LECTURE DÉTENTE
► Titre : Le Soleil de l'Home
Auteur : Hilda Alonso
Sorti le 29 juillet 2017
Lu en juin
Auto-édition
Genre : nouvelle / science-fiction
► 4eme de couverture :
Le Soleil de l’Homme, entre mythologie et science-fiction, est un huis-clos oppressant, désenchanté, sur le quotidien d’une famille face à un monde qui change.
"Le sens-tu battre, mon cœur à rebours ? Le sens-tu grossir avec acharnement ? Bientôt, lorsqu'il explosera, ce sera la fin du monde. La fin de ton monde."
J’ai gagné ce livre lors d’un concours, j’ai découvert la plume de cette auteure lors de la lecture du recueil Il était une plume… et je suis ravie de la découvrir un peu plus avec cette nouvelle.
Je suis une chanceuse. Ce livre n’est disponible qu’en édition limitée, et je l’ai en version dédicacée. Si ce n’est pas magnifique ! Seulement 50 exemplaires sont disponibles, 50 exemplaires de cette nouvelle envoûtante qui nous confronte à la réalité de notre monde. En l’espace de quelques pages, Hilda Alonso parvient à créer une ambiance unique et à soulever des problématiques actuelles et passionnantes.
D’instinct, je l’ai lu et même relu (avec plaisir) à haute voix ; j’ai laissé glisser les mots, résonner les sonorités, j’ai pris le temps de les savourer. Ce petit livre peut se lire comme une pièce de théâtre, une nouvelle où l’oral joue un rôle majeur : l’oralité des dialogues, le son de la télévision, les silences qui pèsent… Tout est important, rien n’est laissé au hasard, rythmant aussi bien la lecture que la vie des personnages, traduisant la routine infernale qui s’installe et dont on peine à s’extraire. Une cadence endiablée pour une vie que l’on ne maîtrise plus, pour une lecture toujours plus effrénée et passionnée.
Le Soleil de l’Homme, un titre qui intrigue autant qu’il interpelle pour un récit à la frontière de plusieurs genres. L’auteur nous propose un surprenant mélange, somme toute très réussi, associant non seulement théâtre et nouvelle mais aussi mythologie et modernité. De la légende de Quetazlcoat à la place sans cesse grandissante de la télévision dans nos vies, ce récit brasse large et fait cohabiter plusieurs réalités.
Cette histoire aborde la question de la famille, de la routine, de l’écoute que nous avons les uns envers les autres. L’amour et le divorce, deux faces que l’on oppose à tort ou à raison, deux parties d’un tout qui s’effrite et se dissolve avec le temps. On pourrait voir, à travers la famille dont on nous brosse le portrait, une critique de certains aspects de la société, de cet homme qui se croit indispensable, de la technologie qui grignote nos libertés sans qu’on s’en rende compte. On ne réalise pas lorsque les choses vont mal, lorsque le point de rupture est atteint. Ce n’est pas une histoire heureuse, c’est un zoom sur un pan de la vie, sur une fresque qui se déchire, une illusion qui se brise, un château de cartes qui s’écroule.
Ce que j’ai aimé cette plume incisive, ce style direct et poétique, ces images qui se dégagent des mots et cette sonorité qui s’échappe des pages. J’ai ressenti comme le besoin de relire cette histoire pour vous en parler, pour en extraire toute la saveur et peut-être même, mieux cerner certains éléments, le sens de certains détails du quotidien. Au fil des pages, la femme s’affirme, prend conscience qu’elle n’a pas besoin de l’homme pour vivre, qu’elle possède des plumes et des ailes et peut s’en servir, s’envoler vers de nouveaux horizons...
L’ambiance installée par l’auteur est unique, palpable. C’est celle d’une monotonie qui s’installe, uniquement rythmée par la télévision qui crache sans discontinuer son flot de nouveautés, reportages et autres actualités. C’est celle de la routine que l’on ne parvient pas à briser et dans laquelle on s’enlise. C’est une ambiance faite de tensions, de reproches, d’envies et d’incompréhensions. C’est un miroir dans lequel on regarde pour la dernière fois son reflet. On pourrait déceler plusieurs niveaux de lecture dans ce texte ; une lecture linéaire mais aussi une plus métaphorique, une qui nous rappelle à ce que nous sommes vraiment. De quelle fin du monde parle-t-on ? De la tienne ? De la mienne ? De la nôtre ? Libre à vous de l’interpréter comme vous le souhaitez, aucune réponse ne sera meilleure qu’une autre.
Finalement, que donne ce mélange de modernité et de mythologie ? Quetzalcoatl, qui symbolise aussi bien la destruction que la fertilité, la renaissance dans les cendres tel le Phoenix que nous connaissons tous. La vie n’est-elle qu’un perpétuel recommencement ? Qu’une litanie entêtante qui ne s’épuise donc jamais ? Tout est-il voué à se désagréger afin de laisser la place à quelque chose de nouveau ? Afin de guider votre réflexion et d’effectuer des pauses, le temps de quelques instants, des illustrations sont disséminées çà et là, nous questionnant, nous interrogeant sur la direction que prend le récit…
C’est une histoire sensible, poétique et percutante que nous propose Hilda Alonso. Une prose que j’adore, rythmée par des constructions anaphoriques et des images fortes qui interpellent le lecteur. On se laisse prend au jeu de l’auteur, plongeon à corps perdu dans cette pièce, au cœur de cette famille qui se déchire. Le divorce et la prise de conscience, le choc et le refus… C’est un sujet délicat, extrêmement bien traité ici, sans jugement ni faux-semblant. Tout sonne juste, animé d’une incroyable énergie qui donne vie à chaque scène.
En définitive, Le Soleil de l’Homme c’est une histoire courte et envoûtante. Hilda Alonso possède une plume incroyable, riche et incisive, percutante et rythmée. J’ai été charmé, une première fois à la lecture, une seconde fois à la relecture. C’est un récit de vie dans lequel la télévision et les nouvelles technologies occupent une place toujours grandissante, substituts de vie… Un mélange des genres, un zoom avant sur l’instant où tout se brise, où la toile se déchire… Un focus sur une famille, le temps de comprendre le drame qui se joue. Une très belle découverte !
► 3 raisons de lire Le Soleil de l'Homme :
- Une nouvelle envoûtante
- Une plume délicate, poétique et incisive
- Un harmonie mélange des genres
Vous pouvez le retrouver en édition limitéesur le site de l'auteur.