Juste avant de partir en vacances, j'ai terminé Ca raconte Sarah, et il faut que je vous raconte ! Il fait partie de ces romans que l'on a beaucoup vus sur la toile à la fin de l'année dernière (oui, c'est un cadeau de Noël) et je sais maintenant pourquoi.
Sarah, c'est la vie, c'est la folie, c'est l'urgence. Cette prodigieuse vitesse, on la sent même dans le style. L'écriture de Pauline Delabroy-Allard est haletante, on a du mal à reprendre son souffle, surtout dans la première partie du roman. Cette urgence, elle casse les codes de l'écriture : ça va vite, ça ne suit pas de chronologie définie, ça bouillonne, ça explose même pour décrire le bonheur, ça raconte Sarah. Comme tout ce qui explose, au début, c'est grisant. La narratrice répète souvent que Sarah, " elle est vivante " et pour nous lecteurs, c'est la même chose. Au début, heureusement que Sarah est là pour allumer la petite étincelle, mais très vite, comme la narratrice, on sent l'odeur de soufre, annonciatrice sûrement de " souffre ". Une étincelle, une explosion, par définition, ça ne peut pas durer.
Que reste-il après ? Des cendres. C'est ainsi que l'on retrouve la narratrice dans le seconde partie du roman, en cendres... Par la nature même de la focalisation interne, on ne sait pas non plus ce qui s'est passé lors de cette dernière soirée. Sarah est-elle morte ou non ? Peu importe finalement. L'étincelle s'est éteinte et le travail de la narratrice est de survivre dans les cendres. L'Italie, la folie, la table rase, elle tente tout, mais rien n'y fait, elle cherche désespérément à retrouver cette explosion achevée.
Ce roman est donc bien le roman de la passion. Elle est définie à plusieurs reprises, réactivant du même coup le sens étymologique qui renvoie à l'idée de " souffrir, subir ". Comment vivre sans la Passion quand on l'a connue, quand elle nous a embrasé ? On ne vit plus vraiment, à vrai dire, on survit, et c'est assez pathétique.
L'Amour est bien au centre de ce récit, mais pas dans ce qu'il a de plus constructif et apaisant. C'est un Amour destructeur. La narratrice ne se connaissait pas elle-même avant Sarah et elle doit apprendre à se découvrir, pas seulement sans Sarah, mais après Sarah. Même absente, elle est au cœur de la quête de l'héroïne. Cette femme qui est maman et enseignante perd tous ses repères après le tsunami S, elle ne sait plus ce qu'elle veut, ce qu'elle aime, ce qu'elle est, ce qu'elle va devenir.
Comme je vous le disais, je comprends maintenant pourquoi ce roman a fait couler tellement d'encre. Il laisse une trace marquante, un goût d'inachevé, des questions sans réponses, mais en tout cas, c'est certain, il ne laisse pas de marbre. Et vous, chers lecteurs, l'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)