Chronique « ICE PIG – Tome 1 »
Scénario et dessin de YUKAI ASADA
Public conseillé : Ado/ Adultes (Publics avertis)
Style : Thriller/ Torture Porn
Paru le 15 mai 2019 aux éditions DELCOURT/ TONKAM,
192 pages couleur
Prix 7,99 euros
ça commence comme ça…
Ren Tajima, dit Vespa, est un jeune homme de 22 ans passionné de musique. Malheureusement pour lui son sale caractère lui a valu de faire imploser tous les groupes de rock qu’il a cherché à monter. C’est pourquoi il calme sa frustration dans un jeu mobile musical nommé « Jolie Pirock ». Cependant, ce passe-temps lui coûte cher. C’est pourquoi lorsqu’un inconnu lui propose une grosse somme d’argent pour être son chauffeur le temps d’une course, notre héros n’hésite pas une seconde à accepter l’offre même si celle-ci lui semble un peu suspecte…
Ce que j’en pense
Si au premier coup d’œil « Ice pig » est un hommage appuyé aux torture porn telle que la saga « hostel » en y regardant de plus près, ce manga est bien plus que ça.
Le mangaka, Yukai Asada se sert d’une sordide histoire de trafic d’êtres humains pour aborder des sujets beaucoup plus profonds. En effet, chaque personnage à un passé qui l’a profondément façonné. Vespa, par exemple, a vécu une scène traumatisante étant enfant ce qui explique en grande partie son côté « chevalier blanc ». Pareil pour Ice pig dont l’enfance a été volée par l’entreprise Farm.
Cependant, là où le mangaka frappe fort, selon moi, c’est dans sa manière de nous démontrer comment un être humain peut être brisé corps et âme par un autre. L’organisation Farm emploie des méthodes de manipulations mentales, certes poussée à l’extrême, mais qui malheureusement sont parfois employées, dans de moindres mesures, par certaines entreprises.
À tout cela viennent s’ajouter des personnages charismatiques (le clown est même assez flippant) et quelques éléments intrigants apportent le piquant nécessaire à nous donner envie de connaître la suite. Le cliffhanger de fin est d’ailleurs l’un des plus frustrants qu’il m’a été donné de lire.
Pour finir, Yukai Asada, a fait le pari surprenant de ne pas mettre trop de scènes violentes au profit de quelque chose de plus suggéré. Le message du mangaka pourra ainsi être entendu par un plus large public et donc être plus pertinent encore (même si en contrepartie certains lecteurs seront peut-être un peu déçus).
« Ice pig » fait donc partie de ces séries qui vont faire changer le regard des détracteurs des mangas. Non, cette branche du neuvième art n’est pas faite que de ninjas, de collégiennes à moitié nues et d’explosions en veux-tu en voilà ! C’est aussi des titres intelligents qui sont le reflet d’un pays en pleine crise identitaire.