades.
Insoluble secret d’une existence, terrifiante solitude d’une femme dont le geste photographique, le geste seul donna un sens à la vie, la sauva peut-être du désespoir. Inconcevable pour nous aujourd’hui, en ces temps où nos fragiles et exigeants ego quêtent sans fin l’approbation, l’admiration, le regard. Être vu, reconnu, aimé. Passions, désirs, profits, plaisirs, notre insatiable cavalcade avant le néant.Les photos de Vivian Maier : «Le presque rien qui révèle un destin.»Personne ne lui volera sa liberté. Elle a l’énergie de ceux qui n’attendent rien, qui n’ont rien reçu en héritage. De la vie, elle sait déjà tous les drames. Elle est libre, tragiquement libre. À elle d’en faire son histoire, avec de pauvres atouts. La carapace qu’elle commence à se forger est son seul rempart contre tout ce qui menace. Misère. Solitude. Égarements. La grande Amérique n’a pas de pitié pour ses pauvres. Malheur aux vaincus. C’est la chronique d’une Amérique sans gloire.Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre. Et aucune tendre nostalgie à la Doisneau, avec ses gamins rêveurs sur les bancs d’école. Nous sommes dans un réel de face, de front, sans embellissements aucun.Peut-être sommes-nous tous condamnés, dans le regard de l’autre, à être, selon le mot pirandellien, un, personne et cent mille.
Une femme en contre-jour ou destin énigmatique d’une femme d’exception.Je compte poursuivre ma découverte en visionnant le documentaire de John Maloof et Charlie Siskel, Finding Vivian Maier. Selon les avis lus ici et là, il n'est pas recommandé, sous peine de grande déception, de lire ce récit si vous avez déjà vu le documentaire. C’est dit!De Gaëlle Josse, je sais qu’elle est une auteure française reconnue et grandement appréciée. Je n’avais encore jamais lu ses mots...
Il est possible de découvrir une partie du travail de Vivian Maier
ici.Le billet en demi-teinte d
’Electra vaut le détour. Elle y soulève d’excellentes questions...Une femme en contre-jour, Gaëlle Josse, Éditions noir sur blanc, 160 pages, 2019.
★★★★★