Premier roman dévoré durant ma pause estivale, La Vraie Vie d'Adeline Dieudonné avait fait couler tellement d'encre qu'il m'avait intriguée, beaucoup ! Je ne peux que comprendre l'enthousiasme généré par ce texte. Comme d'habitude, je dois faire en sorte de vous faire part de mes émotions sans trop en dire de l'histoire. C'est difficile.
La narratrice est une enfant, prisonnière d'un monde d'adultes, d'un monde de brutes. Ce monde est d'abord celui de ses parents, une mère transparente et fragile, un père alcoolique et violent, un petit frère vif et gai. Elle arrive à se plaire dans cet univers qu'elle construit avec son cadet, loin des préoccupations des adultes : ils se cachent dans des voitures à la casse, dorment ensemble, inventent des histoires, jusqu'au jour où leur enfance est anéantie par un accident, l'entrée en force de la mort, celle du marchand de glaces devant leurs yeux. La violence est inouïe, personne ne leur explique rien et le choc est tel que Gilles en perd son innocence.
Un combat commence alors : il est inenvisageable pour sa grande sœur de continuer à vivre dans ce monde toxique sans le sourire de Gilles.
Ce qui m'a beaucoup touchée à la lecture de ce texte, c'est que j'ai eu l'impression d'assister à une lutte de la pureté contre l'horreur, de l'innocence contre la perversion, de l'amour contre la haine. Tout se fait, comme dans toute lutte, avec une extrême violence, à la fois physique et psychologique contre cette narratrice dont on oublie parfois le jeune âge, tellement on la force à grandir vite. Le passage de l'enfance à l'adolescence est brutal et laisse des séquelles dont on sait qu'elles auront de lourdes conséquences.
La place de la science est très intéressante, elle est d'abord un rêve enfantin presque magique, puis devient une passion salvatrice, un canaliseur pour cette jeune fille constamment en effervescence, qui cherche toujours dans la prunelle de son frère l'étincelle de l'innocence que son père s'efforce d'éteindre. Se battre contre ce qui n'a pas de nom, se battre contre la cri de la hyène, telle est la raison de vivre de cette jeune fille que j'ai, pour ma part, suivie avec passion, sans pouvoir la lâcher.
La Vraie Vie est un roman fort sur la fraternité, sur la fin de l'enfance, sur l'amour, la haine, la colère, les pulsions de vie et de mort. Un roman marquant donc, que je vous invite chaleureusement à découvrir.
" Les têtards, vous savez, il y a des gens qu'il ne faut pas approcher. Vous apprendrez ça. Il y a des gens qui vont vous assombrir le ciel, qui vont vous voler la joie, qui vont s'asseoir sur vos épaules pour vous empêcher de voler. Ceux-là, vous les laissez loin de vous. "Et vous, l'avez-vous lu ? Qu'avez-vous pensé de ce roman qui, indubitablement, a connu son petit succès...mérité selon moi !
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)