La séquestration de Nicolas Cano

La séquestration de Nicolas CanoLa séquestration

Nicolas Cano

Grasset

2019

124 pages

Ce roman, je l’ai remarqué sur le blog d’Autist Reading. J’avais envie de le découvrir pour le sujet traité et pour le côté « roman dont on ne parle pas assez».

Le sujet tient en peu de mots : un homme se retrouve un jour enfermé dans une pièce blanche, sans aucune ouverture, et il ne sait pas pourquoi.

« C’est un espace à dominante de blanc, sans porte ni fenêtre, pas plus large qu’un couloir et à peine plus long qu’un lit. Une grille d’aération pratiquée dans le plafond le ventile d’une manière efficace. La température que j’estime autour de vingt degrés me paraît constante et agréable à la peau. »

Flippant, non ? Imaginez-vous dans une pièce totalement hermétique, exiguë, et sans aucun lien avec le monde extérieur.

Et bien, moi qui suis extrêmement claustrophobe, je n’ai pas ressenti d’effet secondaire, nulle palpitation, aucune sensation d’étouffement, et ceci grâce à la narration qui permet au lecteur de sortir de cette pièce au gré des souvenirs du personnage. Alors, oui, c’est inquiétant, très inquiétant même, parce que, d’après ce que l’on comprend, cela pourrait arriver très bientôt, cette chasse aux opinions différentes.

Le voile se lève très progressivement, aussi bien sur les travers du personnage que sur ceux de la société. C’est habilement mené. Ce roman nous alerte et en même temps nous livre le portrait d’un homme qui n’a rien d’un saint, et ça, j’ai aimé. C’est dit mais pas de manière appuyée. On a affaire à un homme pour le moins ambigu, avec ses vices et ses vertus et les personnages qui gravitent autour de lui ont une part de mystère assez intéressante. On comprend à demi-mots que la société est totalitaire. Et j’ai adoré  l’intrusion d’un personnage d’un roman de Philippe Claudel, quelle chouette idée originale.

La fin est juste. J’ai vraiment passé un bon moment avec ce roman français totalement éloigné de l’autofiction. Une belle écriture, une construction efficace qui commence par un avertissement en guise de hors d’œuvre, et que l’on relit en digestif pour mieux comprendre le procédé littéraire.