Les Classiques de Priscilla – Le Blé en herbe de Colette

Encore une auteure découverte grâce au Reading Classics Challenge de Lilly & Books ! C'est toujours un plaisir pour moi de découvrir des œuvres de notre patrimoine que mes études ne m'avaient pas permis de découvrir.

Les Classiques de Priscilla – Le Blé en herbe de Colette

Ce texte est très court et pourtant, j'ai trouvé qu'il traînait en longueur. Si j'ai aimé cette peinture assez réaliste des émois adolescents, j'ai trouvé le personnage de Phil assez peu attachant de par son manque de maturité et de volonté. Finalement, le chapitre que j'ai préféré, c'est l'avant-dernier, quand enfin les deux héros s'expliquent et s'expriment, de toutes les manières dont ils le peuvent.

Les Classiques de Priscilla – Le Blé en herbe de ColetteLe topo est rapide : Phil et Vinca sont deux enfants de deux couples d'amis très proches et de ce fait, avec un an d'écart entre eux, ils ont grandi ensemble, ils se connaissent, s'aiment comme des frère et sœur, jusqu'à l'été de leurs quinze et seize ans. A ce moment où les hormones entrent dans la danse, les deux jeunes gens se découvrent un amour différent l'un pour l'autre mais n'osent pas encore changer la nature de leur relation si spéciale. Convaincus qu'ils s'appartiennent de toute éternité, ils vont se faire du mal. Phil ne comprend pas tout de suite qu'il est amoureux et préfère se contenter de découvrir l'amour physique avec une femme plus âgée, pensant pouvoir le cacher à Vinca, mais devenue une femme jalouse, elle découvre tout très rapidement et lui reproche de ne pas avoir fait d'elle la première. Je ne raconterai pas la fin, qui n'est pas vraiment une fin, ou alors justement celle de l'enfance, une fin qui ouvre finalement sur la vie d'adulte avec ses espoirs et ses désillusions.

Vinca est un personnage très fort mais qui ne porte pas assez le roman selon moi. Le lecteur suit beaucoup plus Phil, dont il lit les pensées, des pensées troubles qui miment l'égarement d'un jeune qui a du mal à quitter l'enfance et qui voudrait pourtant être un homme. Vinca est plus sincère, plus entière bien qu'elle non plus ne soit pas sûre d'elle. Quant à la dame, Elle, Mme Dalleray, elle reste très énigmatique. Comme elle ne se confie pas à Phil, nous ne la connaissons pas non plus. Elle se laisse deviner comme un personnage riche, un de ces femmes qui sent que jeunesse se passe et qui s'accroche à un adolescent sans espérance mais pleine d'espoir, n'attendant rien mais observant tout.

Je comprends parfaitement qu'à la date de sa parution, le texte ait pu paraître choquant et scandaleux. L'éveil à la sexualité, la découverte craintive de l'amour par deux adolescents étaient des sujets tabous à l'époque. Mais justement, peut-être le tabou était-il si fort qu'il fallait absolument semer le trouble dans l'écriture, mettre de l'implicite partout. Mais dans le même genre, j'ai été beaucoup plus sensible au roman Le Diable au corps de Raymond Radiguet.

Le style enfin... Que dire ? Evidemment, c'est bien écrit, mais cette écriture n'a, pour moi, qu'un charme un peu désuet. Je n'ai pas été transportée par le style de Colette (j'ai le droit de dire ça ?).

En bref, un roman court, pas désagréable mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable et qui ne me donne pas envie de me ruer sur tous les autres récits de Colette, n'en déplaise aux puristes. Et vous, l'avez-vous lu, qu'en avez-vous pensé ? Ca m'intéresse...

Une petite citation que j'ai trouvée très jolie : " Nous finissons ici, cette année, pensait sombrement Philippe, en regardant la mer. Vinca et moi, un être juste assez double pour être deux fois plus heureux qu'un seul, un être qui fut Phil-et-Vinca va mourir ici, cette année. Est-ce que cela n'est pas terrible ? Est-ce que je ne puis pas l'empêcher ? Et je reste là... Et ce soir, après dix heures, peut-être que je m'en irai encore une fois, la dernière fois des vacances, chez Mme Dalleray... "